News

Mais pourquoi des investisseurs du Golfe s'intéressent-ils au rugby français ?

Pourquoi des investisseurs des pays du Golfe souhaiterait investir dans le rugby français ? Quels ont été les résultats dans d'autres sports, notamment le football ?

Boukercha Oussama 15/06/2020 à 19h30
De nouveaux investisseurs pourraient apparaître dans le rugby français.
De nouveaux investisseurs pourraient apparaître dans le rugby français.

Béziers est au cœur des débats avec des discussions autour d'un rachat du club par de richissimes investisseurs émiratis. Mettre richissime en adjectif d'Emirati est devenu monnaie courante, mais l'argent fait-il vraiment le bonheur ? Vous avez sûrement la réponse dans la vie courante, mais quid du sport ? Nous avons fait un tour des clubs qui ont bénéficié d'une lourde contribution d'investisseurs des pays du Golfe. Ces propositions de rachats prouvent que le rugby français est encore attractif, mais pourquoi le rugby ?

Comment investissent- ils ?

Tout d'abord, le rugby est pour l'instant épargné par les sommes d'argent astronomiques qu'un investisseur pourrait envoyer. Simplement par son attractivité mondiale et par son statut de nouveau "langage" : qui n'a jamais tapé dans un ballon rond ? Si le football reste et restera encore longtemps le premier sport collectif, le rugby continue d'évoluer. Le ballon ovale reste une niche même si les voyants sont au vert avec l'émergence de nouveaux championnats comme la Top League au Japon ou la MLR aux Etats-Unis. Mais ce ne sont que des championnats émergents, aux droits télés encore faibles et à l'histoire peu attirante.

L'Europe semble plus logiquement attrayante. Le vieux continent compte le plus de clubs de rugby du monde et les droits télés des différents championnats locaux et européens ne cessent d'augmenter en chiffres. Les dernières années ont vu émerger une nouvelle économie dans le rugby professionnel et on s'aperçoit que les budgets moyens des clubs ont été multipliés par plus de 7 sur les 20 dernières années (26,18 millions d'euros en moyenne l'année dernière). Pourtant, le Stade Français qui a connu la plus grosse ascension (de 7 millions d'euros à 36), ne se trouverait qu'à la 14e place de la Ligue1.

Alors pourquoi investir dans le rugby ?

Il s'agit tout simplement de l'offre et de la demande. Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de Droit et d'Economie du Sport de Limoges, l'expliquait ainsi en 2017 pour Ecofoot : "Cette offre abondante s’explique par l’évolution du secteur et la structure actionnariale des clubs français. Ces derniers, qui ont pendant longtemps soutenu les déficits structurels (ce dont il faut leur rendre hommage), ne peuvent plus faire face aux investissements nécessaires pour poursuivre le développement de leur club. Face à la nécessité d’injecter toujours plus de moyens pour assurer un certain niveau de compétitivité, ils sont obligés de dénicher de nouveaux investisseurs".

On le disait : les droits télés ! Associés à la billetterie, les investisseurs des pays du Golfe pourrait y trouver un marché quasiment vierge où tout est (presque) possible. En 20 ans, les droits TV ont été multipliés, en parallèle des budgets des clubs, par plus de 10 ! Les dernières négociations entre la LNR et le diffuseur historique du Top 14 ont conclu un montant de 97 millions d'euros (contre 1,153 pour le Ligue 1). L'autre argument d'un investissement dans le Top 14 est la compétition que tout le monde attend : la Coupe du monde. Après le succès de l'édition japonaise, la prochaine se déroulera en France, un des pays où le championnat reste le plus puissant. Un investisseur pourrait donc y voir une opportunité pour les prochaines années d'apparaître sur le premier plan, notamment par ses joueurs sélectionnés. Un dernier argument et pas des moindres est le ticket d'entrée pour racheter un club. Ce dernier est bien plus bas en France et dans le rugby que dans un club de football européen. Christophe Lepetit déclarait à propos du football que l'OM a été racheté pour "une somme comprise entre 40 et 50 M€ : "A titre d’exemple, CMC et CITIC (ndlr : deux consortiums chinois) ont investi 400 M$ (375 M€) pour acquérir seulement 13 % du capital social de City Football Groupe, société mère de Manchester City."

