Sur les réseaux, les plaintes autour de la phase de poule 2023 se font entendre de plus en plus. Trop longue pour certains, pas assez intéressante pour d’autres, il faut dire que plusieurs facteurs l’ont rendue peu attrayante contre son gré. Si la petite forme des cadors joue, le fait que les cadors soient dans des poules voisines n’y est pas pour rien non plus.
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— Scottish Rugby (@Scotlandteam) October 7, 2023
Pas de quarts pour le chardon
Dans cette équation, l’Écosse était bien mal embarquée. Déjà absent des quarts de finale en 2019, le XV du Chardon va rentrer plus tôt à la maison une nouvelle fois. Battue sans contestation par l’Irlande (36-14) ce samedi 7 octobre au Stade de France, la nation nord-britannique fait ses valises.
Pourtant, l’Écosse est apparue bien plus en forme que certains actuels qualifiés en quart de finale. Après une préparation au mondial réussi et une place d’outsider confirmée, Gregor Townsend et ses hommes faisaient tout de même face à une équation très difficile à résoudre. À cause du tirage au sort précoce des poules, ils ont notamment hérité de l’actuel champion du monde en titre et de la meilleure nation mondiale. Si la révolte espérée n’a pas eu lieu, peut-elle amener à une révolution au pays ?
RUGBY. Impassible, l’Irlande renvoie l’Écosse à la maison et va défier les All Blacks !En conférence de presse d’après-match, le sélectionneur écossais ne semblait pas se bercer d’illusions. Face aux journalistes, il évoque un constat décevant, mais qui paraît attendu : “C’est évidemment un résultat décevant, mais c’est la meilleure équipe du monde en face. On a joué les premiers du classement mondial dans cette poule, plus la France en préparation. On avait les qualités pour gagner, mais on n’a pas réussi. Ce match reflète bien nos niveaux respectifs.”
(Photo by Julian Finney - World Rugby)
COUPE DU MONDE. Plus qu’un favori, l’Irlande est la véritable bête noire de l’ÉcosseAlors que Finn Russell, Jamie Ritchie et leurs coéquipiers affichaient ce qui peut être considéré comme leur meilleur niveau depuis le début de ce siècle, la douche est froide. Après la rencontre, de nombreux journalistes se sont interrogés sur l’impact qu’avait eu le système du rugby écossais dans cette élimination.
Face à cette problématique, Gregor Townsend n’a pas souhaité remettre la faute sur l’organisation du rugby dans son pays :
Certes, on est éliminés, mais il faut analyser chaque Coupe du Monde différemment. On a toujours été tirés avec des équipes qui étaient meilleures que nous. Oui, on aurait dû faire mieux, je pense qu’on avait ce qu’il fallait pour passer. Après la défaite contre l’Afrique du Sud, les joueurs ont prouvé qu’ils étaient là. Mais cette équipe d’Irlande, c’est la meilleure de ces dix dernières années.[...] Les défaites permettent aux équipes de progresser aussi. Le Tournoi des Six Nations en dira beaucoup plus sur nous que la Coupe du Monde.”
Le bolide écossais sur la réserve
Après avoir donné ce rendez-vous, Gregor Townsend devra trouver de nouvelles solutions pour faire monter l’Écosse de niveau. Une situation sous flux tendu, car l’Écosse possède un réservoir particulièrement faible de joueurs. En 2020, World Rugby avait enregistré un peu plus de 46 000 joueurs sur le territoire. Cette donnée en fait le pays de Tiers 1 avec le moins de licenciés.
Largement plus peuplée, que le Pays de Galles, par exemple, la nation peine à fédérer des joueurs. En comparaison, un pays comme le Kenya possède presque 2,5 fois plus de joueurs, selon World Rugby. Marqueur de ce faible réservoir, l’Écosse est la formation ayant le plus d’internationaux nés en dehors de ses frontières parmi les nations de Tiers 1 sur cette Coupe du monde.
Champions Cup. Pourquoi les clubs gallois et écossais n’y arrivent pas ?Par sa vision du jeu, le manager écossais veut privilégier les joueurs nés ou originaires du pays. Face aux Irlandais, seulement quatre titulaires étaient nés en dehors de la Grande-Bretagne, moins que ce que l’Irlande alignait en parallèle. La naturalisation est donc devenue, avec le temps, un atout pour faire le nombre, plutôt que pour se renforcer en surface.
Pour espérer combler ce manque de profondeur, faut-il réorganiser le système de formation ? Cette question, Gregor Townsend y a également répondu en conférence de presse. Néanmoins, le sélectionneur a évoqué un “bon réservoir” et a indiqué qu’il fallait “faire monter les jeunes”.
©Scottish Rugby
Un projet qui ne se traduit pas réellement dans les faits. La formation U20 du XV du Chardon va enchaîner sa deuxième année en deuxième division internationale pour le Trophée mondial U20 de World Rugby. Battus par une jeune et brillante génération uruguayenne, les espoirs écossais paraissent bien mal embarqués.
Alors, Gregor Townsend a-t-il décidé de se mettre des œillères et de privilégier la langue de bois ? Ou bien a-t-il connaissance de certains atouts méconnus du rugby écossais ? La réponse sera donnée dans les prochaines années. À voir, si les Écossais seront capables de subvenir à leurs besoins ou si la solution viendra d’ailleurs.
