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WORLD RUGBY AWARDS. Malheureusement, Lukhanyo Am n’est pas invité à la fête

Il a réalisé une année 2021 mémorable, mais est absent des 4 nommés au Prix World Rugby du Meilleur joueur de l’année, voici le portrait de Lukhanyo Am.

Erwan Harzic 05/12/2021 à 18h30
Il est l'un des meilleurs joueurs du monde et peut-être même le meilleur centre de la planète, voici Lukhanyo Am.
Il est l'un des meilleurs joueurs du monde et peut-être même le meilleur centre de la planète, voici Lukhanyo Am.

C’est une injustice pour beaucoup. Il suffit de taper le nom du centre Springboks dans un navigateur ou sur les réseaux sociaux pour voir à quel point Lukhanyo Am est admiré du rugby international. Peu mis en avant en France, le joueur a cependant conquis plusieurs autres terres de la planète rugby au cours de cette année 2021. Son passage en Europe ainsi que son Rugby Championship ont été remarqués, alors que les Springboks réalisent une année en demi-teinte. Mais qui est donc ce joueur qui mélange sa vista à un talent indéniable pour faire briller ses partenaires ?

Des débuts difficiles

Lukhanyo Am c’est avant tout un enfant qui a dû se battre pour jouer au rugby. Rien de grave, rassurez-vous, le joueur vient seulement d’une famille bien plus portée sur le foot. Selon un article de Rugby World, l’entourage de ce dernier l’aurait poussé dès son plus jeune âge à tâter un cuir plus ovale que rond. Il confie : “J’ai toujours voulu jouer au rugby, malheureusement ma mère n’était pas d’accord. Elle me disait “Tu vas jouer au football, un point c’est tout.” et je lui répondais “Non Maman, moi ce que j’aime, c’est le rugby. Et tu verras, un jour, je porterais ces couleurs !”.” Fan des Springboks depuis tout petit, il essayait constamment de porter des habits aux teintes vertes et or. Comme pour mimer la légendaire tunique de la sélection de rugby sud-africaine. À cette époque, il était impossible de prédire que, quelques années plus tard, le second centre sud-africain remporterait la Coupe du Monde au Japon avec les siens. Le tout en tant que titulaire.VIDEO. OUI les Springboks savent faire des passes : admirez ce bijou de Lukhanyo Am dans le dos !VIDEO. OUI les Springboks savent faire des passes : admirez ce bijou de Lukhanyo Am dans le dos !

Le joueur montre dès son jeune âge une belle habileté au rugby et ceci malgré une particularité physique inhabituelle chez la plupart des joueurs. En effet, le champion du monde est amputé d’une des trois phalanges de son index gauche. La raison ? S'il ne l’a jamais dit publiquement, il semblerait que cela soit lié aux origines du joueur. En effet, ce dernier est issu de la culture Xhosa au même titre que son capitaine Siya Kolisi. Pour certains groupes de ce peuple, une tradition persiste encore de nos jours. Elle se nomme “l’ingqithi”. Selon un rapport du Dr Jansen publié dans un rapport d’observation de 1964, cette pratique consiste “est une mutilation rituelle pratiquée par plusieurs tribus de langue xhosa, généralement sur des jeunes enfants, au cours de laquelle la dernière partie d'un des doigts est amputée. Le mot est dérivé du verbe "ukuthi qithiqithi", qui signifie "séparer".” Une particularité qui peut sembler plus qu’inhabituelle pour des occidentaux, mais qui fait rire certains fans sud-africains. Ces derniers étant aussi impressionnés qu’amusés par l'habileté du joueur à réaliser des gestes techniques malgré ce qui peut être apparenter à un “handicap”.

