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RUGBY. La carrière unique de Sonny Bill Williams ? Il faudrait 100 pages pour vous la raconter !

Il faudrait peut-être la nuit pour vous conter toutes les singularités de la carrière de SBW. Retour sur celles-ci, via un portrait. Non exhaustif, bien sûr.

Theo Fondacci 18/03/2021 à 18h00
De part son style, son talent, son physique ou ses choix de vie, Sonny Bill Williams n’a jamais laissé personne indifférent.
De part son style, son talent, son physique ou ses choix de vie, Sonny Bill Williams n’a jamais laissé personne indifférent.

L’an dernier, Sonny Bill Williams vivait un confinement plutôt heureux du côté de Manchester, terre d’accueil saisonnière de la franchise canadienne et treiziste des Toronto Wolfpack, où il pouvait jouir d’un beau jardin et profiter de ses quatre enfants comme la vie de sportif professionnel ne le permet pas en temps normal. « Pas facile hein », plaisantait-il ainsi auprès du Midi Olympique en mai 2020, pour qui il revenait lors d’un long entretien sur sa vie de confiné en plein ramadan, ses désirs de retour à la boxe et son évolution en tant qu’homme. C’est ainsi qu’au lendemain de l’annonce de sa retraite des terrains, nous sont revenus ses propos d’alors, qui retraçaient aussi sa carrière longue comme le bras. L’occasion pour nous de vous compter les mille vies de « SBW », elles qui écrivirent leurs premières lignes quinzistes lors de ses années toulonnaises. 

Celles qui, à l’aube des années 2010, le firent éclater à la face du Top 14, puis de la planète du XV. Lorsqu’il posa le pied sur la Rade et sa ferveur inégalable, Sonny Bill avait alors 23 ans. A l’époque, le Var était bien loin de s’imaginer qu’il serait le tremplin de carrière de celui que certains se plaisent à appeler le « plus grand athlète pluridisciplinaire de l’histoire ». Sachant qu’il vit arriver sur la pointe des pieds cette belle gueule encore timide, un brin rebelle et quoique un peu perdue à mille lieues de son Océanie natale, au milieu d’un sport cousin du sien, mais dont il n’avait pas encore les codes. À 500 000 euros la saison, Mourad Boudjellal était, lui, déjà persuadé d’avoir signé un crack.

Williams ? C’est ce personnage pour le moins intriguant. Un esthète comme on en voit que tous les 10 ans, protée comme personne, choyé à grands coups de millions depuis ses premiers pas en NRL. Star à 19 piges, ce colosse (1m94 pour 108kg) objet de toutes les spéculations en Australie va vite tutoyer d’un peu trop près tous les vices qu’offre le statut. « Je traversais une époque très difficile de ma vie, à l’époque où le RCT m’a recruté, racontait-t-il l’an passé. En dehors du terrain, je faisais des conneries : je buvais trop, je passais mon temps à courir après les filles… » Raillé par des affaires extra-sportives, traqué par les médias australiens, mal dans sa peau et poursuivi par les blessures, le prodige de la NRL quitte donc l’île-continent pour tenter de se recentrer, en rompant au passage un engagement à sept chiffres avec les Bulldogs. Jusqu’à devenir le personnage le plus détesté d’Australie à l’époque, devant le terroriste baliote Amrozi bin Nurhasyim! "Pour rebondir, je savais que je devais quitter l’Australie, révélait-t-il. Les gens ne le savent pas mais je me suis endetté pour venir à Toulon. Je devais aux Bulldogs de Sydney un million de dollars pour avoir brisé mon contrat. Les deux premières années au RCT m’ont donc servi à payer ma dette. Je ne me suis pas enrichi. C’est aussi pour ça que j’ai commencé la boxe. J’avais besoin d’argent ! Ce n’était pas une période facile… Les gens me critiquaient beaucoup en Australie, ils m’appelaient « Money Bill Williams ». Je détestais ça." L’affaire avait pris une tournure affolante. En 2017, Boudjellal abondait : "Je retiens aussi la polémique au moment de sa signature avec les médias australiens et néo-zélandais. J’ai eu l’impression de l’avoir kidnappé ! "

Révélation et conversion

Au-delà de tout ça et malgré un premier essai sur son premier ballon sous ses nouvelles couleurs, les débuts de Williams dans le Var furent compliqués, comme la majorité des transfuges du XIII au XV. "La première année a été difficile, j’avais du mal à comprendre le jeu. Tana Umaga et Jonny Wilkinson m’ont beaucoup aidé au départ. Jonny me répétait « Ne lâche pas et arrête de te plaindre Sonny. Le travail paie, continue ! » Alors je l’ai écouté." Outre l’aspect sportif et pour être en phase avec lui-même, le centre rouge et noir doit néanmoins régler les querelles de son for intérieur, ce pourquoi il était venu en France. Loin des siens, jeune et sevré de sa vie d’avant, Williams parle alors d’une rencontre qui changea le cours de sa vie. "A Toulon, explique-t-il, je me suis lié d’amitié avec une famille tunisienne. En France, je vivais dans une grande et belle maison, mais je me sentais seul, mal dans ma peau. Eux n’avaient rien et étaient heureux. Ils vivaient à six dans un deux-pièces. Pourtant, ils me donnaient tout sans ne jamais rien demander en retour. Ils n’avaient rien et étaient heureux. Si heureux. J’ai essayé de comprendre…"  Si bien que le Néo-Zélandais se convertit à l’islam quelques mois après son arrivée dans l’hexagone...

