Aimez-vous la Pro D2 ? Si oui, vous allez être gâtés ce vendredi, avec un multiplex de 10 matchs, tous à 18h30, et une affiche digne d’une grande finale en guise de cerise sur le gâteau pour clôturer la saison : Perpignan - Vannes. Sauf que si - à juste titre - l’on ne parle presque que de ces deux derniers, Catalans comme Bretons ayant dominé de la tête et des épaules cet exercice 2020/2021, un de leurs principaux poursuivants pourrait bien jouer les trouble-fêtes durant cette dernière ligne droite : le BO. En gagnant le week-end précédent avec le bonus offensif à Angoulême, le Biarritz Olympique s’est en effet assuré son barrage à domicile (86 pts) et accueille ce week-end Rouen au complet, à l’exception de son capitaine Steffon Armitage laissé au repos, histoire de se préparer en beauté pour les phases finales.
Pro D2. On connaît tous les qualifiés pour les phases finales !
Francis Saili, pierre angulaire de ce groupe
Déjà, à l’intersaison, alors que le club basque trustait le Top 6 de Pro D2 avant le gel des compétitions l’an passé, l’on avait senti qu’il était en mesure de viser encore plus haut cette fois et pourquoi venir titiller les cadors annoncés Perpignan, Oyonnax ou Grenoble. Car outre sa dynamique, grâce à des finances bien gardées depuis l’arrivée d’Aldigé ainsi qu’un afflux de joueurs sur le marché suite à la crise de la Covid, le grand rival de l’Aviron Bayonnais avait pu se permettre quelques petites folies lors du mercato et arracher des joueurs de calibre parfois international.
En tête d’affiche, on citait notamment l’arrivée sur les bords de l’Atlantique d’un garçon comme l’international all black Francis Saili (29 ans, 3 sélections), passé par les Blues, le Munster et dernièrement les Harlequins. Lui ? Il n’est, en moins d’un an, devenu nul autre que LE catalyseur du Biarritz Olympique, probablement aussi le meilleur joueur de la division. Son bilan chiffré ? Vingt-deux titularisations en autant de rencontres, cinq essais, des caviars distribués à foison et des timbres plus nombreux que ceux remis aux facteurs du 16ᵉ arrondissement un lundi matin. Si fort que l’on se demande presque comment ce centre puncheur (1m80, 98 kg) n’a pas signé à l’étage supérieur du rugby français. Le principal intéressé, lui, balayait tout ça d’un revers de main pour le Midol : "Ce n’est pas mon approche de penser que je suis meilleur que les autres et que je peux me relâcher. La seule chose que j’ai en tête, c’est de donner le meilleur de moi-même et de le montrer sur le terrain."
Francis Saili intercepte et Biarritz enchaîne à Oyonnax (VIDEO)
Dans le but d’accéder dès cette saison en Top 14 ? L’ancien membre de la fameuse génération 91 néo-zélandaise ne cache en tout cas pas ses ambitions, puisqu’il a d’ores et déjà prolongé son contrat au Pays basque jusqu’en 2024. D’autant que, les problèmes administratifs mis de côté, tout roule comme sur des roulettes du côté des Rouges et Blancs. Vous êtes soucieux ? Allez, même Henry Speight, l’ancien ailier des Wallabies (19 sélections) aux 49 essais en Super Rugby et blessé durant six mois cette saison, est revenu de blessure le week-end dernier. Quand on vous dit que sportivement, tous les voyants sont au vert…
De l'expérience, une grosse conquête
Car ce n’est pas tout. Cette saison plus que les autres, et c’est bien pour ça que Biarritz est selon nous un candidat plus que crédible à la montée, le club basque a su parfaitement faire prendre la mayonnaise entre ses cadors, ses jeunes loups ainsi que ses sudistes à fort potentiel (Knight, Stark…). D’autant qu’en plus de ces « stars » étrangères qui donnent une dimension toujours plus étoilée à l’antichambre du Top 14, le champion de France 2006 avait également pris le soin de faire venir quelques JIFF bien connus de l’élite du rugby français. Pêle-mêle, on citera Darly Damvo, autrefois dans les petits papiers de l’équipe de France, Brieuc Plessis-Couillaud, l’ancien rochelais déjà vieux routier des championnats professionnels français à seulement 27 ans (13 matchs de Top 14, 84 de Pro D2), ou encore Gilles Bosch et ses plus de 1300 points en Pro D2. Sans oublier Kévin Gimeno et François Da Ros « la bagarre ».
Tous ont su trouver leur place à Aguilera et, emmenée par le duo très complémentaire Nadau-Sowerby, la formation biarrote a notamment pu s’appuyer sur une conquête très solide, fruit du travail et de l’expertise de l’ancien numéro 8 du Stade Toulousain - entre autres -. Appuyée par ses hommes forts (Armitage, Olsmtead, O’Callaghan, Watremez…) cette même conquête a notamment permis à sa triplette de talonneurs d’inscrire neuf essais en tout - dont de nombreux sur ballon porté -, et il n’est pas anodin de voir que c’est aussi elle qui, en grande partie, propulsa le BO pour aller s’imposer à huit reprises à l’extérieur cette saison. Dont des victoires à Oyonnax ou Grenoble au cœur de l’hiver qui restent encore dans les mémoires des spécialistes de ce championnat à l’heure d’écrire ces lignes.
Un travail de sape sur lequel Jean-Baptiste Aldigé, l’homme à la tête du club, ne tarissait pas d’éloges sur notre site lors de la dernière intersaison. « On peut voir une nette adaptation au style de jeu qui va bien à la Pro D2 cette saison, en étant solide sur la conquête, ce qui n'était pas le cas avant. (…) En Pro D2, ça commence par là, et on n'est pas là pour faire du Super Rugby. Pour l'instant on n'est pas le Biarritz de 2002 et des finales, il faut avoir l'humilité de jouer à son niveau. » Dix mois plus tard, les Rouges et Blancs ne sont toujours pas ceux de 2002, c’est un fait. Mais 3ᵉs du championnat avec « seulement le 6ᵉ ou 7ᵉ budget du championnat », ceux de 2021 semblent mieux armés que jamais pour jouer les chamboule-tout en cette fin de saison et pourquoi pas, retrouver l’élite du français plus tôt que prévu. Tomas Cubelli (76 sélections avec les Pumas) mais aussi Antoine Erbani ou Clément Darbo arrivent en tout cas probablement pour ça. Reste à savoir s’ils y parviendront ? Premier élément de réponse le samedi 22 mai, et devant du public, s'il vous plaît !
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