On a souvent coutume de dire (et de voir) que pour continuer de surprendre l'adversaire au milieu de phases de jeux de plus en plus aseptisées, les techniciens innovent en permanence. Combinaisons improbables en touche, demi de mêlée dans l'alignement, jeux au pied proche des lignes... l'on s'aperçoit régulièrement que les cerveaux des staffs sont en constante réflexion pour tenter de rester à la pointe d'un rugby en perpétuelle évolution. Pourtant comme diraient vos grands-mères, c'est toujours dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes ! Et ça, le Castres Olympique l'a bien compris.
Depuis l'arrivée de Pierre-Henry Broncan dans le Tarn, que fait le CO - entre autres - pour prendre de court ses adversaires ? Il sort des sentiers battus, pardi ! Comment ? Tout simplement en jouant les pénalités à 5 mètres de la ligne à la main, comme cela se faisait il y a 20 ans. Certains des plus grands spécialistes de ce jeu ayant bâti leur succès sur une conquête directe au carré et un jeu dans le désordre proscrit (coucou, Gatland, Jones et consorts) leur riraient au nez, vous dîtes ? Qu'importe, le champion de France 2018 a d'ores et déjà inscrit 8 essais de la sorte cette saison, dont 3 lors du seul match face à Bayonne en début de mois. Ce qui, pour la 12ème attaque du Top 14, représente près de 22% de ses essais ! Stupéfiant !
Mais alors comment les Tarnais ont-ils eu cette idée somme toute saugrenue à première vue ? Pour ça, on miserait probablement sur l'expertise de "PHB", qui a dû s'apercevoir de cette faille dans les défenses de l'Hexagone. Eh oui, maintenant qu'on vous le dit, cela paraît si simple : pour éviter des alignements de plus en plus performants et des défenses sur maul toujours mieux préparées à la retombée, les hommes du président Revol ont donc tenté le coup, lorsqu'elles sont à 5 mètres, de souvent jouer les pénalités à la main plutôt que d'aller en touche. Histoire d'éviter des mêlées à l'appréciation arbitrale souvent aléatoire, aussi. C'est donc là que le coup d'esbroufe s'effectue. Les Castrais, préparés à jouer ce genre de situations rapidement et collectivement, ont pour l'instant presque toujours un coup d'avance sur leurs adversaires, souvent les mains sur les hanches en attendant que le botteur tape en touche dans ce genre de situations. Ou tout simplement attentifs mais pas préparés à défendre efficacement face à un tel imprévu.
Cela s'est encore vérifié tout dernièrement chez un cador, le Racing, qui n'a lui non plus pas su défendre sur une phase de jeu pourtant pratiquée en Promotion Honneur. Alors que Castres n'arrivait pas à marquer, Kockott finalement décidé d'envoyer son char d'assaut Hounkpatin (131 kilos) au front, et voilà comment De Benedettis a franchi la ligne du 2ème du Top 14 dans un second temps. Puisque qu'on l'a remarqué, il est évident que les techniciens français l'ont fait aussi, et que le CO aura plus de mal à jouer les coups de la sorte prochainement, sans que les défenses n'aient trouvé une parade efficace pour éviter l'essai. Un stratagème qui devrait donc peu à peu s'estomper dans notre championnat... À moins que Castres n'ait finalement lancé une nouvelle tendance dans l'Hexagone ?