Le Top 14, meilleur championnat du monde (c) ? Lors de certaines journées de la phase régulière, c'est parfois le cas. En revanche, au moment des phases finales on bascule généralement dans le championnat le plus ennuyeux de la planète ovale. Ce n'est pas une nouveauté. Cela fait déjà plusieurs saisons que les matchs couperets font la part belle aux buteurs. On l'a d'ailleurs vu une fois de plus lors du barrage entre le Racing et Toulouse avec les 21 points au pied des Franciliens. L'Équipe indique à ce titre que sur les trois dernières saisons, le nombre d'essais passe de 3,8 en phase régulière à seulement 1,8 lors des phases finales.
D'excellents joueurs qui produisent peu
Mais certains, comme l'ancien sélectionneur du XV de France Marc Lièvremont, désormais consultant pour Canal +, estiment que le spectacle vu lors de la dernière Coupe du monde - avec une moyenne de 5 essais par match à partir des quarts - trouverait écho en France. C'est raté. "On reste le mauvais élève du rugby international." Aux premières loges, le technicien tricolore s'en désole via un entretien accordé à L'Équipe ce mardi :
Le match de dimanche (barrage entre Montpellier et Castres, ndlr) a illustré le contraste de notre rugby. On espère beaucoup, on vend beaucoup, il y a une mosaïque de joueurs exceptionnels sur le terrain, le Top 14 est notre vitrine, un show, un feuilleton, avec des rebondissements. Tout ça pour aboutir à un contenu avec de l’agressivité, de la violence, très peu de spectacle. Et moi, je suis quand même payé pour faire vivre, et sur un ton le plus enjoué possible, un show qui n’est pas très excitant.
Du combat voire de la violence
Pour lui, les coupables se trouvent autant du côté des clubs que de l'arbitrage. Si les formations françaises proposent à ce moment-là un "rugby calculateur, minimaliste, petit bras", c'est notamment parce que les staffs préfèrent passer en force plutôt que d'oser l'évitement. Les joueurs du Top 14 ont l'impression que le haut-niveau c'est ça mais "c'est ce qu'on a vu pendant la Coupe du monde, putain ! C'est cet exemple qu'il faut suivre. Le rugby, c'est du combat dans le mouvement, et du mouvement dans le combat", lance l'ancien patron des Bleus. Ce week-end, il a plus l'impression d'avoir vu l'un que l'autre avec parfois même de la violence, notamment dans les rucks. "Tellement de joueurs vont dans les rucks pour faire mal."
Des arbitres pas assez sévères ?
Il estime d'ailleurs que les arbitres, qu'il considère très bons, ont un rôle prépondérant à jouer à ce niveau. Mais il y a selon lui "un problème de management". Lors du dernier Mondial, les consignes vis-à-vis de l'antijeu étaient très claires, " et on a vu le résultat. Là en Top 14 [...], je ne vois pas chez les arbitres les effets d'une directive qui va dans le sens de l'équipe qui produit." Il aimerait des consignes plus sévères. Mais selon le patron des arbitres français, Didier Mené, "les arbitres pèsent leurs coups de sifflet compte tenu des enjeux. Sur les comportements comme lors du barrage Montpellier-Castres dimanche, c'est différent. Soit on fait appel à la responsabilité des acteurs, soit on sort deux jaunes à chaque fois." D'aucuns diront que si c'est pour avoir seulement 13 joueurs sur le pré pour avoir du spectacle, autant aller voir directement du rugby à XIII voire du Seven.