Le journal anglais du Telegraph souligne la prestation XXL de la charnière Dupont/Ntamack, malgré "une finale un peu plate" due à un Stade de France désert, réduit de sa "cacophonie habituelle". Mais la faute n'est pas sur les joueurs selon eux, et encore moins les Français qui ont marqué 4 essais "dont deux absolument stupéfiants" : "une victoire 35-27 qui fera saliver les amateurs de rugby sur la perspective que les Bleus poursuivent leur trajectoire actuelle la saison prochaine". Mais qui a marqué les esprits ? Outre-Manche, "l'impressionnant quatuor d'Antoine Dupont, Romain Ntamack, Gaël Fickou et Virimi Vakatawa" ravit, ainsi que Grégory Alldritt et Charles Ollivon devant, et le tout sous l'influence de Shaun Edwards "qui commence clairement à porter ses fruits". Outre le focus sur ce nouveau XV de France, le Telegraph estime qu'avec cette équipe, le Tournoi des 6 Nations a pris une nouvelle dimension.
Mais qu'en pensent nos homologues irlandais de l'Irish Times ? Tout d'abord, ils tiennent à rappeler que les hommes en verts n'ont remporté que 5 manches sur le sol parisien depuis la Seconde Guerre Mondiale, qualifiant la ville lumière de "cimetière" pour le XV du trèfle. Sans manquer d'humour, ils soulignent que la vraie question à se poser est "comment Rob Kearney peut-il avoir un bronzage comme ça la veille de novembre ?".
Toujours chez l'Irish Times, "l'Irlande aurait dû obtenir un essai de pénalité" sur l'intervention de Bouthier sur Hugo Keenan "qui semblait également avoir été poussé". Pour eux, l'explication de Wayne Barnes n'est pas suffisante. L'essai était improbable et le retour de Fickou impossible. Rajoutez à cela l'absence d'appel au TMO lorsque François Cros s'est fait plaquer sans ballon, entraînant un essai de pénalité, et vous obtenez une revendication irlandaise. Cependant, les Français ont tout de même tapé dans l'œil des spécialistes irlandais. L'apport des entraîneurs comme William Servat pour la mêlée a été souligné : "Encore une fois, le rugby serait amélioré si toutes les équipes voyaient le véritable but et l'avantage de la mêlée de cette manière". La vidéo de la remise des maillots la veille du match proposée par France 2 a traversé la Mer Celtique : "A la veille du match, la France a publié une vidéo de l'équipe présentée avec les maillots de match. Chaque joueur a parlé avec le cœur de son début au rugby, de ses jours en tant qu'amateur et du privilège d'être maintenant avec un tel groupe d'amis enthousiastes". A l'inverse, l'Irish Times souligne le comportement de Sexton lors de son remplacement, se demandant "si c'était la même chose pour l'Irlande".
Dans un autre article de l'Irish Times, Gerry Thornley (auteur) estime que le Tournoi des 6 Nations n'a pas été à la hauteur même si "tout cela a fait du match France-Irlande de loin le plus divertissant et le plus agréable", et ce, "même si la barre avait été placée très bas". Il n'est pas tendre avec l'histoire des Bleus : "qu'il ait fallu une décennie à la France pour représenter une menace est une blague, mais leur rajeunissement sous Fabien Galthié et compagnie a sauvé le Tournoi". Pour Thornley, la victoire finale s'est jouée sur le premier match : "En fin de compte, le titre a été décidé le premier week-end d'ouverture par l'Angleterre qui a obtenu un point de bonus à Paris". Il terminera par établir un bilan avant les prochaines échéances, dont la Coupe du monde 2023 : "Quoi qu'il en soit, avec un panel d'entraîneurs bien équipé, une réserve de talents gonflée par des victoires successives en Coupe du monde moins de 20 ans, une équipe installée et la perspective d'accueillir la Coupe du monde 2023, ils sont de retour avec une vengeance et une charnière Antoine Dupont et Romain Ntamack qui pourrait vraisemblablement être présente pour les deux prochaines Coupes du monde". Thornley ne voit pas tout du mauvais côté pour l'Irlande, malgré un Jonny Sexton vieillissant. S'il estime qu'un fossé se dessine entre l'Angleterre et la France face aux autres équipes, il voit l'Irlande meilleure que les autres participants au Tournoi.
