Ce vendredi soir à Marseille, la finale tant attendue du Top 14 entre l’Union Bordeaux-Bègles et le Stade Toulousain s’est soldée par une lourde défaite pour les Bordelais. Le score sans appel de 59-3 en faveur des Toulousains a laissé les supporters de l’UBB désabusés. Mais une question brûlante reste sur toutes les lèvres à l'issue de ce match à sens unique : Yannick Bru et son staff ont-ils pris la mauvaise décision en alignant Matthieu Jalibert et Ben Tameifuna, tous deux annoncés forfaits quelques jours avant le match ?
RUGBY. Finale Top 14. 'L'UBB sans gaillardise, Toulouse sans pitié' selon Daniel HerreroPour Matthieu Jalibert, la situation était claire dès le départ. Comme il l’a confié au micro de Canal + via Sud Ouest : « Le staff savait que je ne pouvais pas jouer à 100 %, que je ne pouvais pas vraiment accélérer. » Malgré cela, il ne regrette pas d’avoir tenté le coup, soulignant son désir de contribuer à cette finale historique pour l’UBB.
Mattéo Garcia a ressenti une gêne qui pensait l’empêcher de postuler pour la finale et moi j’étais de mieux en mieux donc on a pris la décision de prendre le risque. Je savais que ça allait être compliqué physiquement.
Jalibert a admis avoir ressenti des douleurs dès les premières minutes, rendant son jeu peu efficace et limitant sa capacité à organiser et distribuer comme il le souhaitait. Quand on connait le talent du joueur et sa capacité à faire la différence ballon en main ou en jouant subtilement au pied, on ne peut que regretter qu'il n'ait pas été en pleine possession de ses moyens. On l'a trop souvent vu jouer au pied. Sans pour autant perturber le troisième rideau toulousain.
"C'était compliqué de jouer mon jeu et de mettre de la vitesse"
— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) June 28, 2024
Diminué, Matthieu Jalibert a quand même tout fait pour aider les siens dans ce jour si important pour son club. Il s'exprime après la finale. pic.twitter.com/85ZpoUDDeV
Yannick Bru, le manager de l’UBB, a défendu cette décision dans les colonnes du Midi Olympique et du Figaro. « Il fallait tenter un coup de poker. Il te faut les meilleurs joueurs possibles car, en face, même leurs meilleurs jeunes sont au niveau international », a-t-il déclaré. Le technicien a également loué l’esprit de leadership de Jalibert. « Il était prêt à se mettre en difficulté personnellement pour apporter sa fluidité de passe, son commandement qui permet aux autres de bien jouer. »
TOP 14. ''Une classe d’écart'' entre la ''formule 1'' toulousaine et des Bordelais ''surclassés'' et ''pas invités''Cependant, la lourdeur du score final a mis en lumière les lacunes de cette décision. L’UBB n’a jamais semblé en mesure de rivaliser avec un Stade Toulousain impitoyable. Comme l’a souligné Jalibert, « On n’a pas montré notre vrai visage. » Cette défaite humiliante pose la question de la gestion des risques par le staff bordelais.
Du stade, dès les premières minutes ça se sentais que l'axe de Jalibert était béant, et que ce dernier ne pouvait strictement rien faire car trop faible physiquement et limité. Des solutions, il y en a. Et clairement celle de titulariser grès et forcé Jalibert n'en était pas une.
— Papa Notrub (@VinCine42) June 29, 2024
Était-il judicieux d’aligner des joueurs diminués physiquement face à une équipe aussi redoutable que Toulouse ? Si Ben Tameifuna n'a pas lésiné sur les efforts dans le premier acte, il a, lui aussi, rapidement montré des signes de faiblesse. Et n'a pas autant pesé sur le jeu d'attaque des Bordelais que sur la mêlée des rouge et noir. Il a finalement été remplacé à la 46e.
Les avis des experts et des supporters sont partagés. Certains estiment que prendre un tel risque était nécessaire pour avoir une chance, même infime, de remporter le Brennus. D’autres pensent que cela a conduit à une débâcle évitable. « On aurait pu choisir 23 autres joueurs, le résultat aurait été identique », a affirmé Bru, insistant sur le fait que l’UBB aurait probablement subi le même sort même sans ces choix audacieux.
En fin de compte, cette décision soulève des questions sur l’équilibre à trouver entre ambition et prudence. L’UBB doit maintenant se tourner vers l’avenir, tirer les leçons de cette finale douloureuse et travailler à rebâtir une équipe capable de rivaliser au plus haut niveau.