On a d'ailleurs pu le voir en équipe de France sous l'ère Philippe Saint-André et cela se produit aussi en club. Encore faut-il que le staff et le joueur concerné soient sur la même longueur d'onde. Précisons qu'il n'est pas fait mention du poste dans le contrat de joueur de rugby. On ne signe pas un contrat d'ouvreur. Et il n'y a pas une clause qui stipule par exemple que s'il devait y avoir une pénurie de demis de mêlée, un numéro 10 serait obligé de porter le numéro 9. Cela peut arriver, mais en accord avec les deux parties.
Le collectif prime sur l'individu
Que se passe-t-il par exemple si un joueur refuse d'évoluer à un autre poste pour des raisons sportives ? Peut-il être sanctionné par son club ? Le cas du Grenoblois Jonathan Best (32 ans) nous pousse à l'interrogation. Historique du club depuis ses années passées en Fédérale 1, et "indispensable" lors du retour en Top 14, il a vu son temps de jeu réduit à peau de chagrin cette saison. Pour le directeur sportif du FCG Fabrice Landreau via L'Equipe, les raisons sont multiples : la concurrence en troisième ligne (Diaby, Alexandre, Setephano), un profil plus adapté au jeu isérois (manque de vitesse, de dextérité ballon en main, etc) ou encore son activité "ambigu[e]" avec un média sportif local. Le technicien lui aurait alors proposé de glisser dans la cage. Mais Best, conscient de ses lacunes, aurait refusé, préférant rester à son poste de prédilection, contrairement à l'Australien Peter Kimlin.
Soit polyvalent et tais-toi ?
"S'il avait accepté ce rôle polyvalent, il aurait plus joué", estime Landreau. Pour ce dernier il y a eu une vraie "fracture" entre le joueur et l'entraîneur principal irlandais Bernard Jackman. Même s'il a accepté de dépanner en attendant le retour des 2es ligne de métier, Landreau a donné raison à son staff. "Le privilège de l'ancienneté ne donne pas une wild-card pour être titulaire à chaque match". Avant d'être aligné à Montpellier samedi (défaite 51-10), il n'avait pas joué depuis le 27 décembre dernier. Sa dernière titularisation (6 cette saison) remontant au 7 novembre. Jonathan Best aurait aimé qu'on lui témoigne plus de respect après 14 ans au club. "Comment ai-je pu passer de titulaire-capitaine à rien ?"
Le rugby professionnel ne fait plus dans les sentiments. Il n'est d'ailleurs pas le seul à avoir ciré le banc et regarder les collègues dans son canapé cette année. L'ancien Bayonnais Charles Ollivon (22 ans) a lui aussi rongé son frein à Toulon (10 matchs, 4 titularisations). Mais dans le cas de Best, cette mise au frigo a pris des allures de sanction pour certains supporters. Le 3e ligne n'est en effet pas du genre à avoir la langue dans sa poche. Sur les réseaux sociaux ou bien dans le vestiaire où il n'a pas hésité à dire que "ça ne se faisait pas de se séparer comme ça, du jour au lendemain" du coach des avants Sylvain Bégon, au club depuis 9 ans. Best ne devrait pas connaître le même sort puisqu'il lui reste une année de contrat. Il est cependant libre de partir même si les propositions des autres clubs ne se bousculent pas. S'il devait rester au FCG, il espère "que les compteurs [seront] remis à zéro".
@nicodupin2 en effet je me réserve pour etre frais
— Jonathan Best (@_JonBest_) 4 mai 2016