La rumeur autour de l’intégration des Springboks au Tournoi des VI Nations a fait le tour du monde. Beaucoup sont contre cette idée. De l’Europe jusqu’en Afrique du Sud, des voix se sont levées pour protester. Pour faire taire temporairement les rumeurs, les organisateurs du tournoi européen ont publié un démenti. Cependant, des joueurs originaires d’Afrique du Sud qui ont déjà participé au Tournoi, il y en a un certain nombre. Les pays européens ont rarement renoncé à intégrer dans leur rang les athlètes d’Afrique australe. Que ce soit par naturalisation, par descendance ou pour quelques autres raisons, certains ont marqué l’histoire. Voici, alors, le XV des joueurs qui auraient pu jouer pour les Springboks, mais ont préféré les gloires du vieux continent.
Les Avants :
Pour ce qui est des avants, le rugby sud-africain a fourni des beaux bébés aux pays européens. Reconnu pour ses joueurs de combat, le pays triple champion du monde a vu naître de véritables colosses. L’Europe a pu bénéficier d’une première ligne de très haute qualité. Par exemple, le pilier anglais Matt Stevens avait un avantage conséquent sur ses rivaux en sélections : il pouvait jouer des deux côtés de la mêlée. Ce dernier sera un élément clé de la campagne anglaise durant la Coupe du monde 2007. Le talonneur Irlandais Rob Herring lui, n’est pas en reste. Régulier, il a été appelé à de nombreuses reprises pour jouer les seconds couteaux. La faute au légendaire Rory Best qui raccroche ses crampons internationaux à 37 ans. Coïncidence ou clin d’œil du destin, les deux hommes étaient inséparables au point de jouer tous les deux à l’Ulster. Dernier homme de la première ligne, il est sûrement le plus connu des trois. Pieter De Villiers a été un incontournable du XV de France durant des années. Avec ses presque 70 caps, le pilier droit est considéré comme l’un des meilleurs à n’avoir jamais joué à son poste sous le maillot bleu.
En deuxième ligne, deux hommes tirent la couverture. Et vu le gabarit, elle a tout intérêt à être en format King Size. Le premier est bien connu des amateurs de rugby français puisqu’il s’agit du deuxième ligne du MHR Paul Willemse. Le colosse ciste évolue encore avec les Bleus. Sous Fabien Galthié, il a même pris une place de titulaire indiscutable chez les tricolores. Toujours aux affaires, il est encore loin de l’autre joueur sélectionné. Carlo Del Fava a connu une carrière internationale mouvementée. Le deuxième ligne polyvalent a notamment dû mettre sa carrière en pause pendant deux ans pour cause de dopage à partir de 2002. Plus tard et après 52 sélections chez les Azzuris, il est obligé de quitter le monde de l’ovalie pour raison médicale.
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Pour rester du côté des Alpes, la troisième ligne est, elle aussi, bien fournie. À commencer par Braam Steyn, le joueur est devenu l’un des cadres de l’équipe d’Italie. Au fur et à mesure des années, il a su s’imposer pour glaner 47 sélections à 27 ans. Même nombre de caps au compteur, Bernard Le Roux a marqué la période récente du XV de France. Régulièrement appelé, son statut a varié chez les Bleus. Il est souvent passé d’incontournable à second couteau. Avec la trentaine passée, il rêve sûrement d’une ultime escapade tricolore à l’occasion de la Coupe du Monde 2023.
Pour conclure ce pack, nous allons revenir sur un joueur de légende. Capé 51 reprises, il a surpris tout le monde en prenant sa retraite la saison dernière. Entre 2015 et 2020, CJ Stander s’est imposé comme un incontournable du XV du trèfle. Durant cette période, il se place sans trop de problème dans le débat du meilleur numéro 8 de cette fin de décennie. Si un podium existait, il partagerait sûrement l’affiche au côté de pointure telle que Duane Vermeulen ou Kieran Read. Admiratif, le sélectionneur irlandais Andy Farrell avait fait les louanges du joueur du Munster lorsque ce dernier a annoncé sa retraite à seulement 30 ans. Il a dit notamment ceci : “Il a donné tout son cœur et son âme pour mouiller le maillot, que ce dernier soit vert ou rouge.”
Les Arrières :
Pour ce qui est de la charnière, il a fallu bricoler. Effectivement, les deux hommes au centre du jeu ont rarement eu des origines sud-africaines en Europe. Côté général, le pack est confié à Rory Kockott. Le demi de mêlée français a été l’icône d’une équipe bleue, celle du Castres Olympique. Il est sûrement l’un des joueurs les plus marquants de la dernière décennie de Top 14. Cependant, sous le maillot frappé du coq, il a connu les heures les plus sombres de la sélection. Néanmoins, en 2014 et 2015, le joueur faisait partie des têtes d’affiche portées par PSA. Côté magicien, la main est laissée à Mike Catt. Parmi tous les joueurs cités dans ce XV, l’Anglais est le plus capé de tous. L’arrière polyvalent est également le seul à avoir déjà soulevé le trophée Webb-Ellis. Icône d’une époque, il a occupé le poste d’ouvreur à la fin des années 90. Plus tard, il glissera au centre pour laisser la voie libre à Sir Jonny Wilkinson. Une passation de pouvoir de grande classe.
