Samedi, les Bleus s'avanceront vers un défi qu'ils n'ont encore jamais connu sous l'ère Galthié. Quelque chose de complètement différent de ce qu'ils ont eu l'habitude de pratiquer jusqu'ici, tant l'équipe d'Afrique du Sud est une formation à part. Des Springboks qui, emmenés par Siya Kolisi ont retrouvé leur lustre d'antan pour finalement être aujourd'hui la nation championne du monde en titre, vous connaissez leur parcours. Comment en sont-ils arrivés là ? Avec des joueurs de grand talent, bien sûr, à l'image des Cheslin Kolbe, Lukhanyo Am (blessé en ce moment) ou Damian de Allende ; un finisseur invétéré (Mapimpi) et un artilleur à l'ouverture, en la personne d'Handré Pollard. On arrondit bien évidemment quelques angles, tire volontairement quelques traits, mais force est de constater que ces Boks ont surtout bâti leur succès sur la très solide fondation qu'est leur pack.
RUGBY CHAMPIONSHIP. Les All Blacks rois des en-avants, les Springboks champions de la possession
Un monstre à 8 têtes de près de 950kg sur le papier, payé pour vous plier n'importe quelle formation adverse à la seule force des bras, et de sa profondeur de banc. La dernière image marquante de cette densité unique fut face probablement face aux Blacks à Nelspruit en août dernier, où les Sud-Afs avaient tout simplement étouffé les Blacks pour finalement l'emporter 26 à 10. Là, Malcolm Marx avait gratté tous les ballons qu'il avait eus à portée de bras sans que personne eût été capable de sortir les 117kg de la bête de Germinston des zones de rucks. Ici, Kolisi, Etzebeth, De Jager ou le taureau Jasper Wiese - que vous découvrirez peut-être samedi soir - avaient imposé une guerre de tous les instants aux Néo-Zélandais, mais surtout affiché un tel sentiment de puissance et de force physique que cette équipe en devenait réellement terrifiante.
Comment contrer leur jeu stéréotypé au possible mais si souvent efficace ? Comment casser cette ligne de défense si agressive qu'elle a déjà fait passer Sam Cane pour un agneau ? Cet été, plusieurs équipes ont montré la voix en déplaçant cette lourde équipe sud-africaine. Le week-end dernier encore, l'Irlande a même fait plus fort en regardant droit dans les yeux Pieter-Steph Du Toit (2m pour 120kg) et consorts puis en remportant le défi physique face aux siens, en étant du moins plus pragmatique et judicieuse dans son animation autour de celui-ci. Résultat, une victoire au forceps (19 à 16) pour les Verts, mais une victoire quand même. Et si depuis leur titre en 2019, un peu d'eau a coulé sous les ponts et que la poutre De Jager, Vermeulen ou Snyman (sur le banc) ne seront pas là à Marseille, les Springboks restent les Springboks. Samedi, Franco Mostert rentrera en 5, les Boks ne pourront à nouveau pas reformer cet invraisemblable quatuor de deuxièmes lignes (Etzebeth, De Jager, Snyman, Mostert, pour 2m03 et 121kg de moyenne) et leur pack, affichant "seulement" 935kg n'aura plus rien d'inhumain, dîtes-vous ?
VIDÉO. Vous avez vu cet offload à la docteur Octopus d’Etzebeth face à l’Irlande ?
Ce serait clairement ne pas considérer cette machine à broyer comme il se doit... Reste qu'on terminera ce topo sur deux faits : d'abord celui que la constante qui se retrouve chez toutes les équipes ayant battu les Boks depuis 3 ans fut toujours celle, d'abord, de la réponse dans le défi physique. Ensuite que les Bleus, eux, ont de leur côté toujours prouvé que même sortis par la force de leur zone de confort, ils étaient capables de répondre présent et de trouver des solutions avec leurs armes uniques. Gênés comme rarement par l'Australie la semaine dernière et menés pendant 75 minutes, les coéquipiers d'Antoine Dupont n'ont-ils à nouveau pas fini par l'emporter ?
VIDEO. Penaud sauve les Bleus avec un essai stratosphérique ! Tous les essais du match
