L'histoire se termine donc en eau de boudin. Un peu comme cela fut déjà le cas du côté de La Rochelle en 2018 et finalement à l'image de la tournure qu'elle semblait avoir définitivement prise ces derniers temps. Depuis le début de la saison, le bouillon toulonnais n'était en en effet plus vraiment à l'eau de rose. Mais en même temps, l'a-t-il déjà été depuis l'arrivée de Patrice Collazo à l'orée de la saison 2018/2019 ? Et par extension depuis plus longtemps, dans un club où rien n'est pareil ?
Toujours est-il qu'en ce mardi 26 octobre, le RCT annonçait se séparer de son manager général "d'un accord commun". La fin d'une collaboration - malgré tout - houleuse entre l'enfant de La Seyne et son club professionnel de coeur, marquée par quelques joies, mais aussi beaucoup de déceptions, d'incompréhensions, et de coups de gueule. En fin de saison dernière, à l'issue d'un exercice achevé à la 8ème place, l'ancien pilier de 47 ans avait d'ailleurs annoncé avoir songé à partir, avant d'expliquer que "quand on est d'ici, ce ne peut pas s'arrêter comme ça". Dans la foulée, il détaillait la nouvelle stratégie du RCT. Une stratégie dont on aura finalement bien eu du mal à imaginer les contours. Et ce quand bien même quelques circonstances atténuantes furent à mettre au crédit de "Pat", démuni à certains postes, bouffi de très jeunes joueurs et qui n'aura jamais pu voir la couleur de garçons comme Ollivon, Kolbe, Etzebeth ou Serin cette saison...
Toulon n'est pas La Rochelle
Oui mais voilà, cela n'explique pas tout. Car si la situation du RCT s'est corsée ces derniers temps, lui qui réalise le pire début de saison depuis sa remontée en 2008 (13ème après 8 journées, avec seulement 2 victoires), rappelons que celle-ci n'a jamais été au beau fixe depuis l'arrivée de Patoche. Les concours de circonstances, le Covid et le changement de direction en plein mandat n'ont bien sûr pas aidé, c'est certain. Mais cela s'explique pas tout : sous l'ère Collazo, le RCT n'a jamais obtenu rien de mieux en Top 14 qu'une 8ème place. Et si, après des débuts balbutiants, on entendit que le projet était bâti pour l'avenir et se construirait autour des jeunes formés au club, la vérité est que les résultats, eux, ne furent pas là.
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Et que quand Mourad Boudjellal rendit les armes puis que Toulon réalisa alors ses meilleures performances depuis de longs mois, la pandémie stoppa sa dynamique. Une dynamique que le club varois ne retrouva que durant les premières semaines du retour à la compétition, marquée par une finale de Challenge Cup comme point d'orgue des années Collazo, pourtant perdue face à des Bristol Bears (19 à 32) privés d'une bonne demi-douzaine de cadres.
La suite redevint terne, peu fluide et bien sûr en manque de résultats... jusqu'à la finalité que l'on connaît désormais. La résultante ? Elle est simple : c'est que Collazo n'aura jamais réussi à réimposer la patte qu'il avait imprégnée du côté de La Rochelle. Eh oui, la Charente-Maritime n'est pas le Var - l'intéressé le sait mieux que personne - et en 3 ans à Mayol, l'ancien toulousain n'aura jamais réussi à replacer le RCT en tant que place forte du rugby français. Il n'aura pas non plus ramené le moindre titre à Toulon ni offert de quelconques phases finales en championnat, et c'est peut-être là le plus grave dans l'esprit des locaux.
C'est ce qui fait probablement aussi que les supporters demandaient sa tête depuis quelque temps, là où d'autres auraient peut-être eu le droit à davantage de temps cette saison, compte tenu des circonstances. En ce sens, nul doute que le caractère bien trempé de (l'ancien) manger varois et en quelque sorte sa déresponsabilisation permanente auprès des joueurs auront également contribué à causer sa perte.
Qui pour la succession ?
Longtemps pourtant, l'on crut que la confiance quasi-aveugle qu'accordait Monsieur Lemaître à son entraîneur en chef braverait toutes les intempéries. Aussi que le contrat en béton qu'unissait Collazo au RCT (allègrement plus d'un demi-million par an) le maintiendrait à flot quoi qu'il arrive, tant licencier celui qui avait signé jusqu'en 2025 aurait coûté cher. D'ailleurs, l'arrivée annoncée de Frédéric Michalak en tant que simple consultant allait une nouvelle fois dans ce sens. Mais les 40 points encaissés à La Rochelle dimanche furent donc ceux de trop. Une nouvelle fois et comme un symbole, c'est un ultime match à Deflandre qui sera venu définitivement couper l'herbe sous le pied de Patrice Collazo.
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Dès lors, qui pour le remplacer ? On ne vous apprendra rien en vous disant qu'au vu de sa cote sur le marché et des échos qui circulent depuis plusieurs semaines, Franck Azéma fait figure de favori. Xavier Garbajosa représente aussi une option crédible, mais il ne serait pas l'option privilégiée sur la Rade, statut octroyé à l'ancien clermontois d'autant qu'il aurait (enfin) reçu ses documents de rupture de contrat avec l'ASM. S'il fut parfois critiqué durant ses années auvergnates pour le manque "d'esprit tueur" de son équipe, n'oublions pas que le Haut-Savoyard a fait pratiqué l'un des jeux les plus aérés de notre championnat à Clermont durant des années. Qu'il rapporta également un titre de champion de France sur la place de Jaude en 2017 ainsi qu'une Challenge Cup en 2019. Sans oublier qu'il était également du titre de l'USAP en 2009...
Malgré tout, à l'heure d'écrire ces lignes, rien n'est encore acté. Si ce n'est que c'est l'entraîneur des avants James Coughlan qui prendra les rênes de l'équipe pour la réception de Biarritz ce vendredi. Le matin même, Bernard Lemaître devrait nous en apprendre plus lors de la conférence de presse qu'il donnera depuis le RCT Campus. Aura-t-il fait son choix ? Probablement. Et attention, on le répète, à Toulon rien n'est pareil...
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