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Pour rester au centre, la doublette subit, elle aussi, quelques arrangements. Dans un premier temps, restons côté anglais. Brad Barritt était l’un des hommes clés du système de jeu de Stuart Lancaster. Évoluant aux Saracens, il connaîtra ses 31 sélections sous la houlette de ce dernier. Malheureusement pour lui, il fut éjecté du projet à l’issue de l’humiliation anglaise durant la Coupe du Monde 2015. Pour le numéro 13, peu de candidats performants se présentaient. Pourtant, qui n’aimerait pas avoir ce rôle de finisseur au centre du jeu. Celui à qui revient toute la gloire après que le 10 et le 12 se soient mangés des caramels monstrueux. Dans ce rôle, l’écossais Huw Jones fait parfaitement l’affaire. Certes, il n’est pas sud-africain. Mais c’est bien là-bas qu’il a été découvert. Parti dans le pays des Springboks pour faire ses études, il y a développé son rugby et ses qualités balles en main. Par ailleurs, durant son séjour de quatre ans en Afrique du Sud, l’actuel joueur des Harlequins aurait toujours souhaité voir sa nationalité écossaise apparaître sur les dossiers le concernant. Une fierté comme on en voit peu.
À l’aile, Kyle Stein s’est aussi illustré pour l’Ecosse. Mais pas sur la durée, non. Dans un premier temps international écossais à 7, il est connu pour une performance individuelle remarquable. Face aux Tonga en octobre 2021, il devient le premier joueur écossais à inscrire un quadruplé dans un match depuis Gavin Hastings. Une performance vieille de 26 ans et réalisée face à la Côte d'Ivoire durant la Coupe du Monde 1995. Toujours à l’aile, et dans le XV du Chardon, l’autre colleur de ligne n’est personne d’autre que Duhan Van Der Merwe. Physiquement monstrueux, le joueur semble coller à merveille au système de jeu écossais. Ce dernier cherche souvent à envoyer vite sur les extérieurs. Une occasion de perdre la balle à cause du faible manque de soutien ? Ne vous inquiétez pas et faites confiance aux belles gambettes de l’ailier de Worcester. Il se débrouillera pour écraser 2-3 défenseurs sur son passage et votre pack aura le temps de venir en trottinant avant de le voir poser son premier genou à terre.
Pour l’arrière, qui d’autre que le plus Français des Sud-Africains pour clôturer ce XV. Le basque/auvergnat (choose your fighter), avait marqué les esprits lorsqu’il a appris sa convocation avec la France. Ému aux larmes, il aura su savourer l’instant en portant à 23 reprises le maillot Bleu. Il était apprécié pour son coup de pied de Mammouth. Cependant, ses relances inconstantes auront amené autant d’insultes que de bond dans les foyers français. Entre lancée foudroyante et course en travers imitant les essuis-glaces offerts par votre réparateur de pare-brise, le souvenir de Scott Spedding aura alterné le bon et le moins bon dans l’esprit des supporters français. Néanmoins, il laisse l’image d’un joueur sympathique toujours prêt à soutenir la France, même encore aujourd’hui.
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Le XV complet :
Les joueurs en gras n'ont pas pris leur retraite internationale.
- Matt Stevens (Angleterre ; 44 sélections)
- Rob Herring (Irlande ; 23 sélections)
- Pieter De Villiers (France ; 68 sélections)
- Paul Willemse (France ; 21 sélections)
- Carlo Del Fava (Italie ; 52 sélections)
- Bernard Le Roux (France ; 47 sélections)
- Braam Steyn (Italie ; 47 sélections)
- CJ Stander (Irlande ; 51 sélections + 1 cap Lions Britanniques)
- Rory Kockott (France ; 11 sélections)
- Mike Catt (Angleterre ; 72 sélections + 1 cap Lions Britanniques)
- Kyle Stein (Ecosse ; 3 sélections + 21 caps World Rugby Sevens Series)
- Brad Barritt (Angleterre ; 31 sélections)
- Huw Jones (Ecosse ; 32 sélections)
- Duhan Van Der Merwe (Ecosse ; 15 sélections + 4 caps Lions Britanniques)
- Scott Spedding (France ; 23 sélections)
PS : Et oui, il n’y aucun Gallois dans le XV. Par contre, on pourrait faire sans problème un XV des Jones et Davies.