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RUGBY. Et si la principale force du XV de France n'était pas le Top 14 ? (Eh oui, on ose)

Au-dessus de la plupart des équipes du monde depuis 2020, à qui le XV de France doit la plus grosse partie de son salut ? Au Top 14 ? Pas seulement…

Erwan Harzic 01/04/2023 à 17h45
Au-dessus de la plupart des équipes du monde depuis 2020, à qui le XV de France doit la plus grosse partie de son salut ? Au Top 14 ? Pas seulement…
Au-dessus de la plupart des équipes du monde depuis 2020, à qui le XV de France doit la plus grosse partie de son salut ? Au Top 14 ? Pas seulement…

Quand quelque chose va mal, on cherche des coupables, mais que se passe-t-il quand ça va (vraiment) mieux ? Eh bien, la logique voudrait que l’on rende la pareille. Dans ce cas-là, il est utile de savoir à quel moment le rugby français a commencé à se montrer sous de meilleurs jours. Pour établir une date, il est difficile de prendre une mesure à l’aide de notre bien-aimé championnat de France.

En effet, durant presque une décennie, le Top 14 a plus souvent été une course aux stars qu’aux espoirs français. De plus, les très nombreux et variés champions français de cette époque empêche de fixer une valeur étalon sur cette période. Est-ce bien ou mal ? Ce n’est pas à un rédacteur/journaliste/passionné parmi d’autres d’en décider. Il serait hypocrite de dire que les performances continentales d’équipes comme le RC Toulon n’ont pas permis a minima de maintenir le bateau français à flot. Que l’on parle de l’apport sportif direct via les résultats et titres ou de l’image indirectement renvoyée au grand public. Les photos des jeunes Carbonel et Dupont avec Sir Wilko’ n’en sont qu’un exemple parmi tant d’autres. Par ailleurs, cette jeune génération et sa méthode de formation au niveau international ont apporté bien plus à notre sélection.

6 nations. 15 de France. Wilkinson compare Romain Ntamack à Dan Carter avant le Crunch6 nations. 15 de France. Wilkinson compare Romain Ntamack à Dan Carter avant le Crunch

La France du rugby revient d’Auckland…

Pour étayer ce point, un portrait des résultats français durant sa période sombre semble s’imposer. De 2012 à 2019, la douche a été froide. Alors que l’équipe de France pensait se construire sur les ruines luxuriantes de la finale de 2011 en Nouvelle-Zélande, elle finit par traverser le plancher pour sombrer telle une épave quatre ans après. En 2015, C’est l’humiliation aux yeux du monde avec cette déconvenue inoubliable face aux All Blacks en quart de finale de Coupe du monde.

Après cette dernière, les humiliations se feront face à son public, en toute intimité. En 2017, le grand Guy Novès sort par la petite porte après un match nul face au Japon dans une Paris La Défense Arena, anciennement U Arena, conspué par le public. Un grincement avant de passer au désastre glaçant. Le 24 novembre 2018, le drame suprême (presque oublié aujourd’hui) arrive. Dans cette froide soirée d’automne, les Bleus perdent contre les Fidji dans un Stade de France qui connaît la pire affluence de son histoire tout évènement confondu (35 000 personnes). “Maintenant, on va redescendre sur terre. On va manger notre merde. Parce que là, on fait pitié. C’est la honte, il faut qu’on ait conscience de ça.” Après cet évènement, les mots du capitaine et icône Mathieu Bastareaud font froid dans le dos.

Dans moins d’un an, la vitrine de l'ovalie mondiale a lieu au Japon. À ce moment-là, le rugby français risque de vivre un tournant. S’ils quittent le Japon sans briller, quelque chose d’aussi rare que compliqué à remettre en place risque de se briser. L’amour des passionnés d’ovalie française pourrait dépérir sur le long terme. Heureusement pour nos Bleus, une victoire d’enragé, aussi violente que disputée, contre l’Argentine, suivie d’une rencontre annulée face à l’Angleterre sauvent les meubles. Avouons-le, que la bonne étoile a été serviable avec ce XV de France à cette occasion tant une déculottée face à la formation anglaise d’Owen Farrell en 2019 n’aurait rien arrangé. Heureusement, les Bleus montrent un bon visage face au Pays-de-Galles en quart de finale. Face à une formation numéro 1 du classement mondial il y a encore peu de temps, l’issue paraît injuste. Le sentiment de revanche s’installe, mais chez qui va-t-il émerger ?

Les réactions du XV de France après la défaite historique face aux Fidji [VIDÉO]Les réactions du XV de France après la défaite historique face aux Fidji [VIDÉO]

Les U20 français, la véritable réponse au renouveau français ?

