Ces derniers temps, les Gabin Villière, Antoine Dupont, Romain Ntamack ou encore Grégory Alldritt sont devenus les chouchous des supporters (et des médias), grâce à leurs performances incroyables sous le maillot tricolore. Une reconnaissance totalement méritée, mais qui ne doit pas éclipser les prestations d’autres joueurs, tout aussi importants. Et notamment de Gaël Fickou, qui est à l’heure actuelle l’un des meilleurs centres du monde. Plus discret que certains de ses coéquipiers, le Racingman a pourtant une importance capitale dans le système de jeu mis en place par Fabien Galthié. Véritable leader de ce groupe, on a donc décidé de mettre en lumière le joueur aux 68 sélections, en analysant en particulier son match face à l’Irlande.
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Bien moins sévère que Louis de Funès dans le film de Serge Korber (1970), Gaël Fickou possède néanmoins son sens d’orchestrer un groupe pour en tirer le meilleur. Désigné comme capitaine de la défense depuis quelques années, mais également comme second capitaine durant ce tournoi (derrière Antoine Dupont), l’ancien Parisien ne cesse de mettre de l’ordre dans le collectif tricolore, surtout lors des moments durs. Ce dernier réorganise bien souvent la ligne défensive du XV de France, en ne cessant de se déplacer pour combler les trous. On le voit notamment sur cette première image, dresser le rideau bleu, après un coup de pied de dégagement.
Mais au-delà de cela, Fickou, c’est aussi une défense intelligente sur la ligne d’avantage, de par sa bonne lecture qui guide tous ses coéquipiers. Son leadership était par ailleurs criant face à l’Irlande : on le voit tout d’abord monter fort sur l’homme, avant de ralentir sa course pour se caler avec le joueur à son intérieur, afin d’éviter de créer un intervalle. Ses mouvements de bras permettent ainsi de communiquer rapidement avec ses coéquipiers les plus proches, tout en gênant les défenses adverses. Sur la prochaine image, nous allons voir cette attitude positive : Fickou ralentit sa course et se rapproche de Ntamack, car il aperçoit un Irlandais venir attaquer fort l’intervalle entre les deux Français. Le centre se décale et parvient même à anticiper la passe, ce qui fera causer un en-avant à Doris.
VIDEO. France. L'ancien arbitre Jérôme Garcès, artisan du succès des BleusMais ce qui est le plus impressionnant avec Fickou, c’est surtout sa capacité à rattraper des coups et à prendre la bonne décision en un rien de temps. Ce week-end, les Bleus ont dû faire face à l’une des meilleures attaques du monde. Les hommes de Farrell n’ont cessé (surtout en seconde période) d’envoyer des rafales sur la défense française, cherchant sans arrêt les intervalles. Et à plusieurs reprises, ces derniers ont réussi à trouver une brèche. Ou du moins, ils ont failli. Car durant la rencontre, le premier centre du XV de France a souvent sauvé son équipe, grâce à des retours défensifs remplis d’intelligence. Prenons l’exemple ci-dessous : nous sommes à l’heure de jeu et la France mène 27-21. Les Irlandais attaquent le milieu du terrain, grâce à une bonne course de Ringrose. Keenan passe en leurre, ce qui stoppe une première fois la course de Moefana, qui n’a pas suffisamment coulissé. Le Bordelais parvient tout de même à couvrir l’appel de Carbery, mais de façon tardive, ce qui lui permet de lancer son ailier Hansen dans l’intervalle. Dans l’idéal, Moefana aurait dû glisser bien avant sur le joueur du Leinster, laissant Keenan et Carbery à son coéquipier à l’intérieur, Gaël Fickou (qui était par ailleurs bien placé).
Ce mauvais placement aurait pu coûter cher aux Bleus, surtout lorsque l’on connaît les qualités énormes d’Hansen. Mais voilà, Fickou avait flairé le coup, et s’est donc replacé de manière latérale afin de combler le trou en bout de ligne. L’ancien joueur du Stade Toulousain reprendra l’Irlandais (qui aura tout de même avancé d’une dizaine de mètres), avant de se remettre sur ses appuis et de contester le ballon. Un exemple à montrer dans toutes les écoles de rugby. Et si vous n’êtes pas encore convaincu par son importance dans le rideau français, sachez que lors de la rencontre de samedi, les Bleus se sont fait transpercer 3 fois au large. Et sur ces trois actions, Gaël Fickou n’était pas présent sur la ligne d’avantage… Simple coïncidence ? À vous d’en juger.
