"C'est un joueur qui depuis maintenant deux saisons sort de belles performances. Il a beaucoup d'aisance ballon en main. C'est un très bon numéro 10 qui est en train de mûrir très vite et faire de bons matchs." Ce très bon ouvreur dont parle le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié, ce n'est pas le Bordelais Matthieu Jalibert mais ça aurait pu être le Lyonnais Léo Berdeu. Qui a été très en vue avec Agen avant de retrouver le maillot du LOU. Non celui que l'homme fort des Bleus complimentait après le succès de la Section Paloise sur Montpellier lors de la première journée de Top 14, c'est Antoine Hastoy. "C'est forcément très flatteur, a confié ce dernier à l'évocation des mots du sélectionneur. Ça fait plaisir et ça pousse à travailler encore plus. Qu'il continue à me regarder." Le Palois est ambitieux. Et pour cause, si Pau est deuxième du classement avec deux victoires en autant de rencontres, il n'y est pas étranger. Titulaire à deux reprises, il a joué l'intégralité des matchs et marqué 32 points avec un essai inscrit, sept pénalités et trois transformations.
Si certains le découvrent, du côté du Hameau, le Bayonnais d'origine est loin d'être un inconnu. Ses débuts pros en Top 14, il les a fait en 2016 à la faveur de deux déplacements. Il n'avait pas encore 20 ans mais a su attendre patiemment sa chance. L'année suivante, il connaissait sa première titularisation face à Clermont à Marcel Michelin. Il jouera pas moins de cinq rencontres de championnat et autant de Challenge Cup. La Coupe d'Europe comme rampe de lancement pour les jeunes. Antoine Hastoy a su en profiter pour se montrer. Comme il a su saisir sa chance en 2018/2019 pour s'installer à l'ouverture suite aux blessures des All Blacks Colin Slade (genou) et Tom Taylor (adducteurs). Résultat : 20 matchs, 10 titularisations pour un total de 2 essais et 13 pénalités en Top 14. Auxquels, il faut ajouter six matchs de Challenge Cup (4 titularisations).
Un temps de jeu qui va considérablement augmenter en 2019/2020. Sans l'arrêt de la saison pour cause de Covid-19, on peut imaginer que ses stats auraient été encore plus parlantes. De 26 minutes en 2015/2016, il est passé à 1132 lors du précédent exercice. En seulement 17 journées (14 titularisations), il a inscrit 34 pénalités et transformé 16 essais. Il a ainsi terminé cet exercice raccourci à la troisième place des meilleurs réalisateurs de la saison. Mais Hastoy n'est pas qu'un excellent buteur. Il aime le jeu et porter le ballon. On l'a vu face au MHR avec une belle très belle course qui a conduit à l'essai de Le Bail à la 23e, raffutant au passage Yacouba Camara. Vitesse, vista et cannes, un profil de joueur qui préfère jouer dans l'espace plutôt que d'aller tout droit qui pourrait donc plaire à Fabien Galthié.Crédit vidéo : France 3 Nouvelle-Aquitaine
Hastoy partage le rêve de tous les joueurs français, à savoir jouer en équipe de France. En 2018, il confiait ses ambitions tout en sachant que le chemin était encore long. Et si vous lui demandez s'il préfère avoir une sélection avec les Bleus ou bien soulever le Brennus, il vous répond que les deux sont un rêve. Son chemin a débuté à l'âge de 5 ans sur les pelouses du Béarn sous les couleurs de l'école de rugby de l'Asptt Pau et qui s'est poursuivi au RC BAL. Fan de Dan Carter, il a toujours voulu jouer au poste d'ouvreur. "C'est là où je me sens à l'aise. C'est celui qui organise le jeu." En l'espace de deux saisons, celui qui a déjà porté le maillot tricolore chez les jeunes, a considérablement réduit la distance qui le sépare de Marcourssis.
Crédit vidéo : Rugby Video
Mais la concurrence au poste d'ouvreur est rude et son manque de polyvalence pourrait lui être défavorable notamment face à des profils comme Carbonel (RCT), double champion du monde et capable d'évoluer au centre. Mais tandis que le Toulonnais était au repos suite à une commotion, Hastoy marquait 21 points lors de la victoire paloise sur Agen (33-23). Des performances qui, s'il les enchaîne de manière régulière, pourraient lui ouvrir les portes du CNR. Le sélectionneur tricolore veut de la continuité dans le groupe mais il a aussi indiqué qu'il ne fermait pas la porte à des joueurs qui pourraient surprendre. Avec le départ de Colin Slade pour le Japon, Antoine Hastoy a désormais les clés du jeu palois. Numéro 1 à l'ouverture, il ne semble pas pour autant subir la pression. Une autre corde à son arc. "Que tu sois n°1 ou pas n’est pas essentiel. Le principal, c’est d’être toujours performant. Je ne me projette jamais sur le long terme. Ce qui compte, c’est le match d’après", a-t-il récemment confié à Sud-Ouest. Rendez-vous donné le 3 octobre prochain à Brive.
