La scène nous fit, à vrai dire, autant pester qu’elle nous émut. Parce que voir Ange Capuozzo réaliser un exploit personnel à faire rêver le Stadium comme seuls une poignée de pratiquants sauraient le faire, avant de péniblement le regarder se tordre de douleur dans l’en-but puis se faire évacuer sur civière n’était pas juste. Pas juste pour ce joueur frisson, étincelant cette saison et désormais pleinement épanoui dans la vie comme sur le terrain, à Toulouse. Pas juste pour l’Ange de la ville rose, stoppé en plein vol. Pas juste pour le rugby, tout simplement.
Et puis, alors que l’international italien n’était même pas encore évacué de la pelouse de l’île du Ramier, nous revint illico une scène en mémoire, qu’on partagea alors au David Ribbans du RC Aubagne, présent à nos côtés face à la télé du club house, après la victoire de son club face à Avignon, en Fédérale 2. En ces mots, spontanés quoiqu'un peu brouillons :
Le spectre de la fracture écarté, et si Ange Capuozzo revenait finalement pour les phases finales du Top 14 ?"Voir Capuozzo, le natif de Grenoble, en pleine bourre et se faire évacuer de la sorte du Stadium, en plein mois d’avril, ça me rappelle drôlement une scène de la saison 2007/2008, avec un autre chouchou du Stade Toulousain, lui aussi issu de la formation grenobloise." Juste le temps de laisser à cette marmule (1m97 pour 124kg) de quoi forcer sa mémoire, on lui lâcha alors un "d’autant que Capuozzo et Clerc se connaissent bien et sont même assez complices, désormais…"
La similitude avec 2008
Avant de s’expliquer. En 2008, Vincent Clerc marche lui aussi sur l’eau. Le "gendre idéal" va alors fêter ses 27 ans et joue le meilleur rugby de sa carrière, au sortir d’une coupe du monde 2007 qui l’a vu définitivement prendre le poste d’ailier en équipe de France.
Mais face à Clermont, pour le grand choc du Top 14 de l’époque et une semaine avant une demi-finale européenne, "Chicken" se fait le genou en voulant crocheter Aurélien Rougerie, sur cette même pelouse du Stadium de Toulouse. Auteur jusque-là de 22 essais en 24 titularisations toutes compétitions confondues en 2007/2008, Clerc est stoppé net dans son élan…
Au moment de sa blessure à la cheville, grave à première vue, Ange Capuozzo venait lui d’aplatir son 16ᵉ de la saison en 20 matchs débutés, au terme d’un slalom géant entre 5 défenseurs anglais. Mais, une vraie différence subsiste dans la matrice, finalement : la gravité de la blessure.
Confirmée par Capuozzo lui-même ce mardi soir sur ses réseaux sociaux : "plus de peur que de mal". Souffrant d’une simple grosse entorse de la cheville, l’ailier/arrière de 25 ans ne passera pas par la case opération et devrait revenir d'ici à six semaines, pour le sprint final du Stade Toulousain. Malgré tout, il sera absent pour le quart de finale de Champions Cup face au RCT ce dimanche…
Même issue qu'à l'époque pour Toulouse ?
Cette histoire contée plus succinctement, après un hochement de tête de notre collègue 2ᵉ latte en signe d’acquiescement qui nous confirma sa surprenante culture rugby, on termina alors par notre tirade par cette chute : "tu sais comment cette saison-là s’était terminée pour Toulouse ? Par un titre de champion de France et une finale de coupe d’Europe perdue face au Munster."
Allez savoir si en 2024/2025, le Toulouse de Capuozzo fera aussi bien que celui de Clerc il y a 17 ans…
