"Une bonne défense et on gagne le match". Cette phrase, entendue par des milliers de rugbymen, est souvent réduite à une seule phase : le plaquage en lui-même. Mais ces milliers de rugbymen savent également qu'un bon plaquage comporte 80 % de bon placement avant, ce qu'on appelle "le travail sans ballon". Dans le mouvement général, les plans de jeu demandent souvent aux joueurs de glisser et de s'aider de la touche extérieure pour défendre.
Mais avec les nouvelles directives de plaquages, la défense glissée comporte énormément de risque. Pour y remédier, la rush defense peut être associée à une nouvelle attitude de la part des joueurs : monter épaule extérieure de l'attaquant et non plus intérieure. Collectif, homme à homme, risques et organisation : voyons le positif et le négatif de cette défense.
La défense glissée
La défense glissée, comme son nom l'indique, demande aux joueurs de glisser pour vite combler les espaces aux larges, afin de ne jamais laisser un défenseur seul sur le terrain. Le but est que chaque défenseur pousse au large et change sa zone (défenseur). Aimée par des générations d'entraîneurs, elle comporte des risques, comme chaque système et plan de jeu. Le premier est l'intérieur : un crochet et l'attaquant s'engouffre dans un intervalle. Le deuxième est le manque de communication. Si les joueurs sont maintenant formatés à la défense glissée, il suffit d'un oubli pour que le déséquilibre dans la défense se fasse. Et ne parlons pas du plaquage en lui-même ! En glissant, il est difficile d'asséner un plaquage positif (dans l'avancée) : glisser oblige à perdre du terrain et les nouvelles directives de plaquages rendent la tâche bien trop risquée. Si vous pensez que la défense glissée demande une bonne communication, attendez de voir ce système de défense épaule extérieure.
"On agresse !"
Les équipes professionnelles adoptent ce système défensif depuis quelques saisons. Le principe est simple : monter sur l'épaule extérieure du défenseur. La défense ne contrôle plus en glissant jusqu'à la touche, elle agresse l'attaque en coupant la passe et ramenant le jeu le plus proche du précédent ruck, le tout, en montant vite et fort. L'autre avantage de cette défense est la technique de plaquage. En montant fort et épaule extérieure, le défenseur ne subit plus le plaquage, comme sur une défense glissée.
L'importance de l'ailier
Dans cette défense, comme dans la défense glissée, l'ailier est le plus important. Il devra monter un poil plus fort que ses coéquipiers, afin de dissuader la passe. La complexité est de ne pas dépasser le ballon pour ne pas se retrouver en poursuite avec des défenseurs dans le dos. L'ailier est donc une pièce maîtresse dans cette défense, mais il n'est pas le seul.
Le grattage
Pour cette défense, il faut avoir du temps pour travailler sans ballon et se placer épaule extérieure. Le seul moyen d'en gagner est de ralentir les sorties de balle adverses par un grattage ou une poussée dans l'axe. Le grattage offensif est intéressant. En ramenant le joueur vers le ruck précédent, on le ramène également vers les soutiens intérieurs : plus facile pour gratter.
Mon voisin garde mon extérieur
Fini les "tu as inté !" en pleine course. Dans cette défense, le joueur extérieur garde l'extérieur de son coéquipier intérieur s'il subit un crochet. Le but étant d'empêcher l'attaque d'écarter les ballons et d'avancer. A force, cette dernière devrait lâcher les ballons au pied. C'est là que certains risques apparaissent.
L'ailier attaquant bien trop seul
En défense, l'ailier garde son arrière et laisse l'ailier à son 15. Tout comme en défense glissée. La montée épaule extérieure comporte plusieurs risques. Le premier, pour l'ailier grand côté, est qu'il se retrouve extérieur du 15 attaquant… mais également de l'ailier petit côté qui peut souvent venir faire le surnombre. Pour cela, il doit vite plonger vers ce dernier car il rentre dans sa zone. L'autre souci est l'ailier extérieur. Cette défense demande un grand nombre de joueurs dans le premier rideau et donc, peu dans le fond de terrain. Si l'attaque est en possession d'un ouvreur avec un bon jeu au pied, la défense pourrait subir plusieurs transversales. Le 15 doit être encore plus vigilant dans son fond de terrain.
Un cas
Sur ce match opposant les Saracens au Racing 92, les franciliens ont parfaitement réussi cette défense. On voit bien les joueurs changer d'appuis pour mettre la jambe extérieure devant et permettre une montée épaule extérieure.
L'attirue des Racingmen est importante : buste en avant, pied d'appuis extérieure et la cible sur l'épaule extérieure de l'attaquant. De cette manière, la montée sera efficace.
Si Vakatawa ne monte pas avec sa ligne (erreur ou oubli), les ciels et blancs montent fort autour de la cellule du ballon. Ainsi, ils obligent le porteur de balle à rentrer dans la défense. Ce dernier ne peut pas jouer extérieur et encore moins dans le dos avec un trois-quart.
On voit le regard du porteur de balle qui cherche extérieur, mais qui ne peut pas la donner. Il rentrera sa course et les Racingmen auront gagner 3 mètres depuis le précédant ruck.
Cette défense épaule extérieure demande une grande concentration de la part de toute l'équipe. Un seul joueur ne monte pas et des intervalles se créent. Mais la communication sur un terrain est souvent laissée aux leaders de jeu. L'essayer, c'est l'adopter.
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