C’est ainsi que le Tournoi s’achève, sur une pluie battante dans la morne plaine du Stade de France. Loin de nous l’idée d’être nombrilistes et la tête dans le guidon : notre déception est plutôt tournée vers ces jeunes Bleus à l’heure d’écrire ces lignes, finalement pas récompensés de leurs immenses efforts, de leurs épiques combats et de leur fantastique énergie transmis durant ce Tournoi 2021. Pourtant, la rigueur du très haut niveau est venue frapper à la porte de l’enceinte dionysienne ce vendredi soir et les Bleus - plus fébriles, moins lucides, plus émoussés qu’à l’accoutumée - l’ont pris en pleine face, battus sur le gong (23 à 27) par une équipe d’Ecosse impressionnante de résilience. À courir durant 80 minutes après une hypothétique victoire de plus de 21 points, comme l’a dit Gaël Fickou au micro de France 2, les Bleus se sont peut-être un peu éparpillés dans la stratégie et qui sait, aussi, laissé submerger par l’enjeu. Bien sûr, la pluie et le vent n’ont aidé en rien cette fantastique ligne offensive à se mettre en place, c’est un fait. Mais force est de constater qu’il y avait autre chose que des impondérables en ce vendredi soir humide, comme de la fatigue, un manque de consistance par moments et un superbe XV du Chardon. Sous un temps écossais, les joueurs de cornemuse ont su coller aux basques des Bleus, s’accrocher comme des sangsues aux maillots tricolores, gêner toutes les libérations comme un Hamish Watson. Et tous les faits de jeux mis de côtés (premier essai de la partie probablement inscrit en deux temps, points laissés en route au pied…), ce sont eux qui sont allés chercher la victoire au bout du bout, à la faveur d’un nouvel essai, en coin, de l’inévitable Duhan Van der Merwe (83ème). Leur première à St-Denis depuis 1999, l’année de leur dernier titre dans le Tournoi, tiens, tiens… Avec en toile de fond et histoire de voir le verre à moitié plein plutôt que l’inverse, l’étrange sensation que les Bleus avaient là perdu pour grandir, évitant pour ainsi dire tous les remords qu’auraient pu engendrer le gain « pour du beurre » de leur match le moins abouti de la compétition. # La taxe d’apprentissage.
🙏🇫🇷 Notre #XVdeFrance a tout donné pendant ce tournoi des #SixNations. Nos garçons ont écrit une nouvelle page de leur histoire commune. Merci les Bleus pour toutes ces émotions.
— France Rugby (@FranceRugby) March 26, 2021
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Une belle marge de progression, toujours
Dès lors, que reste-t-il de ce match, ou plutôt de ce Tournoi achevé une nouvelle fois à une belle mais frustrante 2ème place ? Puisque nous sommes là dès lors qu’il s’agit de pointer ce qui n’a pas fonctionné, soyons là aussi au moment d’évoquer ce qui l’a été. Car Bon Dieu, qu’il y en a eu des choses positives lors de ces 9 dernières semaines. Plus que jamais, les hommes de Fabien Galthié ont montré qu’ils s’aguerrissaient de match en match et que 2020 n’était pas un feu de paille. Que « le groupe vivait bien », qu’il s’étoffait, aussi. L’on pense aux Anthony Jelonch, Swan Rebbadj ou Dylan Cretin, désormais pleinement intégrés à cette ossature bleue pourtant relativement imperméable. Mieux, ce XV de France de France là a réintégré par accoups un podium mondial encore à mille lieues de ses yeux il y a de ça 18 mois; il a surtout incarné un fabuleux vaccin contre la morosité à tous les fans de sport en ces temps de pandémie. Reste désormais à grandir, apprendre et rebondir de cette édition 2021. Comment ? En étant - entre autres - plus cliniques que face à l’Ecosse (touche manquée juste avant la pause, action de 70 mètres pas récompensée à la 42ème…), plus disciplinés lors des temps faibles et lucides lorsque le lactique envahit les corps… Toute la marge de progression qu’il reste à cette équipe au talent offensif dingue, histoire de s’installer définitivement à la table des tous meilleurs mondiaux. Alors comme dirait le grand Charles Ollivon, « allez les gars, on garde la tête haute et on va serrer les mains ».