PRO D2. 1 vs 1, De La Fuente face à Saili, une finale aux allures de Super Rugby

D'un côté Jeronimo De La Fuente, 30 ans et 64 sélections avec l'Argentine. De l'autre Francis Saili, 30 ans également, de seulement 14 jours son aîné, qui a eu la chance d'évoluer à deux reprises sous le maillot All Black et ce malgré une concurrence accrue au poste. Ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas là d'un duel comptant pour un match de Rugby Championship ou de Super Rugby. Mais bien d'une finale de Pro D2. Car les deux hommes se retrouveront ce samedi sur la pelouse du GGL Stadium de Montpellier face à face, numéro 12 dans le dos, l'Argentin pour l'USAP, le Néo-zélandais pour le BO. Et pour comprendre comment ces deux joueurs ont atterri dans l'antichambre du Top 14, il faut remonter à quelques mois en arrière. À la fin d'une saison 2019/2020 interrompue par la pandémie de Covid-19, les dirigeants Catalans et Basques ravissent leurs supporters en annonçant la signature de deux pointures au centre. Retour sur ces dernières. 

TRANSFERT - L'USAP fait signer Jeronimo De La Fuente

Jeronimo De La Fuente tout d'abord. Après s'être révélé au sein de la formation argentine des Pampas XV, le trois-quarts centre d'1m83 pour 93 kg explose sous le maillot des Jaguares, une fois la première province dissoute. Là, le Puma va se mesurer aux exigeantes joutes du Super Rugby et se confronter aux meilleures équipes néo-zélandaises sud-africaines et australiennes. Jusqu'à la consécration ou presque, un soir de juin 2019, où son équipe pulvérise les Brumbies en demi-finale de la compétition (39-7) et se hisse en finale. Historique. Titulaire à part entière au sein de la formation sud-américaine, il ne pourra empêcher la défaite des siens en finale face aux imprenables Crusaders à Christchurch (19-3). De La Fuente enfile à côté de ça à maintes reprises la tunique ciel et blanche de l'Argentine, participe à la Coupe du Monde et au dernier ''Tri Nations'' et est même désigné vice-capitaine. Un indispensable donc de Mario Ledesma, le sélectionneur national. Mais à l'été 2020, se pose la question de son avenir. Face à de gros problèmes financiers, la faute à cette fâcheuse pandémie, la franchise des Jaguares est contrainte de libérer la quasi-totalité de ses joueurs. Et bon nombre d'entre eux trouvent un point de chute en France. Pêle-mêle, Marcos Kremer rejoint alors par exemple Nicolas Sanchez ou Pablo Matera au Stade Français, Guido Petti et Bautista Delguy signent à l'UBB tandis qu'Emiliano Boffelli s'envole pour le Racing 92. D'autres optent pour la Pro D2 comme Rodrigo Bruni qui s'engage avec Vannes et donc Jeronimo De La Fuente à l'USAP. Récemment, pour L'Indépendant, il raconte : J’ai toujours eu l’idée de venir en Europe. Ce virus m’y a poussé''. ''International Argentin confirmé, titulaire indiscutable des Pumas, Jeronimo De La Fuente va apporter toute son expérience et son talent au centre de l’attaque usapiste. Explosif, technique, plaqueur, il doit s’imposer comme un des leaders indiscutables de notre équipe'', déclare alors Christian Lanta sur le site officiel du club. Une fois le Rugby Championship terminé, il pose donc ses valises en terre catalane, au cours de l'hiver 2020. 

Du côté de la côte basque, la nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Champion du monde avec les Baby Blacks en 2011 et fort de deux sélections sous la tunique de la fougère, Francis Saili débarque au Biarritz Olympique. Jean-Baptiste Aldigé affiche clairement ses ambitions puisque dans la foulée, l'ailier international australien Henry Speight rejoint le club. Mais revenons-en à Saili. Il glane sa première sélection avec les All Black en 2013 lors d'une victoire face à l'Argentine à Hamilton (28-13). Il évolue au sein d'une ligne arrière cinq étoiles composée de stars et légendes de ce jeu comme Carter, Smith, Savea ou Dagg. Un petit tour et puis s'en va. 2 sélections, un passage de 2012 à 2015 chez les Blues puis Saili s'exile en Irlande, au Munster en 2015. Puis en Angleterre en 2017 en s'engageant pour les Harlequins. Et enfin le BO en 2020. Les supporters biarrots découvrent dès lors un joueur talentueux, travailleur doté d'un sacré bon état d'esprit conjugué à une bonne humeur contagieuse. Blagueur, déconneur mais pas moins compétiteur. En mai dernier, il y a un an, il déclarait à son arrivée dans les colonnes de Rugbyrama : ''J’ai fait ce choix parce que l’on m’a présenté un challenge que j’ai eu envie de relever : celui de faire remonter le club en Top 14. Je voulais faire partie de cette aventure et aider l’équipe du mieux que je peux à le faire. J’ai aussi aimé la vision que les dirigeants biarrots ont sur le futur : il y a ce projet de Top 14, mais pas que. Le club veut construire de nouvelles installations ainsi qu’un nouveau stade pour les générations futures [...] Cet ambition m'a convaincu''. 