Mais comment expliquer un si faible coût de rachat ?

Au football, comme au rugby, les clubs ne disposent que très peu d'actifs hormis leurs joueurs. Ils ne sont par exemple pas propriétaires de leur stade. Même si les investisseurs émiratis souhaitent éponger la dette de Béziers, les clubs de rugby français ne traînent pas un lourd passif financier. L'obligation de maintenir des budgets stables par la DNACG est plus stricte que dans d'autres championnats comme la Premiership.

La stratégie de "soft power"

Mais les investissements ne sont pas là que pour l'amour du jeu. Pour le cas du PSG, la société QSI a developpé une stratégie de "soft power". Cette "politique d'influence économique, culturelle et idéologique" passe par le biais des investissements. Elle est beaucoup plus utilisée au cinéma et vous avez dû en entendre parler avec l'exemple de Top Gun avec des militaires ventant leurs forces à la sortie même des salles. Ou plus récemment avec Zero Dark Thirty programmé à la sortie 2 semaines avant les élections qui ont vu Barack Obama etre réélu. Le cabinet de conseil Portland réalise un classement intitulé "Soft Power 30", classant les pays en fonction d'un score soft power. En 2019, la France était première avec un score de 80,28 devant le Royaume-Uni (79,47) et l'Allemange (78,62). Nous sommes passés de la 4e place en 2015, à la première l'année dernière. Puis il ne faut pas oublier le rayonnement de la France à l'étranger pour ces investisseurs : la France est encore le pays le plus visité au monde.

Quels sont les résultats de ces investissement des pays du Golfe ?

Un rapport de l'agence Repucom (racheté par le groupe Nielsen Sports), a dévoilé que plus de 105 milliards d'euros avaient été dépensés en rachats de clubs entre 2007 et 2015. Si le PSG a été racheté par Qatar Sports Investments en 2011 POUR 130 M€ de dollars, beaucoup d'argent a été injecté par la suite. Notamment dans le sponsoring. Et ce, malgré la mise en place du fair-play financier dans le football.

Le cas parisien

Le Paris-Saint-Germain rafle tout sur la scène nationale avec des joueurs venus du monde entier et quelques stars et entraîneurs qui ont fait la renommée du club à l'échelle mondiale. Paris est devenu une vraie marque et s'immisce doucement dans d'autres domaines avec sa stratégie de "soft power". Si les anciens ultras parisiens ne sont pas tous heureux du virage qu'a pris le club, les virages d'Auteuil et de Boulogne restent très souvent plein, même lors de petites affiches. Pourtant, les résultats sportifs ne sont pas à la hauteur des investissements. En Europe, le club n'arrive pas à passer le stade des quarts de finales de Ligue des Champions, souvent expliqué par le faible niveau (hypothétique) de la Ligue 1 face à la Premier League, la Bundesliga, la Seria A ou la Liga

Le cas anglais

Manchester City, acquis en 2008 par Abu Dhabi Holdings pour 330 millions d'euros, est le cas le plus connu. Mais le FC Leeds United est passé à travers des lumières des médias après son rachat en 2012 par la Gulf Finance House, basée à Bahrein. L'année d'avant, le club remontait en première division et la politique de recrutement créa des tensions au sein du club et des supporters. Le staff a même été viré au mois de janvier. Si GFH Capital détenait 100 % du club pour 84 M€ à l'achat, ils ont décidé de revendre 10 % à l'IBB, une banque d'investissement internationale du Bahrein. La direction effectuera d'autres mouvements dans la quête de nouveaux investisseurs, mais le club est actuellement en deuxième division anglaise. Newcastle est en passe d'être racheté à 80 % mais cette fois-ci par le fond souverain saoudien, et non une personne détenant une entreprise. 

