Le sujet des commotions cérébrales est de nouveau remis sur la table avec une récente étude de l'American Academy of Neurology. Cette étude a comparé deux groupes de sportives différentes : des joueuses de rugby universitaires n'ayant pas subi de choc durant les 6 derniers mois et des sportives n'étant pas soumises au risque de commotion cérébrale (natation et aviron). L'échantillon de 101 athlètes féminines, dont 70 qui ont joué au rugby et 31 qui font de l'aviron ou de la natation, a démontré qu'on ne se remet jamais d'une commotion cérébrale. Le groupe sain (natation et aviron) a été suivi pendant un an tandis que les rugbywomen ont été suivies pendant au moins deux ans.
Récolter les données
Pour récolter les données, certains athlètes, dont 37 rugbywomen, portaient des appareils pour enregistrer les impacts sur la tête durant les entraînements. Les mesures ont révélé que "70 % des joueuses de rugby ont subi en moyenne 3 impacts lors de deux entraînements et un match amical". Le porteur de l'étude a déclaré que "Bien que nous n'ayons examiné ces impacts que lors de quelques événements au cours de la saison, des recherches antérieures ont montré que ces types d'impacts infra cliniques peuvent s'accumuler au fil des années de participation à des sports de contact".
Il n'y a plus de débats sur le fait que lorsqu'un athlète reçoit un diagnostic de commotion cérébrale causée par un coup sec ou une chute, il y a une chance qu'il puisse contribuer à des changements cérébraux qui pourraient être temporaires ou permanents - Ravi S. Manon, auteur de l'étude.
Mais comment détecter ces commotions ? Durant la saison et l'inter-saison, les participantes à l'étude ont subi des IRM afin de voir si des molécules d'eau se déplaçaient dans la substance blanche (responsable de la propagation des informations dans le système nerveux). Les scientifiques ont également étudié la manière dont les différentes zones du cerveau communiquaient entre elles pour déterminer si des changements microstructuraux avaient lieu dans le cerveau.
Quels changements ?
Et ces changements microstructuraux étaient bien présents chez le groupe rugbywomen. Au fil du temps, les chercheurs ont découvert que des lésions étaient présentes dans les fibres nerveuses qui relient les zones du cerveau qui contrôlent les émotions de bases : peur, plaisir et colère. Pire, ces changements continuaient d'évoluer avec le temps, et ce, sans nouveau choc.
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Sur la temporalité, les chercheurs ont découvert qu'entre la saison de rugby et l'inter-saison, la microstructure du cerveau changeait "en particulier dans le tronc cérébral qui contrôle le flux de messages entre le cerveau et le corps". La connectivité (comment les zones du cerveau communiquent entre elles) a également été touchée : les zones qui contrôlent la récupération de la mémoire (cortex frontal) et celles du traitement visuel (lobe occipital) ne communiquent pas comme les nageuses ou les rameuses.
Les zones d'ombres
Si tous les dégâts provoqués par des commotions sont désormais prouvés et accompagnés par des mesures pour réduire ces chocs, il est démontré que les chocs entraînent "des changements subtils dans le cerveau des athlètes par ailleurs en bonne santé et sans symptômes". Cependant, certaines limites sont flagrantes dans cette étude. Tout d'abord, la longueur sur le cerveau. Si les joueuses ont été examinées durant 2 ans, les chercheurs ne peuvent pas savoir comment et en combien de temps le cerveau va réagir. L'autre limite concerne les commotions mêmes : toutes les commotions ne sont pas forcément diagnostiquées par le corps médical et le staff des joueuses.