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Si Gaël Fickou est aujourd’hui le capitaine de la défense des Bleus, ce n’est pas seulement grâce à ses qualités de placement. En effet, Fickou est également intraitable sur l’homme. Avec 10 plaquages réussis sur 10 tentés, le Racingman a souvent stoppé net la paire de centre irlandaise, qui n’a gagné aucun duel offensif face à lui. On l’a vu notamment épauler à plusieurs reprises Romain Ntamack, visé par le bulldozer du Connacht. Il marquera par ailleurs physiquement ce dernier, qui sortira à la 64ᵉ minute. Et pour marquer Bundee Aki à ce point, croyez-nous, il faut s’envoyer.
VIDEO. 6 Nations. ''Pas un moment, on a douté'', les réactions des joueurs de l'équipe de FranceOrganisateur de défense, très bon sur l’homme, mais aussi présent pour les tâches ingrates. Avec 8 déblayages lors de France-Irlande (meilleur ¾ dans ce domaine), Fickou a énormément apporté dans la conservation du ballon. Des actions qui passent généralement inaperçues, mais qui comptent tout autant (si ce n’est plus) que les courses balle en main. De plus, le numéro 12 du XV de France a une importance primordiale sous les renvois, mettant une grosse pression sur le porteur de balle. Souvent accompagné par Damian Penaud, Fickou n’hésite pas à infliger de gros plaquages à ses adversaires, même quand ces derniers sont des avants. On le voit également à la lutte au ballon, comme sur l'image ci-dessous.
Véritable fer de lance des Bleus
Résumer l'importance de Gaël Fickou à son simple apport défensif serait à la fois faux et insultant pour le joueur le plus capé de ce groupe France. Fréquemment utilisé en première intention pour fixer la défense adverse, le Racingman monopolise à chaque fois plusieurs joueurs. On l'a notamment vu casser la plupart du temps les plaquages de l'ouvreur Carbery, ce qui obligeait Aki, et parfois même un troisième ligne, à venir stopper le Français. On le voit d'ailleurs sur ces deux actions. Fickou est servi par Romain Ntamack, et vient gagner la ligne d'avantage face à de nombreux Irlandais, ce qui créera des espaces au large. Cette puissance permet par ailleurs au XV de France de l'utiliser de temps en temps en leurre, ce qui stoppe la course des centres adverses.
VIDÉO. L'essai de Clerc à Croke Park, la fessée de 2010... Ces victoires mémorables de la France face à l'IrlandeDe plus, Fickou sait parfaitement jouer autour de lui. Auteur de 7 passes, le centre français a su alterner entre jeu au large, et jeu autour de la zone du 10. On l'a vu de nombreuses fois prendre la place de Romain Ntamack, lorsque ce dernier était pris dans un ruck. Un placement permis par sa bonne qualité de passe, ainsi que par sa vision de jeu souvent très bonne. Sur un ballon de récupération en première période, c'est notamment lui qui décide d'allonger une longue passe sautée sur François Cros, esseulé en bout de ligne. Le troisième ligne redressera sa course et avancera d'une dizaine de mètres. De même à la 25ᵉ minute où, après un bon maul tricolore, Fickou est servi en premier attaquant par Antoine Dupont. Le centre arrive lancé et lève la balle juste avant contact à son ailier Gabin Villière venu à l'intérieur. Un bon choix, puisque l'intervalle se trouvait ici.
XV de France. Villière et Penaud ont-ils tué la concurrence à l’aile ?Vous l'aurez compris, l'importance de Gaël Fickou au sein du XV de France est bien plus grande que l'on ne peut le croire. De plus, et même si nous n'avons passé à la loupe que son match face à l'Irlande, il est inutile de préciser que toutes ses sorties (ou presque) en Bleu sont du même calibre. Afin d'appuyer notre propos, sachez que le XV de France sous l'ère Galthié n'a perdu qu'un seul match avec Fickou positionné en centre (sur 13 rencontres) : c'était lors du dernier Tournoi, face à l'Angleterre. En revanche, toujours sur la même période, les Bleus n'ont remporté que 3 matchs sur 8 sans le joueur du Racing au centre (dont 3 où ce dernier jouait à l'aile). Autrement dit, Fickou au centre, c'est un gage de réussite quasiment assuré pour le XV de France.
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