Mais avant l’ultime sacre, le parcours du joueur de désormais 28 ans n’a pas été de tout repos. Il est actif en Currie Cup, le championnat national sud-africain, dès 2013. Il est appelé la même année dans la sélection non-officielle des Barbarians sud-africain. Cette équipe, peu connue dans le rugby international, donne l’occasion à des joueurs du championnat sud-africain d’aller disputer des matchs amicaux face à d’autres formations. Cette année-là, Lukhanyo Am affronte les Saracens. Bien que les Sarries n’étaient pas encore triple champions d’Europe, la défaite fut écrasante. Le score de 19 à 0 ne semble faire preuve d’aucune discussion. Pourtant, le joueur tape visiblement dans l’œil du club anglais. Ce dernier lui proposant de rester au club durant la pré-saison afin de s'entraîner avec l’équipe professionnelle. Si la situation n’aboutit à aucun contrat, elle a au moins le mérite de lui faire connaître le très haut niveau.

Désormais au sommet

Quelques années plus tard, et alors qu’il va tout juste avoir 24 ans, le joueur goûte à ses premières sélections sous le maillot des Springboks. Si les débuts sont timides, l’arrivée de Rassie Erasmus à la tête de la sélection va faire changer la dimension dans laquelle le joueur évolue. Le technicien sud-africain formera en 2018-2019 ce qui reste encore aujourd’hui la paire de centre de la sélection australe : Damian De Allende et Lukhanyo Am. Indéboulonnables, les deux compères semblent se compléter à merveille. Quand le premier est puissant et bon plaqueur, le second est un technicien habile doublé d’un véritable maître à jouer. À partir de 2019, la vision de jeu du numéro 13 impressionne le monde du rugby qui voit le joueur des Sharks soulever le Trophée Webb-Ellis au Japon. Dernièrement, et surtout après la crise du Covid 19, le joueur a su prendre le relai d’une charnière De Klerk-Pollard qui semble à bout de souffle. Quand le chef d’orchestre est à la peine, les premiers violons portent l’orchestre et donnent la mélodie.RUGBY. Boudé par le XV du Chardon et nouveau chouchou du rugby écossais, qui es-tu Ben Vellacott ?RUGBY. Boudé par le XV du Chardon et nouveau chouchou du rugby écossais, qui es-tu Ben Vellacott ?

Aujourd’hui, le joueur est absent des nommés au prix du meilleur joueur de l’année. Même s'il est présent dans la catégorie Essai de l’année, son absence prend des airs d’injustice pour certains. Le média sud-africain Daily Maverick compare par exemple la sélection d’Antoine Dupont, Michael Hooper et Samu Kerevi à celle de plusieurs autres joueurs dont Lukhanyo Am. Il explique : “Kerevi n'a joué que cinq tests en 2021 alors que la France de Dupont a terminé troisième des Six Nations et qu'il n'a pas fait de tournée en Australie avec les Bleus. La France a perdu cette série 2-1. Kerevi et Dupont ont tous deux été très bons lorsqu'ils ont joué, mais ont-ils été aussi bons, voire meilleurs que Jordie Barrett, Lukhanyo Am ou Rieko Ioane au plus haut niveau ? Hooper a été bon, comme toujours, mais l'Australie a été battue trois fois par les All Blacks et vient de perdre ses deux premiers matches de la tournée britannique. Il semble que les deux victoires des Wallabies sur les Boks en Australie en septembre ont fait pencher les nominations en faveur de Hooper et Kerevi. [...] Les Boks sont l'équipe classée numéro 1 dans le monde.”

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Revenu en club après la trêve internationale, il continue d’impressionner la planète rugby. Ce week-end, il réalise une interception suivie d’une course de 70 mètres qui permet aux Sharks de Durban de prendre l’avantage face aux Bulls en United Rugby Championship. Un nouvel exploit signé Lukhanyo Am qui emmènera son équipe vers la victoire et lui permettra d’être élu homme du match. À chaque nouvelle action de classe du joueur, la sphère twitter du rugby anglophone semble tomber amoureuse du joueur. Le média Squidge Rugby se demande par exemple “Chaque fois que je regarde Lukhanyo Am, je me demande s'il est le meilleur joueur du monde.” Au Pays de Galles, le journaliste du journal Rucked Magazine, Josh Gardner, se fait la réflexion suivante : “Lukhanyo Am est évidemment bon dans presque tous les domaines, mais je pense que son talent le plus important pour l'Afrique du Sud est sa capacité surhumaine à anticiper l'endroit où un ballon va tomber et à être là pour l'attraper - il est remarquable.”

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