La suspension de la saison 2019/2020 a affecté tous les joueurs de rugby, professionnels comme amateurs. Mais durant de longs mois, ceux qui ont fait la une, ce ne sont pas les joueurs des championnats fédéraux mais ceux de la Ligue. Les intérêts sportifs et économiques étant en effet bien plus importants en Top 14 et en Pro D2 que dans les échelons inférieurs. Néanmoins, les amateurs ont rencontré les mêmes problèmes que les pros : à savoir ne pas pouvoir s'entraîner, ne pas pouvoir terminer la saison et jouer les phases finales. Et à cela, il a fallu ajouter pour certains l'incapacité de pouvoir travailler. Car rappelons-le, les professionnels sont payés pour jouer au rugby quand les amateurs doivent combiner leur vie sportive avec leur passion pour l'ovale. Ianis Ponsole, fait partie de ceux-là. Quand il n'est pas sur le terrain avec Blagnac en troisième ligne, il enchaîne les heures de travail avec Airbus.
Lorsque la Fédération française de rugby a sonné la fin de la saison pour les amateurs au début du premier confinement, il a ressenti la même chose que les pros, à savoir de la frustration, "car les efforts de la saison n’ont pas été récompensés par les phases finales." Passé ce sentiment, il a fallu également maintenir un cap. Blagnac évoluait alors en Fédérale 1 mais il a été vite question de la création d'un nouveau championnat pour les clubs aspirant à jouer en Pro D2. La Nationale a vu le jour en juin et Blagnac faisait partie des clubs retenus pour y participer. Pas question donc de se tourner les pouces en attendant la reprise. "Je m’entraînais pendant le confinement le plus sérieusement possible avec les moyens du bord en faisant des programmes de CrossFit dans mon T2 pour être prêt au moment où la saison débuterait et pouvoir donner le maximum sur le terrain et continuer à prouver au sein de l'équipe de Blagnac."
Difficile parfois de trouver la motivation et le temps, d'autant plus que le 3e ligne a continué de travailler pour Airbus pendant le premier confinement. Après avoir passé et réussi le concours du lycée d'Airbus lorsqu'il était en 3e, puis obtenu son bac professionnel, il a "eu la chance d’avoir un CDI sur la chaîne d’assemblage de l'A 350". Une vie qui n'est pas de tout repos. En octobre dernier après la rencontre face à Cognac-Saint-Jean d’Angely, il avait enchaîné avec sa journée de travail de nuit. "J'alterne entre une semaine de jour et une semaine de nuit. Lorsque je travaille de nuit, je commence ma semaine de travail le dimanche soir donc quand je joue ce jour-là je vais directement travailler à minuit." Des horaires qui changent chaque semaine. Lier son travail et le rugby est fatiguant. Mais Ianis conserve la même envie et motivation qu'à ses débuts. "C’est un peu compliqué pour la récupération car je ne dors pas pendant 24h. Je suis debout vers 8h pour préparer le match de l'après midi, et après le match je vais travailler de minuit jusqu'à 6h30."
On aimerait jouer au rugby comme auparavant
S'il a eu un peu plus de repos cette année, les choses sérieuses ont rapidement repris en vue de la saison inaugurale de la Nationale. Ainsi, des petits groupes ont été mis en place sans contact pour récupérer le physique en respectant le protocole de la FFR dès le mois de mai. "Il y a eu certains cas mais l'ensemble de l'équipe a été rapidement dépisté et les précautions ont été prises par la suite." Dès le mois de juillet, "nous nous sommes entrainés de manière assidue (entrainements et les séances de musculations) afin de se préparer au mieux au début de saison". Un exercice 2020/2021 qui a mal débuté pour Blagnac avec une seule victoire au compteur après cinq matchs joués (un match en retard) et une dernière place au classement. "C'est un peu compliqué car même si nous faisons de formidable matchs tous ensemble, que nous sommes parfois proches de la victoire, pour l'instant nous n'avons pas encore ce déclic qui va nous permettre de passer de l'autre côté et ainsi d'arriver à gagner des matchs dans cette nouvelle compétition de nationale."
Le Covid a affecté leur vie d'une manière qu'ils n'imaginaient mais ils ont été contraints de s'adapter aussi bien sur le terrain qu'en dehors. "C'est vrai qu'on aimerait jouer au rugby comme auparavant sans prendre de risques pour notre santé et surtout celle des autres. Malgré tout, durant la phase de jeu nous sommes concentrés sur notre objectif qui est de gagner le match." Pour l'heure, la saison est à nouveau suspendue et les récentes annonces du gouvernement ne font état que d'une reprise au mois de janvier 2021. Un nouveau coup dur pour les amateurs. D'un point de vue personnel, Ianis Ponsole réalisait son meilleur début de saison avec trois titularisations en cinq matchs. "Je commençait à enchainer les matchs avec l'équipe une, à prendre beaucoup de plaisir lors des phases de jeu en essayant d'acquérir de l'expérience sur chaque minute jouée." Il devra patienter pour retrouver le terrain. En Nationale, les clubs ont fait le choix de geler la phase aller et de ne jouer que la phase retour après avoir rattrapé les matchs en retard. S'il y a de l'inquiétude, il y a également de l'espoir. Celui de terminer cette saison avec un champion et de voir des équipes accéder à la Pro D2. Blagnac tentera de son côté d'éviter de retourner en Fédérale 1.
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