De La Fuente le métronome, Saili l'indispensable

Touché lors d'un choc à la tête en demie face à Oyonnax (27-15), Jeronimo De La Fuente avait dû quitter ses partenaires sur protocole commotion. De là à remettre en cause sa participation samedi ? Pas vraiment selon Patrick Arlettaz qui a indiqué que ''ça devrait aller''. De nouveaux examens devraient par la suite confirmer la présence de l'Argentin à Montpellier. Car l'USAP en aura bien besoin. Dès son arrivée, ce dernier s'est affirmé comme l'une des pièces maîtresses de son équipe en formant notamment avec le capitaine Mathieu Acebes, une paire de centre complémentaire. De par sa technique, il rayonne et bonifie ses partenaires autour de lui. Capable de faire jouer, de briller aussi balles en main, il n'en reste pas moins un solide défenseur. En plus de son adaptation express sur le près, ''Jero'' fait alors preuve d'une implication exemplaire au sein du club catalan comme l'explique Rimas Alvarez Kerelis son entraîneur toujours pour L'Indépendant : ''Il est très impliqué pour s’intégrer et prendre la parole dans le groupe en espagnol et en français. Jerónimo suit des cours avec un professeur. Et en voudrait plus encore.'' Un leadership affirmé, en témoignent ses 13 titularisations en treize rencontres, 941 minutes passés sur le terrain, pour un ratio de 85 % de victoires. 11 succès, un nul et une seule petite défaite. Impressionnant. L'USAP avec De La Fuente, c'est un gage de sécurité supplémentaire et une expérience non négligeable au centre de l'attaque perpignanaise. 

Et que dire de Saili. Depuis son arrivée au Pays basque, le centre kiwi enchaîne les prestations de hauts-vols. N'ayons pas peur des mots, il est le patron des lignes arrières du BO. Et l'un des leaders de cette équipe. Avec 25 rencontres disputées, toutes en tant que titulaire ainsi que ses 1919 minutes sur le terrain, il est le troisième joueur le plus utilisé de l'effectif derrière Steeve Barry premier et Steffon Armitage second. Surtout le solide centre (1m80, 100kg) impressionne et pourrait à l'instar de son adversaire argentin à n'en pas douter, évoluer au plus haut niveau de l'échelon hexagonal. Impressionnant ballons en main, Saili peut évoluer dans plusieurs registres. Rapide et technique, sa puissance fait également de gros dégâts dans les défenses adverses. Le Néo-zélandais génère quasiment à chaque fois de l'avancée et est souvent utilisé en premier attaquant comme on a pu l'observer contre Vannes. Surtout, il est doté d'une science du jeu incroyable. Un exemple flagrant ? Ce premier essai biarrot à Vannes, où en patron il demande à son second centre François Vergnaud de venir rentrer sa course en leurre. La suite ? Servi dans le dos, Saili offre un caviar à Henry Speight. Ce samedi, il essaiera de rééditer sa performance de la première journée face à l'USAP, où il était parvenu à franchir la ligne en solitaire. Preuve de son importance au sein du club, il a prolongé avec le BO jusqu'en 2024. 

Pro D2 - Le All Black Francis Saili passe la défense catalane en revue d'entrée [VIDÉO]

Bref, vous l'aurez compris, les deux joueurs sont d'une importance capitale pour leur équipe. Difficile à l'heure de l'écriture de ces lignes de sortir un nom du chapeau. Les deux protagonistes semblent dans une forme étincelante et bien malin celui qui pourra désigner un vainqueur avant ce duel. Quoiqu'il en soit, cet affrontement promet, tout autant que ce Perpignan-Biarritz qui sent bon les années 2000.