Cet automne, les Japonais ont respecté leur réputation face à la Nouvelle-Zélande. Échouant de seulement 7 petits points, les Asiatiques ont proposé un rugby plaisant et offensif. Face à la France ce 20 novembre à Toulouse, ils souhaiteront prolonger les espoirs régulièrement placés en eux. Cependant, leurs atouts balles en mains ne se complètent pas avec l’autre aspect essentiel du jeu : la défense. En effet, sur leurs 2 précédents matchs de cet automne, ils ont encaissé la bagatelle de 12 essais. Face à l’Angleterre, la sanction a été particulièrement sévère avec 7 essais en leur défaveur. Néanmoins, les Nippons planent à 85% de plaquages réussis sur ces rencontres. Si cette statistique ne semble ni incroyable, ni dramatique au vu des adversaires concernés, quel est le problème au pays du soleil levant ?
RUGBY. Le XV de France sera-t-il plus performant en attaque face au Japon ?Premièrement, il est pertinent de noter les pourcentages de plaquages réussis par les Anglais et Néo-Zélandais sur leurs confrontations face à Kazuki Himeno et ses coéquipiers. Avec des performances comptant pour 78%, côté All Blacks, et 82%, côté XV de la Rose, le Japon a toujours mieux défendu que ses adversaires du jour. Tout du moins, cette observation est celle offerte par les statistiques. En réalité, les joueurs de Jamie Joseph ont démontré deux principales faiblesses défensives. Entre autres, l'équipe menée par Michael Leitch montre une fragilité marquante sur son second rideau défensif et une difficulté à défendre sous pression.
Un Japon qui se laisse surprendre
Sous pression, les Japonais peinent à se remettre dans le jus rapidement en défense. Une fois passé, le mur défensif semble terriblement poreux. Face à la Nouvelle-Zélande, le premier essai (11’) avait été amené par une percée du talonneur All Black Samisoni Taukei'aho. Après quelques mètres parcourus, il livre une offrande à Brodie Retallick. Avec un second rideau défensif totalement absent, les deux hommes peuvent parcourir 40 mètres sans casser un seul plaquage.
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De la même manière, les Japonais connaissent une sanction similaire 20 minutes après avec l’essai de Sevu Reece. À ce moment, une splendide combinaison en touche associée à une jolie vista de Tuivasa-Sheck offre un couloir à l’ailier. Sur les 40 mètres qui le séparaient de l’en-but, un défenseur nippon lui fait pourtant bien face. Néanmoins, ce dernier se fera éliminer avec une facilité presque déconcertante. Face à l’Angleterre, les deux premiers essais concédés ont également montré une faiblesse marquée dans cette zone.
Noyé sous la pression
Sur le troisième essai anglais, c’est la relance qui se met à la faute. Le numéro 15 Yamanaka récupère un ballon intelligemment joué dans le dos des Japonais par le demi de mêlée britannique van Poortvliet. Pendant ce temps, les hommes d’Eddie Jones montent et obtiennent un essai quelques secondes plus tard. La cause ? L’ailier asiatique van den Heever tente un coup de rein, dans le vent, pour se débarrasser des Anglais qui le mettent sous pression. Un choix peu judicieux sachant que ce dernier faisait face à trois défenseurs. Pire encore, il était isolé et n’a pas réussi à se défaire du premier plaquage adverse. Sans soutien japonais, Ellis Genge et Owen Farrell récupèrent rapidement le cuir. Le numéro 9 anglais envoie ensuite le futur montpelliérain Sam Simmonds sur orbite avec une longue passe sautée. Ce dernier n’a plus qu’à fixer l’ultime défenseur et à servir Freddie Steward en position d’ailier.
Cette faiblesse, Jamie Joseph en a bien conscience et la désigne même comme “la clef du match”. Face aux médias, il déclarait ceci selon des propos relayés par Le Figaro :
La France a une ligne arrière très expérimentée qui a tendance à jouer une grande partie du match dans sa moitié de terrain, en donnant beaucoup de ballons à l'adversaire. Nous devons donc nous assurer que, lorsque nous recevrons ce ballon, nous prendrons de bonnes décisions pour contrer ou renvoyer au jeu au pied. Nous avons travaillé dur pour saisir les opportunités qui se présenteront en gardant le ballon en main et taper au pied quand nous sentons que nous sommes sous pression. Trouver le bon équilibre sera la clé de ce match.
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Autre difficulté dans le jeu, les Japonais ont parfois montré du mal à reformer une ligne rapidement et efficacement à proximité de leur en-but. Une fois pris dans leur dos, une longue passe sautée à l’aile opposée prend des airs de faucheuse pour la défense asiatique. Par ailleurs, cette faiblesse va même jusqu’à pousser Jamie Joseph à des choix tactiques étonnants dans son XV. Pour assurer la défense aux ailes, ce dernier n’hésite par exemple pas à titulariser des centres de formations. S’ils sont bien plus à l’aise dans les duels directs, ces derniers peinent trop souvent à assurer une couverture efficace des jeux au pied arrière.
Le technicien des anciens hôtes de la Coupe du Monde déclarait même se passer de Kotaro Matsushima pour des raisons défensives. En conférence de presse, Jamie Joseph déclarait ceci selon L'Équipe : “Nous souhaitons mettre un peu plus de densité physique. Kotaro est une arme offensive, mais nous allons subir beaucoup de pression défensivement. [...] Kotaro fera la différence plus tard, quand des espaces se libéreront. Il créera le danger.” Alors, ce changement sera-t-il payant face aux Bleus ? La réponse est attendue ce dimanche 20 novembre sur la pelouse du Stadium de Toulouse.
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