Arbitres, joueurs, tous coupables ?
Mais qui blâmer face à ce manque de spectacle ? Pour Hansen, les entraîneurs comme les joueurs ont une part de responsabilité. « Nous cherchons tous à être en place défensivement le plus rapidement possible, mais je pense que nous sommes probablement allés trop loin ». En référence aux montées défensives de plus en plus rapide sur le porteur de balle, le coach des Blacks estime que c'est aux arbitres et aux juges de touches d'être plus attentifs et de sévir en cas d'infraction, ainsi qu'aux acteurs de faire plus d'efforts pour être derrière la ligne de hors-jeu. « Plus personne ne veut prendre le moindre risque. S'ils envoient la balle au large, ils seront bloqués sur la ligne d'avantage. À l'heure actuelle, tout est fait pour que la défense inhibe les actions offensives. » Hansen d'évoquer ces joueurs qui perdent leurs appuis au moment de gratter le ballon, ou bien qui sont autorisés à avoir une main au sol pour le faire. Le ballon ainsi ralenti, les défenses ont le temps de se mettre en place. « Positionnée bien au-delà d'où elle devrait être, il n'a plus d'espaces exploitables. » Un comble quand on sait que l'expert en la matière n'est autre que le All Black Richie McCaw.
« Chaque mêlée se termine sur une pénalité. Chaque ruck consiste à ralentir le ballon. C'est ça le rugby ? »
D'ailleurs, c'est une situation que l'on trouve aussi bien dans l'hémisphère nord que sud. « C'est un problème global. Si nous ne faisons rien, les matchs vont devenir de plus en plus ennuyeux. » Après trois journées dans ce Tournoi des 6 nations 2015, on ne peut cependant s'empêcher de constater que les nations européennes semblent bien plus engluées dans cette problématique avec des équipes très physiques et combatives, « c'est la nature du rugby ici, remarque Steve Hansen. Je n'ai vu aucune équipe tenter de faire vivre le ballon, parce qu'elles savent qu'elles ne peuvent pas. La stratégie consiste à prévoir le bon coup de pied pour remporter la partie. » En témoignent les prestations de l'Irlande.
Les instances doivent réguler les zones d'affrontement
Il s'inquiète de voir de plus en plus de centres tenter de passer en force et de moins en moins d'essais inscrits derrière une mêlée ou une contre-attaque. « Chaque mêlée se termine sur une pénalité. Chaque ruck consiste à ralentir le ballon jusqu'au moment où on ne peut plus attaquer. Il faut alors passer par le pied. C'est ça le rugby ? Avec des contests plus rapides et plus propres, les défenses seraient déstabilisées. Il serait impossible d'avoir autant de joueurs dans les rucks sous peine d'être puni. » Alors que la mêlée a subi de nombreuses modifications, il regrette que les instances ne portent pas plus d'attention à ces phases de jeu. « Il y a probablement 18 mêlées par match. Et combien de rucks ? 300 ? »
Les lecteurs du site gallois ont un avis très tranché puisqu'ils estiment à 85 % que le rugby risque de devenir de plus en plus ennuyeux. Le partagez-vous ?
Crédit image : Wales Online