Ce samedi, en demi-finale de Champions Cup, le Racing 92 recevait ceux qui étaient sur le toit de l'Europe depuis plusieurs années : les Saracens. Que des beaux noms sur les feuilles de match, mais un joueur a retenu l'attention de beaucoup : un certain Georges-Henri Colombe Reazel. Si vous êtes supporters du Racing 92, son nom ne vous est pas si inconnu.
Le pilier de 22 ans, originaire de Nanterre, a parcouru son chemin dans l'ombre et le travail, jusqu'à désormais être aux portes d'une finale de Champions Cup. Repéré à 12 ans, pôle espoirs, sélections jeunes et un petit tour du côté de Nevers : découvrez l'avenir du Racing 92 à droite.
Une initiation
Les histoires d'amours commencent généralement sans qu'on le veuille et le rugby n'échappe pas à la règle. Georges-Henri, ou "G-H", n'a pas débuté avec un ballon de rugby dans les mains ni un amour inconditionnel pour ce sport. Le jeune gamin des Berthelot à Nanterre G-H s'est retrouvé dans une initiation rugby à l'âge de 12 ans, comme il l'affirme chez Nanterre Info : "Dans le quartier, c'était plutôt foot et basket. Le ballon ovale et les techniques de jeu étaient en rupture totale avec ce que je connaissais". Cette initiation, c'est un certain Stéphane Jourdan, un ancien joueur du Racing Club de France et le sport-étude de Lakanal. Le président même du club de Nanterre pousse le jeune Colombe à rejoindre l'école de rugby de sa ville avant de rejoindre le Racing Métro trois ans après, lors de la saison 2012. Déjà, le pilier droit du Racing reconnaît son avantage physique par rapport à ses coéquipiers et ses adversaires : "J'étais un peu plus grand que les autres. Un peu plus costaud. Et ça m'a plus tout de suite", affirme-t-il dans une vidéo de présentation.
Le pôle espoirs Lakanal
Lakanal est un des centres de formation d'excellence de la Fédération Française de Rugby. Ce sport-étude a vu passer des dizaines de joueurs et internationaux français et tout le monde reconnaît la qualité de sa formation. Parmi les 29 joueurs du pôle rugby du lycée Lakanal, Georges-Henri Colombe Reazel a été détecté en compétition avant d'y entre en 2014 (16 ans). G-H reconnaît les sacrifices que Lakanal demandait : 8 à 10 heures d'entraînements en plus du programme scolaire, au lit à 22h30, entraînements et match avec le Racing. Mais le solide pilier droit a réussi à s'imposer jusqu'à connaître un tout nouveau maillot, plus foncé.
Le bleu de circonstance
La route semble tracé pour le jeune pilier francilien. Après un début tardif avec le ballon ovale, un recrutement par le Racing 92 et une entrée au pôle Lakanal, voici maintenant un nouveau groupe prestigieux qui attend G-H en 2014 : les U16 de l'équipe de France. Même si son coéquipier Hassane Kolingar l'accompagne, Georges-Henri continue son chemin avec pour seul objectif le travail. U16, U18, U20. Pourtant, le Racingman ne fait pas partie de la génération Abdoul, qui a survolé les championnats du monde ces dernières années. En juin 2017, il terminera à la 3e place du Mondial U20 en Géorgie. Cette même année 2017 est aussi sous le signe du premier contrat espoir pour le joueur de 19 ans.
2017, une rampe de lancement
Grand est sûrement un des adjectifs qui pourraient qualifier Georges-Henri Colombe Reazel : 1 mètre 93 pour 110 kilos. A 19 ans, le 26 août 2017, le Racing 92 lancera son petit protégé dans la cour des grands face à Castres. A ses côtés, on peut voir Dimitri Szarzewski, Joe Rococoko, Johan Goosen ou bien Dan Carter. Cette même année, G-H soulève le bouclier de champion de France Elite 2 avec les espoirs ciel et blanc. Si cette même année il continuera ses études car "on n'est pas à l'abri d'une blessure qui mette fin à la carrière sportive", le Racing 92 décide d'opter pour une stratégie bien connue du rugby français : former ses premières lignes à la Pro D2.
Un tour à Nevers
Premières apparitions en Top 14, fait. Maintenant, il faut absolument du temps de jeu pour ce joueur technique, qui a su travailler le dos et les jambes pour sa tenue en mêlée. Le Racing 92 se trouve dans une saison pleine en 2017, et il n'y a malheureusement que peu de place pour un jeune joueur à former. Les dirigeants et le staff décideront de l'envoyer se faire les épaules en Pro D2. Quoi de mieux pour un pilier ? Georges-Henri ira donc palier la blessure de Jonathan Garcia à l'USON Nevers, en tant que joker médical. Toujours à 19 ans, il fera sa première apparition en Pro D2 qu'à la 26e journée (à 5 matchs de la fin de la saison régulière), face à Bayonne à Jean-Dauger. Une aubaine pour le joueur de 19 ans, comme il le déclare au Journal du Centre :
Je n’ai pas hésité une seule seconde quand l’opportunité de venir à Nevers s’est présentée. C’est un niveau où l’on rêve de jouer quand on a 19 ans. En jouant en espoirs, je ne progresse plus et je vais pouvoir prendre de l’expérience avec l’USON. C’est un gros défi pour moi et j’espère jouer le maximum possible. Pour aider le club à rester en Pro D2 et montrer que j’ai une carte à jouer, ici ou au Racing, où le staff attend que je me lâche".
Le ciel et le blanc
Son expérience en Pro D2 a forgé le jeune pilier qui a aujourd'hui 22 ans. Le départ de Ben Tameifuna a également ouvert la porte à G-H. Le championnat espoirs ne forme pas tellement au haut niveau qu'exige le poste de pilier droit. Depuis le début de la saison, Georges-Henri Colombe Reazel a joué deux matchs avec son club francilien, face à Montpellier en tant que titulaire et le LOU en remplaçant. Avec seulement 80 minutes de temps de jeu au total, ça n'a pas empêché le staff ciel et blanc de le lancer en quart et en demie de Champions Cup, avec le 3 dans le dos. Il cumule donc plus de temps de jeu en Champions Cup (133 minutes) qu'en Top 14 ! Si l'avenir semble se dégager doucement, mais sûrement pour le jeune de Nanterre, il ne faut pas le lancer trop vite dans la cour des grands, ou du moins, laisser le niveau et son staff le former. Le rugby français adore ces jeunes joueurs, sortis de nulle part et promis à un avenir radieux. Une carrière dans le rugby peut être aussi longue que courte, si le XV de France s'offre à Georges-Henri Colomes Reazel, c'est que le temps sera venu pour celui qui n'a que le mot travail en bouche.