En France, ce grand tatoué change alors radicalement d’état d’esprit, autant qu’il évolue dans son jeu. A partir de là et, avec en point d’orgue sa demi-finale 2010 face à Clermont, naquit le Sonny Bill que l’on connaît. Celui capable de cisailler n’importe quel molosse du centre du terrain, de lancer son buste musculeux à l’assaut des plus intrépides défenses comme nul autre avant lui, et, par-dessus tout, de libérer ses bras pour jouer après contact comme on avait jamais vu. Tel un funambule, l’allégorie même du offload. "Il n’y avait que lui pour faire ce genre de truc sur la planète, se rappelait récemment Joe Van Niekerk dans les colonnes du journal jaune. On découvrait tous ce geste. Tous les offloads que l’on voit aujourd’hui ne sont que des imitations de ce que faisait Sonny."

All Black, boxeur, Olympien et champion du monde

Après Toulon, la parenthèse enchantée bouclée, SBW rejoignit donc sa terre natale, là où tous les enfants veulent un jour devenir All Black. Chez lui, l’esthète de l’île du Nord apporte d’abord son talent du côté des Crusaders, la meilleure franchise du pays à l’époque, et s’offre une première finale de Super Rugby aux côtés de Dan Carter la même année. En suivant, il quitte Christchurch et ira écrire les suites de sa légende à XV du côté des Chiefs d’Hamilton, avec qui il remportera le championnat en 2012. Outre un crochet par le XIII le temps de deux saisons chez les Roosters de Sydney (le principal rival de son équipe de formation, soit dit en passant), et un titre de vice-champion du monde 2014 avec les Kiwis, Williams glanera en tout et pour tout 58 capes, deux Coupes du Monde et trois Rugby Championship en sélection, lui, le premier musulman de l’histoire des Blacks.

Mais de sa carrière, outre les compilations de gestes techniques tous plus improbables les uns que les autres et de son armoire à trophées pleine comme un coucou, restent pour beaucoup des images en marge du restrictif rectangle vert quinziste. Un coup boxeur invaincu (6 victoires en autant de rencontres, dont une face à l’ancien champion du monde poids-lourds François Botha), un autre septiste convaincu (il participa aux JO 2016 malgré une blessure au premier match), les multiples facettes du cousin de Tim Nanai-Williams alimentèrent tous les fantasmes possibles et imaginables, et firent de lui l’un des plus grands athlètes de tous les temps.

Sans oublier son grand coeur et son appétence pour les objectifs, comme en 2015 lorsqu’il offrit sa médaille de champion du monde à un môme en sanglots, plaqué par un officiel de la sécurité après avoir pénétré sur la pelouse de Twickenham afin d’admirer de plus près ses idoles tout de noir vêtus. Ni son agent roi Khoder Nasser, promoteur de boxe et businessman à souhait, grand féru des biographies de Malcom X et décrit comme un négociateur inflexible. Ou encore son contrat à clause particulière, lui permettant de grimer les logos des banques ornant ses maillots pour respecter ses convictions religieuses, sans toutefois décliner les émoluments significatifs reversés par ces mêmes sponsors tous les ans… Autant de petites histoires dans les grandes qui font que, qu’on l’aime ou non, Sonny Bill Williams n’a jamais laissé indifférent.

« Million dollar baby »

Et puis, en 2019-2020, le globe-trotteur aussi passé par le Japon et les Blues d’Auckland, a fini son périple à XV pour tenter l’aventure du côté des Toronto Wolfpack, franchise canadienne alors nouvelle venue en Super League. Devenant au passage le joueur le mieux payé du monde : « Million dollar Baby », « l’homme qui valait des millions », choisissez la référence cinématographique que vous voulez pour donner la mesure du juteux contrat dont il se fendait outre-Manche. On parlait alors d’un cachet à hauteur de 5 millions de Livres pour deux saisons (environ 3,25 millions d’euros par an) au sein de « la Meute » du magnat australien David Argyle. Depuis, le Covid est passé par là, l'enfant d'Auckland est rentré au bercail plus tôt que prévu, le temps de jouer 5 matchs avec les Roosters, et les spéculations autour de son avenir ont repris de plus belle, comme tout au long de ses 17 ans de carrière. Jusqu’à ce que, d’un message aussi lucide qu’inattendu sur la chaîne australienne Channel Nine, il ne révèle avoir décidé de raccrocher les crampons, ce mercredi.

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"Je suis assez lucide et humble pour comprendre que mon vieux genou ne peut plus répondre à toutes les sollicitations. Il est temps de dire stop". Avant de poursuivre avec ce sur quoi il allait désormais se consacrer. « J’aimerais boxer encore deux ansQuand j'ai annoncé ça, ma femme a ouvert de grands yeux mais comme souvent, elle a choisi de m'épauler dans cette décision. » Pour rappel, l’an dernier, un combat entre SBW et Mike Tyson avait été évoqué pendant un temps… Pour l’heure, personne ne sait s’il s’invitera donc à « La Conquête » de Tony Yoka prochainement, mais tout est possible avec Sonny Bill. Ainsi va la vie, d’un électron libre… 

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