Lors du Super Moscato Show du 30 septembre dernier, Denis Charvet a expliqué que : "Si tu veux être champion du monde, il faut battre les Blacks en novembre". Une affirmation qui peut sembler bien douce à nos oreilles. En effet, depuis maintenant quelque temps, nous voyons un XV de France qui reconquiert son jeu et son public par la même occasion. La prochaine étape semble donc logique : gagner. C’était d’ailleurs l’une des prérogatives de Fabien Galthié lors de son arrivée. Deux ans après, le XV de France propose un jeu plaisant et qu’on imagine pouvoir venir à bout des cadors du rugby mondial. Mais les Bleus ne gagnent toujours aucun titre.
Dans cette optique, gagner face aux Blacks en novembre serait donc vraiment gage de réussite internationale ? Si l’on ne prétend pas avoir la science infuse, voici quelques éléments de réponses à travers trois exemples historiques marquants.
Nantes 1986
La fameuse Bataille de Nantes. Ce match iconique de l’histoire de l’équipe de France où nos Bleus avaient surpris des All Blacks comme rarement ils avaient été surpris. Avec une agressivité et une rage folle, Denis Charvet et ses coéquipiers battaient les meilleurs joueurs du monde devant son public. Pourtant, un an plus tard, c’était bien les joueurs au maillot à la fougère argentée qui prenaient le dessus sur celui frappé du coq en finale de coupe du monde. Une donnée qui ne semble plus être au goût du jour pour l’ancien trois-quart de l’équipe de France au vu de ses récentes déclarations.
Pour rappeler ou découvrir cette rencontre mythique :
Sidney 2015
Le 08 juillet 2015, l’Australie dispute son dernier match de Rugby Championship avant de se tourner pleinement vers la Coupe du Monde. Plus qu’un échauffement, ce match opposant les All Blacks aux Wallabies décidera du titre de la compétition reine de l’hémisphère sud. Après une heure de jeu particulièrement serrée, Nic White aide les Gold and Green à prendre la tête dans la compétition grâce à une pénalité. Une fois arrivé dans le golden time, un jeu au pied de Scott Fardy (comme quoi, tout est possible dans la vie) permettait aux siens d’avancer de quelques mètres. Comme un signe, Nic White ira à dame et transformera à 9 minutes du terme pour permettre à son équipe de vaincre les champions du Monde. Tout ceci à l’aube de la Coupe du Monde.
Pourtant, ce match n'eut visiblement pas d’incidence sur le titre mondial. Après une demi-finale serrée côté Néo-Zélandais et un quart bienheureux face aux Écossais pour les Australiens, les deux se retrouvent en finale. De la même manière, la rencontre restera serrée pendant les 70 premières minutes avant que, pour cette fois, les All Blacks déroulent à la fin du match. La rencontre se finit par l’offrande de Beauden Barrett donnant au peuple néo-zélandais le premier back-to-back de son histoire. Un scénario qui se répétera régulièrement pour les coéquipiers de Kieran Read. Ces derniers prenant l’habitude, entre 2015 et 2018, de creuser l’écart avec leurs adversaires une fois l’heure de jeu passée. La faute à un banc miraculeusement bien fourni.
XV de France : à quoi ressemblait le groupe de 31 joueurs... en 2015 ?
Yokohama, 2019
Autre cas de figure, celui d’un nul en Rugby Championship, suivi d’une défaite en poule de coupe du monde. Une observation qui était jusque-là inédite. Car si les matchs nuls sont certes rares mais pas impossibles dans le monde de l’ovalie, la défaite en poule d’un futur champion du monde l’est beaucoup plus. Avant cette confrontation entre les coéquipiers de Faf De Klerk et ceux d’Aaron Smith le 21 septembre 2019 au Stadium International de Yokohama, jamais une équipe ne s’était inclinée en poule lors d’une édition où elle avait été sacrée. Un choc qui en faisait rêver plus d’un. Sam Whitelock déclare même à l’occasion : “C'est un de ces test-matches qu'on rêve de jouer étant enfant”. Selon des propos rapportés par l’Équipe, le coach des Springboks déclarait même avant le match : “Ce qui est positif, c'est qu'en les jouant à ce stade de la compétition, si tu avances jusqu'à la phase finale, tu ne les rejoues qu'en finale ! Le côté négatif, c'est que si tu perds, tu perds toujours un peu de confiance, il faut reconstruire, ça rend la semaine qui suit plus difficile. Mais ce qui rend ce match spécial, c'est que si vous demandez à n'importe qui, là, qui va gagner, je ne pense pas qu'on puisse parier sur une des deux équipes.”
Nouvelle-Zélande/Afrique du Sud, 100 ans d'une rivalité exacerbée par des matchs de légende
Une confiance qui n’a visiblement pas tant baissé que ça. Quelques jours plus tard, les Springboks affrontent les Anglais, vainqueurs des All Blacks en demie, en finale et soulèvent quelques dizaines de minutes plus tard le troisième trophée Webb-Ellis de leur histoire. Le rugby serait-il donc une science inexacte ?
