Pour préparer au mieux l'événement, les Lions de la Teranga se sont réunis à la mi-mai pour un stage en Gironde. Dans leurs rangs, des visages pas tout à fait inconnus comme celui de Yogane Corréa, le deuxième-ligne du SC Albi mais aussi celui de Momo Diarra, ailier de Montauban et frère d'Ibrahim, international français du CO. Un autre «frère de» défend les couleurs sénégalaises : Jérémie Fickou, pilier de La Seyne-sur-mer et grand frère de Gaël. L'équipe est principalement composée de joueurs évoluant en Fédérale, comme le capitaine, Steeve Stargos (Saint-Jean d'Angély, F1). Si aujourd'hui le rugby sénégalais est en pleine évolution, ce n'est qu'au prix d'un énorme travail de la Fédération. En 2004, elle entre à la Confédération Africaine de Rugby puis à l'IRB. A l'époque, il n'existait que 4 clubs. Aujourd'hui, le pays en compte 12, avec des sections féminines et juniors.
Le développement du rugby sénégalais passe par la formation. Depuis trois ans, la politique de la Fédération est double. D'abord augmenter le nombre de compétitions, ce qui permettrait de former plus d'éducateurs et d'arbitres. Ensuite créer des écoles de rugby pour faire progresser les joueurs le plus tôt possible. Vingt-cinq à trente écoles ont fleuri dans le pays et la Fédération commence à récolter les fruits de son engagement. Aujourd'hui, 650 seniors masculins, plus 150 féminines de +16 ans et 2500 enfants sont licenciés. La lutte traditionnelle est le sport n°1 du pays : les nouveaux venus ne sont donc pas dépaysés quand on leur parle de contact ou de jeu au sol. Toutes ces avancées ne doivent pas cacher les difficultés rencontrées. La principale est le manque d'infrastructure. L'absence de public empêche l'arrivée de sponsors : le rugby ne survit que grâce à quelques mécènes. Pourtant, il joue un vrai rôle social auprès des jeunes sénégalais, au travers des Maisons du rugby. Anthony Granja, qui a pour mission depuis trois ans de développer le rugby au Sénégal, nous en explique le principe :
On a crée ces maisons du rugby sous l'impulsion du président de la fédération. Ce sont des lieux ouverts 7j/7. Le but est de sortir les jeunes de la rue, en faire des hommes et des femmes. On leur donne des cours de civisme, d'informatique, d'anglais, de secourisme... On trouve des formations professionnelles à ceux qui ont déjà 15 ou 16 ans. Le succès est tel qu'on va pouvoir créer des antennes dans les quartiers défavorisés.
Les enfants de la maison du rugby de Yoff, à Dakar, ont reconstitué à leur manière le coup de pied de Jonny Wilkinson qui avait offert la coupe Webb Ellis à l'Angleterre. «That Kick» est devenu «The African Kick».