Celui qui a remporté le titre de champion de France avec le Stade Français en 2007 avait également conduit le MHR en finale du Top 14 2011, la seule à ce jour du club (perdue face au Stade Toulousain). Et, faut-il le rappeler, avec une équipe bien moins compétitive que le Montpellier d’aujourd’hui (et composée à l’époque de bien plus de Frenchies…). N’oublions pas de mettre à son crédit une finale de H Cup en 2005 avec le Stade Français et un quart de finale dans la même compétition avec le MHR.
Un manager décrié…
Si l’ancien demi de mêlée aux 64 sélections est un technicien très apprécié sur le marché, il n’en reste pas moins que sa gestion « relationnelle » avec ses joueurs a souvent été critiquée. Citons l’exemple de Raphaël Poulain : « T’es vraiment énorme dans la déconne, mais je ne pense pas que tu aies le niveau pour jouer en Top 14 » dixit Galthié. Dur. Ou encore plus récemment celui de Geoffrey Doumayrou. La rencontre entre les deux hommes lors d’une fin de match avait été particulièrement…croustillante : « Tu dis ce que tu veux (…) Essaie d’avoir une carrière comme moi », avait-il lancé à Doumayrou alors que ce dernier avait déclaré dans la presse lui en vouloir et ne pas être humain avec ses joueurs. Ambiance.
VIDEO. Fabien Galthié à Geoffrey Doumayrou : « Tu dis ce que tu veux mais essaie d'avoir une carrière comme moi »
…mais désiré
Ce n'est un secret pour personne, Mourad Boudjellal lorgnait sur Galthié depuis maintenant un bon bout de temps. Et il y a fort à parier que si ses affaires judiciaires avaient été réglées avant, nous n’aurions jamais vu débouler Dominguez et consorts sur le banc du RCT. Non, ce qui questionne plus exactement, c’est de savoir s’il est capable de tenir un vestiaire comme celui de Toulon, principalement composé de stars planétaires.
Encore une fois, on ne peut remettre en cause ses qualités d’entraineur. De plus il sait, à l’instar d’un Guy Novès, bien s’entourer avec un staff qu’il connaît par cœur. Le sélectionneur du XV de France disait d’ailleurs à ce sujet que c’était l’une de ses principales qualités. Si Boudjellal le désirait autant, c’est bien pour cette raison, et parce qu’il voit en lui le successeur de Bernard Laporte.
Mais on peut légitimement (ou pas) penser que la manière de gérer un groupe est différente entre les deux, Galthié étant a priori plus axé sur le plan purement sportif. S’il n’est bien entendu pas là pour satisfaire les envies de chacun (et heureusement), il va devoir tout de même se confronter à ce genre de problème tout au long de la saison. A l’image de Laurent Blanc au PSG qui ne faisait jamais sortir Zlatan, Galthié sera-t-il capable de se passer d’un Ma’a Nonu si celui-ci est en méforme ? On peut émettre quelques doutes là-dessus. A titre de comparaison, à l’époque il était bien plus « simple » de sortir un Doumayrou au profit d’un Fernandez. Cela ne choquait personne. Aujourd’hui, et après presque 3 ans sans coacher, la donne est différente. A lui de donner la confiance et le respect nécessaire à ses joueurs afin d’éviter tout problème d’ego qui pourrait affecter le vestiaire. L’envie, pas de doute, il saura leur insuffler.
Doit-on s’attendre à une révolution dans le jeu du RCT version Galthié ?
De plus, ce que veulent les supporters du RCT, c’est de voir la patte Fabien Galthié dans le jeu toulonnais. Au niveau des résultats, rien n’est pour le moment catastrophique. C’est surtout l’apathique jeu de Toulon, fait de percussions frontales monstrueuses, qui dérange. Si Galthié est apprécié, c'est parce qu'il a su dans le passé apporter une véritable identité de jeu à chacune des équipes qu’il a coachées. On pouvait prendre bien plus de plaisir à regarder le MHR jouer à son époque que sous les ordres de Jake White. Il aime le jeu léché, rapide et propre. Tout ce qui manque cruellement à Toulon en ce moment. Son style fait d’ailleurs penser à celui de la doublette Collazo-Garbajosa à la Rochelle.
Il pourra redorer le blason de Toulon s’il arrive à amener son vestiaire avec lui et à ne pas penser qu’aux résultats. La réputation de Galthié est aussi celle d’un homme personnel, qualifié même « d’opportuniste » par Philippe Saint-André. Même le récent regretté Louis Nicollin - ancien président du Montpellier Hérault Sport Club - s’en était pris au manager français : « Ce gars-là, c’est la loi de l’entonnoir. Tout pour lui, rien pour les autres ». On se souvient d'ailleurs qu'il avait préféré répondre à l’invitation de Serge Kampf alors que son équipe jouait. Ce qui avait été mal vu de la part de certains observateurs. On entend assez souvent que le rugby est une histoire d’hommes, et à juste titre. N’oublions pas non plus qu’il aura aussi sûrement dans un coin de la tête le poste de sélectionneur du XV de France. Annoncé comme un des successeurs de PSA, sa position (légitime) avait alors été fragilisée par ses déboires avec Mohed Altrad. A lui de déjouer tous les préjugés négatifs à son égard, surtout dans ce club aussi médiatique qu’est Toulon.
