RÉSUMÉ VIDÉO. Champions Cup - Le RCT renverse le Leinster et s'accroche dans la poule de la mortDominateur en début de rencontre, le Leinster s'est fait manger par la suite, le pack varois prenant petit à petit la mesure de son adversaire. La raison ? Cullen le dit très justement : le RCT était supérieur physiquement. Notons également que le banc du triple champion d'Europe s'est montré décisif, à l'image d'une 1ère ligne entièrement renouvelée. Dix minutes après son entrée en jeu, le trio Chiocci-Etrillard-Chilachava s'est d'ailleurs mis en évidence en obtenant un essai de pénalité après une succession de mêlée. Seulement, sur ce point, Cullen n'est pas d'accord : « Il me semble que leur pilier droit est en travers. D’ailleurs on nous accorde une pénalité sur une situation similaire plus tard dans la partie. »
Nicolas Crubilé ancien talonneur, et entraîneur dans la structure Ovalie Performance (que nous présenterons bientôt dans un autre article), analyse ces deux mêlées :
Le duel n'est pas déséquilibré puisque nous sommes face à deux piliers expérimentés. Les dos sont parfaitement alignés, les appuis bien vissés au sol.
57'01 - On voit que le talonneur remplaçant Sean Cronin change ses appuis.
57'02 - C'est au tour du pilier gauche du Leinster Cian Healy de changer les siens pour enclencher la poussée. Cependant, il est pris par la pression constante des Toulonnais. Ses épaules passent sous son bassin. Pris pris entre son vis-à-vis et sa deuxième ligne, il ne peut pas se reprendre.
À aucun moment Levan Chilichava ne ferme son bras (= ne rabat pas son coude pour emmener le gaucher en bas). Sa liaison est courte mais il ne me semble pas que ce soit lui qui mette la pression sur le gaucher. Le coach du Leinster peut l'analyser comme ceci, mais je ne suis pas d'accord. Quant à la liaison d'Healy, parfois on fait ce qu'on veut mais souvent on fait ce qu'on peut. Les équipementiers ont un gros travail à faire pour faciliter les liaisons.
Sur la deuxième mêlée, les dos sont également bien placés. La liaison est courte sur l'épaule...mais l'arbitre peut difficilement le pénaliser pour cela étant donné qu'il a laissé faire sur la première mêlée. #Cohérence
On peut voir que la première prise d'appui de Chilachava se fait vers l'intérieur. Il met une grosse pression avec le pied droit (appui fort) et oriente ses épaules vers le talonneur du Leinster. On est à la limite de la règle. Si on prend les mêlées de la Coupe du Monde, il y en a seulement 5 % comme celle-ci où les poussées en travers ont été durement sanctionnées dès le début de la compétition.
Cian Healy est obligé de le reprendre en travers. Je pense que le gaucher toulonnais a orienté sa poussée vers la touche. Ce ne sont pas des stratégies annoncées. Quand les joueurs sentent les pressions et en fonction de l'ouverture, le pilier peut s'engouffrer. Ici, Chilachava a senti que ça s'ouvrait, il s'y est engouffré. Le talonneur et le pilier irlandais doivent fermer pour éviter ça. C'est toléré en Coupe d'Europe ou en Top 14, mais on a vu que cela avait été rapidement sifflé à la Coupe du monde.
Quant à la sanction, à ce niveau elle n'est ni sévère ni généreuse. Elle récompense un temps fort. On peut lui reprocher de ne pas être passé par le carton jaune mais c'est mieux d'accorder un essai de pénalité plutôt qu'endormir les spectateurs avec 4/5 mêlées. Le coach du Leinster pourrait cependant se plaindre du fait que la liaison courte de Chilachava ne permet pas au duel d'être équilibré.
Merci à Nicolas pour cette analyse.