La série est perdue, mais ça n'est pas important. Pour certains, la France est le vainqueur moral de cette tournée en terres australes. Pour d'autres, faire aussi bien avec tellement de joueurs en moins est déjà une grande victoire en soi. Pourtant, certains plus grincheux vont reprocher une balance victoire déficitaire, une nouvelle occasion de remporter un trophée, même symbolique, et cette fâcheuse propension des joueurs français à perdre leurs matchs couperets dans les dernières minutes de parties haletantes.
''Tous les joueurs ont été grandioses'', lance Galthié après la courte défaite du XV de France en AustralieLa 1ère fois que cette vilaine habitude s'est installée, c’était en 1/4 de finale de la dernière Coupe du monde contre le Pays de Galles. Puis on a retrouvé ce penchant défaitiste en coupe d'automne des nations contre les Anglais, la perfide Albion égalisant à la 79ᵉ minute et profitant d'une pénalité gracieusement accordée par l'arbitre à la toute fin des prolongations pour remporter la finale de cette coupe Covid. À nouveau cette sale routine s'est invitée pour filer un match au bout du bout contre l'Écosse dans le dernier tournoi, où une relance improbable de Dulin se retourne contre lui et son équipe pour une défaite qu'on n'attendait pas.
VIDEO. Un raté incroyable prive les Bleus d'un succès de prestige en AustralieEnfin, lors de cette tournée dans les antipodes, par deux fois la règle du revers des 5 dernières minutes est venue se rappeler à notre mauvais souvenir : lors du 1er test avec cette touche dont tout le monde se souvient et l'accumulation abracadabrantesque de mauvais choix qui se termine par un hors-jeu de ligne, alors que le temps réglementaire était terminé, la pénalité est logiquement sifflée par le référé et enquillée par le buteur australien, de +1 on finit à -2. Au cours de ce dernier test, c'est cette chandelle, sous laquelle Bouthier fait un en-avant alors qu'il n'y a pas vraiment une pression particulière des Australiens, mêlée, on se fait retourner, nouvelle pénalité et 3 points de mieux pour les Wallabies. La défaite est en vue malgré une dernière possession tricolore et un ballon porté français étouffé curieusement par des avants australiens se promenant dans nos lignes, sans que l'arbitre n'y trouve rien à redire. Mais, on sait, qu'il a toujours raison.
XV de France. Melvyn Jaminet a impressionné son frère par sa capacité d’adaptationNéanmoins, on peut opposer à cette manie devenue trop coutumière, que lors du second test de la tournée Australienne, ce sont les Bleus qui ont bénéficié du jeu de dés des derniers instants, là où l'épatant match-winner, Jaminet, véritable découverte de cet été, a mis la pénalité de la gagne suite à une mêlée pour le coup triomphante. Mais le balancier de la chatte à Fabien n'est pas restée longtemps sous la protection du coq. Il a préféré retrouver le giron de nos adversaires et nous laisser le statut débonnaire de vaincus aux belles valeurs. Même si ces dernières ont été égratignées par Rennie, le coach des Aussies et d'autre vieilles gloires de l'hémisphère sud, tel l'ancienne idole de Mayol, Sonny Bill Williams. Les deux et quelques autres reprochant aux Français d'être des simulateurs suite au carton rouge de Koroibete. Éternels Cocus, les Français ont même vu ce carton rouge annulé par World Rugby dans sa grande mansuétude. Bernie on dit rien ?
XV de France. La commission de discipline annule le carton rouge de KoroibeteMais c'est vrai que cette tournée a permis la révélation, on l'a vu ci-dessus, de Jaminet, de Barlot, de Diallo dans une moindre mesure. Les confirmations de Jelonch et Woki devant, évidemment de Vincent et Danty au centre et de Villière à l'aile. Couilloud, au fil des matchs, sans bousculer la hiérarchie, s'est positionné au cas où. Teddy Thomas a montré qu'il était toujours capable de fulgurances, même si d'aucuns lui reprocheront toujours ses approximations défensives. De toute façon, je préférerais toujours regarder sa capacité de création et de finition à des scories qui ne sont que les conséquences de ses qualités. Pour conclure, peut-on alors dire que cette tournée est un succès et une promesse pour l'avenir ou bien un échec et un à peu près généralisé de notre rugby d'élite qui n'arrive toujours pas à transformer ses annonces en résultats probants ?
Mon avis est qu’il s’agit plutôt d’un succès, compte tenu du groupe parti de l'autre côté du globe, après une saison longue de 13 mois et du nombre conséquent de titulaires ou de proches remplaçants restés dans l'Hexagone. Mais, cela ne donne aucune certitude. Seule la réalité des grandes victoires permettra d'ancrer la conviction et l'assurance qui permettra de rêver plus haut. Pour l'instant, on est toujours dans une attente bienveillante, mais Fabien, rien ne dure... Et vous, vous êtes plutôt échec ou succès ?