Top 14. Toulouse. Clément Castets, parti pour mieux régner ?Nous vous parlions il y a quelques jours du cas Clément Castets, en partance pour le Stade Français pour probablement mieux régner et s'exposer aux yeux du staff des Bleus. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle de son ancien demi de mêlée Sébastien Bézy, parti lui aussi du Stade Toulousain pour une place de numéro 1 et tenter de faire prendre une nouvelle dimension à sa carrière. Ce qui lui a profité puisque c'est sa superbe première partie de saison à la mêlée de Clermont accouplée aux concours de circonstances du calendrier qui lui ont permis, in fine, de retrouver les Bleus, plus de 4 ans après les avoir quittés. De fait, puisque les cas du genre ne sont pas légion, nous avons choisi de mettre en lumière aujourd'hui les garçons très méconnus voire carrément inconnus (encore en activité) qui ont choisi de s'exiler pour tenter de faire décoller leur carrière. Avec, en Top 14, des réussites qui dépassent parfois le champ du réel...
Fritz Lee
Difficile de trouver meilleure acclimatation au championnat français que le troisième ligne néo-zélandais, arrivé dans l'Hexagone à 25 ans en tant que sombre inconnu, et qui culmine aujourd'hui - à 32 ans - à 176 matchs pour Clermont et un statut de légende du club. Lee, c'est entre autres 8 saisons à l'ASM et autant d'exercices pleins, des dizaines de capitanats, des centaines de tubes et 36 essais marqués. Mais plus encore que les chiffres, c'est l'aura du garçon d'origine samoane sur ses coéquipiers qui est incommensurable. En Auvergne, une fois les matchs couperets venus, on couche d'abord le nom de Fritz Lee sur la feuille et ensuite on avise pour le reste. Et ça, c'est à peu près l'exact opposé de ce qu'il était en Nouvelle-Zélande, où il a dû attendre 4 saisons en ITM Cup pour pouvoir faire ses débuts en Super Rugby, avant de ne disputer finalement disputer que 21 matchs en 3 ans avec les Waikato Chiefs, barré par Scott Waldrom puis Liam Messam en 8. Si notre liste était un classement, il obtiendrait probablement la 1ère place !
Champions Cup. Fritz Lee, de joker médical à pierre angulaire de l'ASM
Cheslin Kolbe
Et lui alors ? LA star de notre série. Vous connaissez tous son parcours exceptionnel : le petit Cheslin était déjà un phénomène en Afrique du Sud, où il cassait les reins à la pelle comme il continue de le faire depuis, en témoignent ses nombreux exploits ballon en main avec les Baby Boks, puis la Western Province et les Stormers. Seulement voilà, trop petit et trop frêle (1m71 pour 77kg) pour son pays d'origine, lui qui ne fait par coutume les yeux doux qu'aux golgoths bodybuildés, Kolbe choisit l'exil et la France, à pas encore 25 ans. Les moins avertis pensent voir arriver là un sudiste anodin de plus, les plus avisés savent que Toulouse vient de dégoter un phénomène. Mais dans la Ville rose, même ceux-là vont être surpris par la tournure que va prendre la carrière de ce petit ailier casqué. Ultra-rapide, doté certainement des appuis les impressionnants de la planète ovale et aussi inspiré dans son placement que bon en défense, Kolbe explose littéralement dans l'Hexagone. Jusqu'à être appelé par les Springboks moins d'un an après son départ (quelle revanche !), rafler tous les trophées que peut offrir le Top 14, glaner un titre de champion du monde dans la foulée et devenir LE chouchou du championnat. Considéré par beaucoup comme le meilleur ailier(/joueur) du monde depuis plus de 2 ans, le natif du Cap a déjà inscrit 30 essais en 70 titularisations avec le Stade et tout le reste... Tenez-vous bien, à 27 ans, il paraît que ce n'est - encore - que le début !
