INTERVIEW. Nicolas Kraska : "J’adorerais qu’il y ait plus de Français dans le championnat japonais"Nous avons plusieurs fois donné la parole à Nicolas Kraska, cet ancien joueur du Racing ou encore d'Albi parti au Japon pour y jouer en Top League. En 2016, le centre évoquait la Coupe du monde à venir et la vie au pays du soleil levant. Trois ans plus tard, à seulement quelques mois du coup d'envoi du Mondial, il n'imaginait pas revenir en France avant la fin de sa carrière et se plaisait vraiment dans le style de jeu pratique là-bas. Après trois saisons passées avec le Toshiba Brave Lupus, il avait signé en 2019 avec les Shimizu Blue Sharks. Il pensait certainement jouer quelques années avant de pouvoir raccrocher les crampons après une ultime pige en Fédérale. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Nicolas Kraska vient cependant d'annoncer la fin de sa carrière professionnelle. "Cette dernière année m’a ouvert les yeux, mentalement et émotionnellement j’ai été trop touché, par conséquent je préfère y mettre un terme."
Nicolas Kraska, seul Français à évoluer au Japon : ''le rugby d'ici me plaît beaucoup''Alors que s'est-il passé ? Kraska d'évoquer des problèmes liés à son salaire et plus particulièrement aux feuilles de paie qu'il n'a finalement jamais eues. "Mon agent m’a même conseillé de ne plus poser la question sous menace de me faire licencier." Il raconte d'ailleurs comment Jano Venter, ancien joueur des Bulls, s'est vu licencier après avoir demandé une facture pour le visa de sa fiancée. Yohei Shinomiya, ancien international à 7 Japonais et manager chez les Shimizu Blue Sharks, lui aurait demandé 150 000 yens, soit plus de 1000 euros. Quant au Tricolore, il aurait, lui aussi, été licencié de manière abusive par ce dernier. Il raconte :
J’ai été licencié le mardi 16 mars sans préavis, sans réunion, sans raison alors qu’il me restait encore un an de contrat, Yohei et Niki (Niki Takahiro, directeur du club) n’ont même pas eu le courage ni la décence de me le dire en face, mon agent m’a appelé pour me l’annoncer alors que j’étais au club et qu’ils étaient dans la pièce d’à côté. En plus de m’annoncer mon licenciement, j’apprends que je dois quitter le pays avant la fin de mon visa, qui expirait le 28 mars (la fin de ma première année de contrat finissait le 31 mars) parce que Yohei a ordonné à son avocat d’arrêter la procédure de renouvellement car il ne voulait pas que je puisse retrouver un club au Japon. Je n’ai donc même pas pu finir la saison avec mon équipe.
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Contraint de partir en catastrophe et de déménager de Yokohama à Paris avec sa femme enceinte et sa fille en bas âge, il n'a pas eu la moindre explication de la part des deux hommes. Si ce n'est de la part de son agent qui lui a expliqué qu'ils ne voulaient pas "payer mes indemnités légalement dues et prévues dans mon contrat ni certains bonus". S'il a finalement eu gain de cause sur ces deux points, cela ne s'est pas fait sans une dernière tentative d'intimidation. "Je devais tout d’abord effacé mon tweet, ensuite je devais en poster un autre déclarant que tout était rentré dans l’ordre et les remercier." Sans oublier la clause de confidentialité ajoutée à la sa rupture de contrat. "Si je la signais, je ne pourrai plus jamais parler de ce qui nous est arrivé au club ni pointer du doigt les manigances de Yohei et Niki."
Aidez-moi🙏à faire entendre mon histoire et dénoncer les actes criminels de *Yohei Shinomiya* et *Niki Takahiro*chez les Blue Sharks extorsion de fonds, racket, intimidations, détournement de fonds... les raisons pour lesquels j’ai été forcé de rentrer ⬇️ https://t.co/ZVoffTqwH0
— Nicolas Kraska (@KraskaNicolas) May 7, 2021
S'il a accepté pour recevoir ce qui lui était du, il a attendu qu'il n'y ait plus aucun risque pour sa famille pour raconter son histoire. Désormais, c'est une nouvelle vie qui commence pour lui avec une reconversion professionnelle en vue.
Je tiens à remercier tous ceux avec qui j’ai joué, tous ceux qui ont cru en moi et aidé à devenir celui que je suis aujourd’hui, de mes débuts et le coup de foudre pour le rugby @rugbyclubcourbevoie ; en passant par @racing92 qui m’a donné ma chance au centre de formation et grâce à qui j’ai effectué mes premiers pas en pro ; @scalbiofficiel qui a eu confiance en moi pour me donner du temps de jeu et lancer ma carrière ; @ucsrugby pour m’avoir redonné goût au rugby ; @bravelupus_official de m’avoir permis de découvrir un autre rugby et de jouer avec et contre les meilleurs joueurs du monde ; @shimz.bluesharks pour ces joueurs qui sont de vrais mecs biens et qui m’a permis de réaliser qu’il était tant de passer à autre chose. Et je n’oublie pas @thailandrugbyunion sans qui je n’aurais jamais pu jouer au Japon.