Challenge Cup. Après son 'attentat' contre Niniashvili, Underhill suspendu plusieurs semainesAprès un choc tête contre tête d'une rare intensité, lors du plaquage de Sam Underhill sur Davit Niniashvili durant la finale de Challenge Cup, seulement sanctionné d'un carton jaune, on se dit que World Rugby ne mêle pas les paroles aux actes lorsqu'elle prône à tout va la protection des joueurs. Car tout y est : la vitesse, le choc tête contre tête, le haut degré de dangerosité.
La décision de la commission de discipline sur Underhill démontre bien que le cas n'est pas simple. Il y a bien un changement de direction de Niniashvili mais pour la commission de discipline, il n'est pas assez soudain. Le plaqueur a le temps de bien se positionner. Il y aura toujours une dose d'interprétation (degré de danger, réelle circonstance atténuante…). On ne pourra pas enlever le côté interprétation... mais le carton rouge de 20 min pourrait faciliter inconsciemment les arbitres à le sortir sur des situations ambiguës.
Néanmoins, le changement de trajectoire de Niniashvili constitue une circonstance atténuante, transformant le carton rouge en carton jaune. Mme Hollie Davidson, arbitre de la rencontre, et le corps arbitral ne sont pas forcément en tort, ils ne font que respecter le règlement de World Rugby. Alors même si Underhill a été suspendu pour plusieurs matchs lors d'une commission de discipline, ce ne sont pas des sanctions à postériori dont le rugby a besoin, mais des actes en direct, devant les caméras du monde entier.
L’arbitrage de Hollie Davidson est excellent sur ce début de match mais ça, c’est red card all day.
Très mauvaise décision 🟥 pic.twitter.com/MlNCHWQn5X— Grec Ahki (@eKoloKante) May 23, 2025
Et la situation est à peu près similaire le lendemain en finale de Champions Cup entre Bordeaux et Northampton. À la 29e minute, lorsque Diaby éteint Mayanavanua sur un plaquage épaule contre tête, il prend un carton jaune. Une sanction qui peut sembler légère, mais le troisième-ligne dispose d'une circonstance atténuante : il est considéré comme passif sur l'action. C'est-à-dire qu'il absorbe le plaquage au lieu d'impacter, ce qui est contestable. Situation semblable 15 minutes plus tard lorsque Moefana, lancé avec la balle, est touché à la tête par le crâne de Prowse. Là encore, circonstance atténuante : l'Anglais de Northampton est considéré comme passif.
Que disent les règles de World Rugby ?
Dans le cadre d'un contact à la tête, les règles de World Rugby stipulent qu'il faut d'abord regarder s'il s'agit d'un acte de jeu déloyal, ensuite analyser le degré de dangerosité. S'il est faible, cela découle sur une pénalité, moyen sur un carton jaune, et élevé sur un carton rouge. Les critères pour un faible ou moyen degré de dangerosité sont un contact indirect à la tête, une faible force et une vitesse lente. Pour une dangerosité élevée, les critères sont : contact direct, absence de contrôle, vitesse élevée.
Viennent ensuite les facteurs d'atténuation. Ils concernent : un changement soudain de la hauteur du porteur de balle ou de sa direction, l'effort du plaqueur pour entourer mais manque de temps pour ajuster la position et la passivité du plaqueur. Ce dernier sitpule que son corps absorbe le choc sans qu'il ait de mouvement vers le porteur de balle. S'ils sont présents, un carton jaune devient pénalité, et un rouge devient jaune. 
Protocole en cas de choc à la tête. © Crédit photo : World Rugby
Les règles sont-elles trop permissives ? Comment changer ?
Des plaquages hauts, et dangereux surtout, comme on a vu ce week-end, n'être sanctionnés que de cartons jaunes, laissent à réfléchir. À chaque fois, des circonstances atténuantes rentrent dans la balance. Ces critères atténuants, justement, pourraient être un point à réformer. Si les supprimer complètement peut paraître sévère, les rendre encore plus stricts semble être une solution.
C'est-à-dire qu'un plaqueur ne faisant pas, et pas assez, l'effort de se baisser pourrait être sévèrement sanctionné, à l'image de Diaby, Prowse et Underhill ce week-end. On pourrait être encore plus exigeant sur la passivité du plaqueur, même supprimer ce critère s'il y a de la vitesse chez le porteur de balle. De fait, qu'importe si le plaqueur est arrêté, le choc à la tête avec un porteur de balle lancé sur 5 ou 30 mètres reste extrêmement dangereux.
World Rugby souhaite de plus en plus protéger les joueurs, mais à voir ce qu'il s'est passé lors des finales européennes, c'est davantage le jeu qui est favorisé que la santé de ses acteurs. L'idée n'est pas de tuer le rugby, mais de prendre soin des joueurs. Les conséquences peuvent être terribles. Les témoignages de Sébastien Chabal, ou d'Antoine Burban tout récemment, illustrent parfaitement cela.