Créée en 2008 pour palier à la décision des instances de restructurer les compétitions internationales junior, l’équipe de France U20 bénéficie de compétitions de haut niveau. Un VI Nations ou une Coupe du monde à son envergure et à son rythme en sont la consécration. Un an et demi avant la Coupe du monde et alors que la Fédération Française de Rugby cherche à faire oublier le départ de Guy Novès quelques mois plus tôt, cette formation remporte le Tournoi qui lui est consacré. Dans les mois qui suivent, cette génération dorée devient même championne du monde, alors qu’elle n’avait jamais accroché un podium depuis sa création. Avec Carbonel et Ntamack comme tête d’affiche, les Bleuets brillent et la célébration de cet exploit dépasse le cadre des spécialistes.

En parallèle, le nouveau venu et prochainement débarqué Jacques Brunel tente d’installer une charnière Dupont-Jalibert en Bleu. Malheureusement, les deux se blessent et déclarent forfait pour plusieurs mois. Mais avec ce choix, l’ombre de certains U20 (Ntamack et Bamba pour ne citer qu’eux) planent déjà dans les médias et les esprits, la ferveur vient petit à petit des jeunes. D’un public moqueur fin 2017, à boudeur en 2018, le sentiment de retrouvaille semble se cristalliser autour des jeunes joueurs.

Rapidement, l’emballement médiatique va même offrir une dynamique inédite jusqu’alors dans le championnat. En quelques années, les jeunes espoirs s’arrachent et les plus grosses écuries de France se jettent sur les prodiges. Avant la coupe du monde 2019, la moyenne d’âge des équipes de Top 14 connait une baisse notable comparé à ce qu’elle a connue à la moitié de la dernière décennie. Aucune formation de l’élite française ne dépasse les 25 ans de moyenne d’âge à ce moment-là. À la pleine prise de responsabilité de Fabien Galthié avec la sélection, la moyenne d’âge des joueurs appelés atteint même 24 ans et 10 sélections. De là à dire que c’est l’exploit inattendu des U20 et leur sympathie auprès du grand public qui a participé à bousculer un mécanisme rouillé ? Possible, mais qu’en pensent les acteurs du rugby français ?Quel est le potentiel jeunesse des équipes du Top 14 ?Quel est le potentiel jeunesse des équipes du Top 14 ?

Jeunes et déjà dans le moule international

En conférence de presse, l’ancien Columérin évoque cette jeunesse. Dans ses propos, il explique ne pas laisser place à ses joueurs parce qu’ils sont jeunes, mais bien parce qu’ils sont prêts à jouer au niveau international. Selon des propos de Fabien Galthié rapportés par Le Parisien pour le Tournoi 2020, cette idée semble écarter une simple idée de fraîcheur nécessaire : “On ne fait pas du jeunisme. On s'est vraiment concentrés sur les forces en présence et leur potentialité. Il y a un équilibre aussi.[...] Nos choix sont les choix les plus équilibrés possibles. La moyenne d'âge est autour de 24 ans et dix sélections. Un peu en deçà. Heureusement que Gaël Fickou en a cinquante, sinon ça ferait encore baisser la moyenne.

Pourtant, Galthié ne nie pas la réalité et avoue que ses joueurs sont “plutôt inexpérimentés sur le plan international.” Dans ce cas-là, comment comprendre que ces Bleuets déjà grands aient pris positions si vite ? Pour donner une réponse, les propos livrés par Ethan Dumortier le 30 mars dernier dans le Midi Olympique éclaire cette lanterne :

Là où les U20 sont très utiles dans la formation, c’est dans l’apprentissage de la physionomie et de l’anatomie d’un match international. Tout ce qui touche autour du rituel ou de la préparation d’un match, ça ne s’acquiert que par l’expérience, et le fait d’avoir vécu des protocoles similaires avec les moins de 20 ans m’a probablement détendue avant ma première cape. Ensuite, par rapport au niveau, la différence est énorme. Le XV de France, c’est l’élite au niveau mondial, ça n’est pas comparable…”

Pour passer le palier de la formation au très haut niveau, le cadre des U20 sert donc de sas de décompression. Outil de post-formation excellent, il permet désormais aux Bleus de briller. Par ailleurs, cette idée était également mise en avant l’an dernier par le Telegraph Sport. Le média britannique confirmait que Sébastien Piqueronies, lorsqu’il était à la tête de l’équipe de France jeune, était “le cerveau derrière l'explosion actuelle du rugby outre-Manche". Par ailleurs, le technicien renvoie encore cette réussite à “l’épanouissement” des joueurs en équipe nationale.

RUGBY. Pour la presse anglaise, le XV de France doit énormément à un homme, et ce n'est pas Fabien GalthiéRUGBY. Pour la presse anglaise, le XV de France doit énormément à un homme, et ce n'est pas Fabien Galthié

duodumat
duodumat
@Erwan Harzic Excellente initiative cet article "chronologique" pour expliquer la progression du XV de France. Pourtant il aurait été nécessaire de le relire et le clarifier avant de publier.
"Pallier à ..." est interdit en français comme en occitan d'ailleurs, en breton je ne sais pas.
Belle intention tout de même.
Merci.
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