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Suspendu par l'IRB, le rugby camerounais est au point mort

Des dysfonctionnements au sein de la fédération camerounaise de rugby ont contraint l'IRB à suspendre le Cameroun. Le rugby y est aujourd'hui au point mort.

Thibault Perrin 06/12/2013 à 15h30
Suspendu par l’IRB, le rugby camerounais est au point mort.
Suspendu par l’IRB, le rugby camerounais est au point mort.
Alors que l'on pensait que la politique de l'IRB était en partie de promouvoir le rugby dans le monde et à ce titre d'aider les nations mineures, le site Africatopsports nous apprend que cette dernière a décidé, lors de son conseil exécutif du 10 octobre 2013 à Vancouver au Canada, de suspendre le Cameroun. Une sanction administrative et financière qui pénalise grandement ce pays d'Afrique centrale et occidentale et sa fédération. Laquelle avait précédemment été suspendue par la Confédération africaine de rugby (CAR). Malheureusement pour les acteurs de la discipline, aujourd'hui privés de toutes compétitions, il apparaît que la Fecarugby (créée seulement en 1997) n'a pas respecté certains de ses engagements en tant que membre de l'International Board. Cette dernière lui reproche en effet un « manque d'activité et [un] non-respect de critères basiques », tel que l'obligation de présenter des demandes de subventions.

Le Cameroun aurait également accumulé des dettes (plus de 85 000 euros) après n'avoir pas participé « à trois tournois organisés par la CAR » : celui rugby à 7 de Marrakech en 2011, l'AC1C 2012 Botswana et le 7 féminin 2012 à Rabat. Ajoutez à celui une élection pour la présidence de la fédération camerounaise un brin houleuse du « président de la Fécarugby, Patrice Monthé, (qui) n'a cessé de crier au complot contre sa personne » après les injonctions de la CAR, et vous obtenez une suspension du statut de membre de l'IRB à l'initiative de cette même Confédération africaine. Une situation particulièrement difficile à vivre pour les rugbymen qui n'ont presque pas joué de matchs depuis deux ans. Africatopsports rapporte également que Monthé aurait été déchu par le ministère des sports et de l'éducation physique pour « fautes de gestion » alors que plus de 120 000 Euros manquent à l'appel. Une somme qui aurait dû être utilisée pour « l'organisation du tournoi qualificatif au championnat d'Afrique des nations ». Autrefois soutenu par un mécène, l'entrepreneur Français Jean Rémy Martin, le Cameroun a finalement vu ses caisses se vider petit à petit. « Les comptes doivent être à jour et l'état doit être associé dans la structure et non marginalisé comme sous Monthé » indiquait la fédé via sa page Facebook à la fin du mois de novembre.

Désormais, le rugby camerounais doit tout reconstruire et repartir de zéro alors qu'il n'y a plus de championnats ni de Coupe. Les clubs, comme le Bataillon d'intervention rapide, se contentent donc d'entraînements et de rencontres amicales. Une triste réalité alors qu'à son arrivée à la présidence de la Fécarugby, Patrice Monthé ambitionnait de développer le rugby. Un stade de rugby avait même été construit, « le premier du Cameroun, à la sortie sud de la capitale économique, Douala. » Le temps où ce pays rêvait de se qualifier à la Coupe du monde est bien loin alors qu'aucune compétition locale n'est pour le moment organisée.

Un article réalisé à l'aide du dossier d'Africatopsports.
Aneto
Aneto
Au moins ça c'est fait!
Cedirak
Cedirak
ça pourrait être interessant d'avoir l'avis de joueurs camerounais qui jouent en France comme Robins Tchale-Watchou, Arnaud Tchougong, Bernard N'nomo ou Gambo Adamou, non?
rugbylee40
rugbylee40
Dommage. Plus facile d'exclure que d'épauler. Pourtant le rugby peut être un ascenseur social dans ce pays pauvre. Et il y a de beaux poulets là-bas. Du costaud et du rapide. L'IRB bafoue sa mission. 0 pointé Lapasset.
CedricH
CedricH
Merci beaucoup pour cet article très complet. C'est très inquiétant. Il y a quelques années, le rugby espagnol a failli subir la même chose (sur tous les points évoqués ici, sauf la participation au VI Nations B). J'ai vu de l'intérieur que la situation de l'Espagne était très compliquée, alors je n'ose imaginer celle du Cameroun. L'IRB doit réagir, mais l'organisation est complètement en dehors des réalités du pays. Ce n'est pas la sanction financière ou la (menace de) révocation qui va apporter des solutions. Il faut dépêcher des gens là-bas pour comprendre ce qu'il se passe puis prendre en main la situation jusqu'à son assainissement. Quand l'IRB se rendra compte qu'elle devra - en suivant les règlements toussa toussa - procéder de la même manière avec les Fidji, elle réalisera qu'elle est dans le faux et s'enlise dans une gestion catastrophique depuis bientôt 10 ans...
quentin2dakar
quentin2dakar
@Delair : le problème est bien là, c'est que l'IRB a payé pour que le Cameroun présente une équipe. Et c'est la fédé camerounaise qui n'a pas envoyé d'équipe. Donc du coup pas de match non plus pour la sélection nationale... Maintenant il va falloir reconstruire en réussissant à trouver des solutions aux "problèmes" qui ont donné cette situation. Et là c'est pas gagné parce que j'imagine que dans ces "problèmes" il se trouve des personnes qui ne sont pas forcément prêtes à laisser la main... Et puis un des vrais problèmes interne à la fédération, c'est que les clubs vivent sous perfusion de la fédé, et comme le Cameroun est un grand pays de rugby, le championnat fait s'affronter des équipes qui sont très loin l'une de l'autre, avec des coûts de déplacement élevés. Si je me souviens bien de la discussion que j'avais eu avec un des DTN qui était au Sénégal pour la coupe d'Afrique féminine en 2011, il me disait qu'il y avait près de 20 millions de CFA de coût de déplacement des équipes par mois (ou semaine je ne sais plus) à la charge de la fédération. Or s'il n'y a pas de gros sponsors qui financent, la fédé ne peut pas trouver une telle somme dans les subventions diverses qu'elle touche pour l'organisation des compétitions.
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