Affaire Bernard Laporte : comprendre les derniers rebondissements en cinq questionsInterrogé cette semaine par les enquêteurs de l'inspection générale de la jeunesse et des sports au sujet de ses relations avec le président de Montpellier et d'un supposé conflit d'intérêts, Bernard Laporte n'en a semble-t-il pas terminé avec les affaires pas claires. Une longue enquête publiée ce jeudi par Mediapart fait remonter à la surface de vieux dossiers. Le président de la FFR n'est cette fois-ci par directement impliqué, mais il entretient une relation particulière avec la cible des investigations, Claud Atcher. Comme l'avait fait l'un de ses illustres prédécesseurs, Bernard Lapasset, avant le Mondial 2007 organisé en France, c'est Laporte qui l'a nommé directeur de la candidature pour l’organisation de la Coupe du monde 2023.
C'est via sa société "Score XV", rémunérée 120 000 euros, qu'Atcher gère toute la campagne, Laporte ayant choisi "d’externaliser la gestion de la candidature". Pourtant, ce sont des membres de la Fédération française de rugby - une petite quinzaine - qui forme l'équipe. Mediapart de s'interroger : "Que recouvre donc le contrat avec sa société ?" Ce n'est pas la première fois que le doute plane sur les agissements du Nîmois de 61 ans, ancien troisième ligne du Racing Club de France. Placé à la tête de l’organisation de la coupe du monde de rugby 2007, il avait été remis en question par le Directeur général du comité d'organisation de l'époque, Vincent Roux-Trescases. Ce dernier n'avait pas hésité à parler d'"irrégularités [...] sur plusieurs éléments du passé de Claude Atcher" et demandé à Lapasset de l'écarter. Celui-ci ayant refusé, Roux-Trescases avait démissionné un an avant le coup d'envoi de la compétition.
25 années placées sous le signe du doute
Mediapart s'est intéressé de près à ce passé trouble. Dès 1995, et alors que Claude Atcher s'est rapproché de Lapasset dès 1991 pour en devenir son conseiller, une enquête conjointe de l’Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS) et de l’Inspection générale des finances s'interroge sur le rôle qu'il a pu jouer lorsque la FFR négociait un nouveau contrat de droits télévisions avec une société avec laquelle il entretenait des relations. Malgré un rapport détaillé, personne ne bouge à la Fédération ni au ministère en dépit des "ambiguïtés de la situation". Le rugby n'est pas le seul sport dans lequel Atcher s'est impliqué via diverses sociétés, dont Actiomedia.
Toujours bien placé, rarement inquiété
Dix ans plus tard, sa gestion du Marseille Vitrolles rugby - qui avait notamment recruté Jonah Lomu dans le cadre d'un projet visant à accéder au monde professionnel - a été remise en cause. Mediapart d'évoquer des "fausses signatures et de flux financiers douteux". Notamment entre une association fondée par Atcher et soutenue par la FFR, "France Rugby Cité", et la formation marseillaise. "Les finances de ce beau projet associatif ont supporté des paiements liés au personnel de Marseille XV". Quant au club, il aurait financé des séjours d'Atcher et Lomu au Japon en 2009 au moment où celui-ci postulait pour l'organisation de la Coupe du monde 2019. Claude Atcher sera d'ailleurs impliqué dans la désignation du pays au Soleil Levant via un contrat de consulting entre sa société, Score XV, et Rugby World Cup. Le tout, sous l'égide de l'IRB (devenue World Rugby), alors présidée par un certain Bernard Lapasset. C'est sans doute à ce moment-là qu'il a décelé tout le potentiel de l'Asie.
Il a récemment lancé une nouvelle structure, l'Asian Rugby Business Club, "sorte de club de réflexion visant à réunir les investisseurs appâtés par la conquête de ce nouveau marché". Lui est y déjà bien implanté via Score XV. Contre un investissement dans le rugby de Singapour (620 000 euros), elle reçoit un pourcentage (25 %) sur les ventes des billets du tournoi de rugby à 7 de la cité-État, l'une des étapes du circuit mondial, et "supervise notamment le merchandising" de la fédération singapourienne. On peut donc penser que Claude Atcher a égalemet joué un rôle dans l'accord qui lie désormais la FFR et son homologue de Singapour. Toujours bien placé, et rarement inquiété, il devrait très prochainement être mis à la tête du pôle business de la Fédération française de rugby. Lequel regroupera les départements Marketing – Événementiel – Billetterie. Soit tout ce qui permet à la FFR de remplir ses caisses.