À gauche du ring, Matthieu Jalibert. À droite, Anthony Belleau. Tous les deux incarnent l'avenir du XV de France, à 19 et 21 ans. Surtout, ils symbolisent l'espoir à un poste de demi d'ouverture souvent sinistré chez les Bleus. Seront-ils toujours là en 2023 pour un Mondial organisé à domicile et dont l'objectif de victoire finale paraît plus légitime que celui de soulever le trophée Webb-Ellis dès 2019 ? Il est encore trop tôt pour y répondre. Car si le talent et le potentiel des deux garçons est indéniable, la gestion des n°10 sous le maillot tricolore laisse planer le doute sur leurs futurs respectifs.
Tous deux ont en tout cas été préférés aux Jules Plisson, François Trinh-Duc et Jean-Marc Doussain, utilisés par Guy Novès, l'ancien sélectionneur. Ils profitent également de la blessure de Camille Lopez et du faible temps de jeu de Romain Ntamack, placés à l'intersaison sur la liste Elite du XV de France. Du temps de jeu, Matthieu Jalibert en a eu sous le maillot de l'UBB. Il cumule 960 minutes depuis le début de la saison, toutes compétitions confondues (neuf titularisations en Top 14 ; 4 titularisations en Challenge Cup). C'est plus qu'Anthony Belleau (888 minutes avec le RCT), même s'il convient de rappeler que le Toulonnais a joué 160 minutes sous le maillot du XV de France à l'automne, découvrant le niveau international face aux All Blacks et aux Springboks.
C'est en minute, la différence de temps de jeu entre Belleau et Jalibert cette saison. Avantage au Toulonnais, si on compte les matchs disputés avec l'équipe de France.
Saisir sa chance
Internationaux chez les jeunes, Belleau comme Jalibert ont su saisir leurs chances. Le premier serait aujourd'hui un joueur du SU Agen sans ce drop décisif en demi-finale du Top 14, face à La Rochelle. Depuis, il a su convaincre Fabien Galthié d'en faire un de ses hommes de base. Et le voilà déjà cité comme une évidence au moment de dresser le portrait des ouvreurs sélectionnables chez les Bleus. Le second n'a découvert l'élite que cette saison, à la faveur des blessures d'Hickey et de Schoeman. Lancé par Jacques Brunel (tiens, tiens...), il a convaincu, tant en défense qu'en attaque, où le joueur né à Saint-Germain-en-Laye est apparu très complet. Capable de réciter le plan de jeu mais aussi de jouer à l'instinct, bon buteur, sa sélection n'a même pas été une surprise... Et Guy Novès - déjà - gardait un oeil sur la pépite puisque Jalibert a porté le maillot des Barbarians à l'automne.
- Comparatif des statistiques des deux joueurs en Top 14 (source : OPTA)
| Joueurs | Buteur | Plaquages | Courses | Passes | Franchissements |
| Matthieu Jalibert (UBB) | 103 Points - 27 réussies / 32 tentées (84% réussite) | 69 (78% réussite) - 6.27 plaquages/match | 448 mètres - 40.73 m/match | 113 passes (97% réussite) - 10.55 passes/match | 11 lignes cassées - 1 lignes cassées/match |
| Anthony Belleau (RCT) | 87 Points - 19 réussies / 23 tentées (83% réussite) | 73 (79% réussite) - 6.8 plaquages/match | 364 mètres - 30.33 m/match | 145 passes (100% réussite) - 12.8 passes/match | 8 lignes cassées - 0.67 lignes cassées/match |
Pourquoi ne pas les associer ?
Face à l'Irlande, c'est Matthieu Jalibert qui devrait être aligné selon L'Equipe. Jacques Brunel l'associerait à Maxime Machenaud. Belleau sera-t-il sur le banc ? À terme, on peut facilement envisager que les deux soient associés, à l'image de ce qu'il se fait de l'autre côté de la Manche. D'abord lancé à l'ouverture par Stuart Lancaster, Owen Farrell a ensuite été déplacé en n°12, dans un rôle de 5/8ème. Un coup tactique facilité par l'éclosion de George Ford, installé à l'ouverture. Or, Anthony Belleau a déjà évolué à plusieurs reprises au centre, et le voir à l'extérieur de Jalibert serait une vraie solution, malgré l'abondance de biens au poste de centre chez les Tricolores.