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Top 14 - Comment expliquer la multiplication des centres utilisés en 3ème ligne, et inversement ?

Ces dernières années, le repositionnement de centres en 3ème ligne (et inversement) est relativement marquant en Top 14. Avec de nouveaux exemples cette saison.

Theo Fondacci 21/09/2021 à 16h30
Botia, Dakuwaqa, Bastareaud, Veredamu... Ils sont nombreux à jongler entre centre et 3ème ligne.
Botia, Dakuwaqa, Bastareaud, Veredamu... Ils sont nombreux à jongler entre centre et 3ème ligne.

C'est une tendance qui n'en est pas vraiment une. Pourquoi ? Parce que la chose ne date d'aujourd'hui mais plutôt d'hier, de l'ère Patrice Collazo à La Rochelle, pour être plus précis. À l'époque, le manager maritime sent bien que son point d'ancrage au centre du terrain, Levani Botia, a les qualités pour jouer devant. Comme d'autres, d'ailleurs. Mais "Pat" a le culot que d'autres n'ont pas et tente le pari de faire jouer le Fidjien au poste de flanker. Initié lors d'un match à Toulouse en début d'année 2017, "Leps" continuera d'y évoluer de temps en temps, formant une 3ème ligne de feu avec Gourdon et Vito. Un ajustement tactique davantage prévalent sous la tutelle de Collazo, puisque Botia n'a rejoué en 6 qu'une seule fois depuis le départ de son ancien coach pour le RCT, mais qui en a - directement ou non - engendré d'autres.

Le natif de La Seyne-sur-Mer avait t-il lancé un mouvement ? Difficile à dire. Mais il s'y est depuis réessayé avec le Fidjien Masivesi Dakuwaqa, ailier au gabarit colossal (1m90 pour 116kg) peinant à être à son aise dans son couloir, mais qui a ensuite exprimé toutes ses qualités physiques et athlétiques une fois repositionné devant. D'ailleurs, coïncidence ou non, l'ancien de la Western Force n'a pour l'instant joué que 3ème ligne depuis son arrivée à Montpellier durant l'intersaison. Dans le même sens, l'on pourrait également citer les dreadlocks les plus connues de l'Hexagone, à savoir celles de Mathieu Bastareaud, officiellement reconverties en numéro 8 depuis son arrivée à Lyon en 2019. Ou encore Josua Tuisova, régulièrement utilisé en troisième ligne centre par Pierre Mignoni la saison passée, surtout en sortie de mêlée afin de bénéficier du démarrage de Ferrari et de la puissance de taureau de son Fidjien de 27 ans (1m81 pour 113kg).

Une évolution des gabarits ? Des tâches demandées ?

Mais alors à quoi cela est-il dû ? L'équation est complexe et à multiples inconnues. On pourrait bien sûr faire le lien immédiat avec l'évolution physique du rugby et la multiplication des gabarits colossaux lors des 10 dernières années, laissant à penser que c'est la prolifération des "tanks" au centre du terrain notamment qui inciterait finalement à tenter de faire jouer son 12 ou son 13 dans le paquet d'avant. Certes, mais si l'un et l'autre sont éminemment corrélés, n'est-ce pas plutôt l'évolution du rôle des centres aujourd'hui, souvent forts sur l'homme et très bons au grattage, qui a engendré le phénomène ? C'est toute la question de l'oeuf ou de poule...

Mais une chose est sûre : les tâches demandées à un centre dit "fer de lance" sont relativement plus complètes (ou complexes, c'est selon) qu'au début de la dernière décennie, et c'est ainsi que les simples autobus ont parfois du mal à prospérer au haut niveau aujourd'hui. On retrouve donc des profils d'avantages complets et n'est-il pas relativement récent de voir des trois-quarts centres aussi à l'aise que leurs troisièmes lignes dans le jeu au sol ? Ainsi, avec son numéro 13 dans le dos, Matthieu Bastareaud fut pendant un moment le meilleur gratteur des Bleus, quand Levani Botia est le maître in extenso du secteur côté rochelais. D'ailleurs, Tuisova, Dakuwaqa ou Jonathan Danty disposent eux aussi de cette qualité. À ce jour, seul l'ancien parisien n'a jamais troqué son numéro 12 contre un maillot à un seul chiffre...

Et puis, et puis, dernier élément toujours dans le sens de l'évolution du jeu : la vitesse et la dextérité. Depuis peu ou prou l'entre-deux des Mondiaux 2015 et 2019, nombre d'observateurs s'accordent à dire que la priorité au jeu de mouvement est de retour sur les terrains du très haut niveau (hormis en Afrique du Sud). Au vrai, disons plutôt que si les physiques bodybuildés sont toujours légion, l'idée est davantage tournée vers des profils hybrides, alliant forte vitesse, gros impact physique et si possible, aisance technique. Voilà peut-être l'une des raisons pour lesquelles un garçon comme Mathieu Bastareaud (encore lui) ne fit jamais l'unanimité au centre, fut même sacrifié sur cet autel par Guy Novès puis Jacques Brunel (ou plutôt Fabien Galthié...) et demeure pourtant depuis indéboulonnable en numéro 8 dès lors qu'il n'est pas blessé du côté du LOU. Ou que d'autres joueurs au profil plus casse-brique que pianiste sont régulièrement davantage performants devant que derrière. A ce sujet, Jonathan Danty ne pratique-t-il pas le meilleur rugby de sa carrière depuis qu'il a avoué avoir énormément travaillé à faire évoluer son jeu sous la houlette de Gonzalo Quesada ? Poser la question, c'est y répondre...

Une réciproque pas complètement fausse

Le Top 14 aurait donc de nombreux troisièmes lignes cachés dans sa manche et cela ne va que dans un sens, vous dîtes ? Même pas ! Certes, la réciproque est techniquement plus difficile, mais vous avez forcément dû avoir écho du premièr match du septiste Tavite Veredamu au LOU, lui qui fut titularisé en numéro 13 face à Clermont et dont on parle aussi comme un potentiel ailier, si la situation le démandait du côté de la cité rhodanienne... Ou vous souvenir que l'Auvergnat Peceli Yato a déjà dépanné au poste de centre en cours de rencontre dans un passé pas si lointain, de même que Selevasio Tolofua, qui a lui carrément joué à ce poste jusqu'en Crabos ! Alors centres, troisièmes lignes, destins liés ? 

Ecolorado Rafting
Ecolorado Rafting
Mathieu Bastareau a peut être été mal positionné dès le départ....
Michne
Michne
J’ai l’impression que ça toujours été le cas, un 3eme ligne adroit et rapide a les qualités pour jouer 3/4 et réciproquement un 3/4 rablé peut se retrouver au pack; il y a bien longtemps Narbonne faisait jouer au centre Viard, un grand 3eme ligne; je pense que c’était quand Barrière les entraînait. Et il y a bien d’autres exemples...
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