Ma'ama Vaipulu
Probablement l'un des joueurs les plus taiseux de notre championnat, et pourtant pas des moins précieux. "Mama" comme le surnomment les Castrais, est arrivé dans le Tarn sur la pointe des pieds, comme à son habitude, malgré une imposante silhouette (1m90 pour 122kg) que sa discrétion peinait à cacher. Déniché par les recruteurs du CO alors qu'il n'a dans l'escarcelle que 6 petites titularisations en Super Rugby, ces derniers ont pourtant eu du flair. Car après quelques mois à s'acclimater à une vie bien différente des contrées qu'il avait l'habitude de fréquenter dans les forêts néo-zélandaises, ce chasseur de sangliers s'impose ensuite comme un des hommes de base du système de Christophe Urios. Un féroce combattant, très rude à l'impact, parfait alter-ego d'Alex Tulou et dont les performances lui permettent d'ailleurs d'être titulaire lors de toutes les phases finales du titre de champion de France 2018. 66 matchs de Top 14, 48 titularisations, 12 sélections avec les Tonga depuis son arrivée en France : une valeur (très) sûre de notre championnat.
Pita Ahki
De perdu pour le rugby à régulateur du Stade Toulousain, Pita Ahki, ce phénomène de l'ombre
On posait la question il y a de cela quelque mois : est-ce lui, le joueur le plus sous-côté de notre championnat ? Car au milieu des stars toulousaines Dupont, Ntamack, Kolbe et consorts, s'il y en a bien un qui est le régulateur de la ligne de 3/4 du Stade, c'est Pita Ahki. Excellent défenseur, attaquant robuste et inspiré, le beau-frère de Luke McAlister est surtout un garçon qui ne déçoit jamais, à l'image de ses performances de ces deux dernières semaines en coupe d'Europe. Aussi rassurant avec ballon que sans, il est le titulaire indiscutable en numéro 12 sur les bords de la Garonne ; un homme de base du groupe d'Ugo Mola. Pourtant, qui connaissait ce Néo-zélandais lors de son arrivée en France il y a presque 3 ans, hormis les fanatiques du Sevens ? Probablement personne, en dehors de ce qui pensaient que Pita Ahki et Bundee Aki étaient la même personne. S'il est bien passé un an par l'Irlande avant de poser ses valises dans l'Hexagone, son statut n'avait changé en rien là-bas, la faute à un genou en vrac et seulement 5 petites titularisations avec le Connacht. En Nouvelle-Zélande ? Rien de plus folichon, puisque Ahki était plutôt cantonné à l'ITM Cup (40 matchs, 31 titus') qu'à l'élite que représente le Super Rugby (14 matchs, 8 titus'). Une ascension phénoménale en France, donc, pour celui n'aurait à coup sûr jamais eu le statut dont il dispose aujourd'hui s'il n'avait pas quitté sa terre natale...
Alex Tulou
À l'image de Fritz Lee, Tulou aussi est devenu l'un des vieux routiers de notre championnat alors que rien ne l'y prédestinait. Pour rappel, ce sont les recruteurs du CSBJ qui avaient flairé le bon coup en 2010 en engageant ce troisième ligne de 23 ans, dont les matchs de Super Rugby comme d'Air New Zealand Cup (ancienne ITM Cup) se comptaient sur les doigts de la main. Pourtant, après des débuts déjà tonitruant en Top 14, le natif des Samoa américaines débarqua à Montpellier en tant que joker médical l'année suivante, avant de surclasser tous ses concurrents au poste et de s'imposer comme l'un des meilleurs joueurs du championnat. Après des années à briller dans l'Hérault et alors que l'arrivée de Jake White sonna le glas de ses heures fastes chez les Cistes, Tulou pris la direction du Tarn en 2015, où l'attendait un club familial comme il les aime. Là, il y brilla peut-être encore plus que dans ses équipes précédentes, en étant le véritable fer de lance du CO et en remportant notamment le titre de 2018 avec lui. Aujourd'hui à Lyon pour terminer une carrière (34 ans) ayant débutée en France il y a 11 ans déjà, ce garçon toujours souriant et passionné de musique est également l'avant ayant inscrit le plus d'essais dans l'histoire du Top 14, avec 50 réalisations en 214 matchs (dont 146 titularisations). Gi-gan-tesque !
Auraient également pu être cités dans une moindre mesure : Zack Holmes, Rynhardt Elstadt, Jack McIntyre,Tony Ensor, Malietoa Hingano, et bien d'autres...