Les passerelles

L'autre investissement des pays du Golfe passe par le sponsoring. Vous avez sûrement dû voir des maillots floqués au nom d'Emirates, Etihad ou Qatar Airways qui a réussi le tour de magie de s'afficher sur le maillot du FC Barcelone alors que le club refusait jusque-là qu'un sponsor y figure. Aujourd'hui, les Emirats Arabes Unis sont les plus gros investisseur des 6 grands championnats européens. Ils dépassent les entreprises allemandes depuis 2014. Selon BFM Business, "le montant total des contrats de ce type atteignait ainsi près de 150 millions de dollars" en 2015, contre 24,6 millions en 2011.
Le but d'un rachat de club est également de créer des passerelles avec leurs autres activités. On a pu le voir avec Hans-Peter Wild, le Stade Français et Capri-Sun. En rachetant le club, les négociations et la pose du sponsor sur le maillot fut beaucoup plus simple pour le milliardaire. Montpellier et Mohed Altrad sont dans le même cas. Mais, c'est encore une autre histoire. Le cas de Béziers rentre dans beaucoup de ces questions : le coût de rachat du club est faible, la zone géographique est intéressante pour d'autres investissements et le championnat de Top 14 est encore ouvert à de nouvelles grosses écuries. De plus, les finances du club forcent la structure dirigeante à trouver une solution rapide et donc, moins négocier. On peut également noter que la force d'investissement des pays du Golfe est plus puissante que celle des entreprises françaises. Rajoutez à cela une crise sanitaire mondiale est les portes sont ouvertes mais tout ne sera pas possible pour ces richissimes investisseurs : la DNACG surveille. 

Yonolan
Yonolan
Pourquoi les pays du golfe investissent-ils ? Tout d’abord cela n’a rien à voir avec les fonds d’investissement qui veulent s’emparer du rugby Eux ils ont déjà un modèle qui a fait ses preuves avec des sports comme le foot américain mais qui aujourd’hui atteint ses limites par les masses d’argent atteintes qui ne procureront pas la plus-value attendue lors des reventes ( car c’est là que se font les bénéfices à moyen terme ) Donc le rugby leur permettrait de reproduire ce modèle avec des bas coûts et donc des plus-values juteuses ; reste à créer des compétitions de clubs mondiales pour l’attractivité et à sécuriser le business avec des ligues fermées et le tour est joué Pour ce faire bien sur il faut des ambassadeurs internes qui vont pousser à la roue , quitte à proposer des compensations financières aux clubs en guise d’appât ….Vous me suivez ? je suis sur que vous avez des noms.. Non les pays du Golfe préparent eux l’après pétrole Chacun des pays a une stratégie différente ( finances au Bahreïn , pharmaceutique et aluminium pour les EAU , tourisme, zone franche, énergies renouvelables etc…) Mais une chose est sure : il y a une volonté de changement d’image car il faudra bien attirer les consommateurs ou les investisseurs Comme le disait un saoudien : L’Âge de Pierre ne s’est pas terminé parce que nous manquions de pierre. Changer d’image par rapport à un Islam qui peut faire peur ; par rapport à des régimes qui peuvent paraître « médiévaux » dans leur approche des droits de l’homme et de la justice... Alors on investit massivement dans l’organisation de manifestations sportives du mondial de foot, Paris Dakar , de matchs de boxe , de courses de F1 pour que le monde entier puisse avoir une image carte postale et de modernisme de ces pays et oublier y compris les conflits qui se déroulent pas loin... On investit aussi dans des clubs étrangers pour que l’image soit complète et mondiale Et là on se moque des rentabilités autre que celles de l’image et des titres ( sans que cela soit un gouffre quand même) Et puis il ne faut pas oublier que ces pays sont très jeunes en moyenne d’âge et que le rôle de la femme ne pourra pas ne pas évoluer tout comme la religion et que les jeunes de ces pays sont aussi passionnés de sport .. Alors est-ce que le rachat d’un club de rugby et de Béziers en particulier cadre avec cette stratégie ? Je laisse chacun se faire son idée mais pour ma part et l’image de ce sport et sa notoriété ne correspondent pas à ces objectifs Reste alors la volonté d’un épris de rugby…. qui avancerait masqué pour mieux communiquer ?
Derniers commentaires

Connectez pour consulter les derniers commentaires.