"Je sens que cette équipe a le potentiel d'accéder au Top 4 ou 5". Cette équipe, c'est celle de rugby à 7 française, pourtant habituée à végéter aux abords de la 10e place du circuit mondial de Seven. Et celui qui pense que les Bleus peuvent venir bousculer la hiérarchie de la discipline, ce n'est autre que le coach qui a permis aux Fidji d'être champion olympique à Rio en 2016, Ben Ryan. Si l'Anglais donne son avis sur les Tricolores, c'est parce qu'on le lui a demandé. Depuis septembre, l'ancien gourou des Fidjiens est au chevet de France 7 en tant que consultant. Si le partenariat est concluant, Ryan pourrait même accompagner les Bleus jusqu'aux Jeux de Tokyo en 2020.
Ben Ryan via Worldrugby.org
Si la FFR a donné les rênes de la sélection à un technicien français, en l'occurrence Jérôme Daret, suite au mandat de Frédéric Pomarel, elle n'a pas hésité à aller chercher des compétences ailleurs pour permettre à l'équipe de France de progresser. Le nouveau sélectionneur voit d'ailleurs l'arrivée de Ryan comme un atout via le site de la FFR : "Il possède une expertise du système en général, ça doit nous profiter." Il ne faut pas y voir un aveu d'impuissance de la part de la Fédération mais plutôt l'envie d'aller de l'avant. Pour l'heure, l'équipe de France est en retard par rapport à la concurrence et surtout aux moyens mis en oeuvre. S'il n'a assisté qu'à un stage et à une seule compétition (à Munich), Ryan a ciblé les forces et les faiblesses des Bleus pour les avoir étudiés aussi bien lorsqu'il a coaché l'Angleterre (2007-2013) qu'avec les Fidji (2013-2016).
Si je devais écrire un rapport sur la situation, je dirais que la France avait de bons joueurs, mais qu'ils étaient incroyablement irréguliers. Lorsque la France était sur une bonne vague, elle gagnait en confiance et elle commençait à gagner des matches. Cette confiance a donc beaucoup à voir avec leur mental.
Le technicien anglais estime que les Français se sous-estimaient peut-être par rapport aux nations majeures. Mais il est persuadé qu'ils ont leur place en haut du classement. "De mon point de vue, ils sont au même niveau que les joueurs anglais. Les Anglais sont allés au-delà du Top 8 les deux dernières saisons et il n'y a aucune raison pour que les Français ne soient pas aussi bons que les Anglais." Bien évidemment, cela passera par du travail. S'il a eu de bonnes choses en Allemagne récemment, avec notamment plus de offloads et une défense plus haute, il sait que le diable est dans les détails. On reprochait parfois à Pomarel d'être trop conciliant avec ses joueurs, mais lui ne compte pas les ménager. "Je suis à un point de ma carrière où je ne mets pas de gants, je vais leur dire exactement ce que je constate. Je peux très vite voir les ajustements à faire sur et dehors du terrain et ça peut faire toute la différence." Cet œil extérieur, le XV de France en aurait aussi bien besoin.