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''L’urgence à agir'', face à ses défis, le rugby français fixe un nouveau cadre stratégique

Les États Généraux ont commencé à Marcoussis, réunissant la FFR et divers acteurs pour fixer des objectifs et des actions concrètes face aux dérives observées sur et hors des terrains.

Thibault Perrin 29/08/2024 à 15h42
Rugby français : La FFR lance ses États Généraux. Crédit image : Screenshot Youtube FFR
Rugby français : La FFR lance ses États Généraux. Crédit image : Screenshot Youtube FFR

Ce jeudi 29 août, la Fédération Française de Rugby (FFR) a réuni la grande famille du rugby à Marcoussis pour une première séance de travail historique dans le cadre des États Généraux. Un rendez-vous crucial, attendu après un été mouvementé, pour redéfinir collectivement l’avenir de notre sport.

RUGBY. TOP 14. Test surprise et prévention : comment le Racing 92 protège ses joueurs face aux dérivesRUGBY. TOP 14. Test surprise et prévention : comment le Racing 92 protège ses joueurs face aux dérivesFace aux défis actuels, tant sur le terrain qu’en dehors, la FFR a rassemblé une trentaine d’acteurs clés du rugby français. Des représentants de la FFR, de la Ligue Nationale de Rugby, des syndicats, du rugby amateur, ainsi que des staffs des équipes de France étaient présents.

Ensemble, ils ont identifié trois axes prioritaires pour redresser la barre :

  • fixer de nouveaux objectifs comportementaux aux équipes de haut niveau,
  • identifier les forces et les axes de progrès des modes de fonctionnement actuels
  • définir des moyens d’actions inédits et concrets pour empêcher les dérives constatées sur et en dehors des terrains, au niveau professionnel comme au niveau amateur.

L’urgence d’agir a été partagée par tous. Le rugby français, à tous les niveaux, n’est pas à l’abri des dérives sociétales telles que les addictions et l’influence des réseaux sociaux. Le besoin de repenser le fonctionnement est plus pressant que jamais.

Jérémie Lecha, Directeur général de la FFR, a été chargé de traduire ces réflexions en actions concrètes. Dès les prochains jours, il entamera une série de consultations pour finaliser un plan stratégique, opérationnel dès octobre, avant la Tournée d’automne du XV de France.

Ce n’est pas seulement l’avenir du rugby qui est en jeu, mais aussi son identité, ses valeurs et son histoire. C’est un moment de réflexion collective où le rugby doit se questionner sur son rôle dans une société en pleine mutation.

Ces États Généraux ne sont qu’un point de départ. Mais c’est un départ ambitieux, porteur d’une volonté forte de changement.

duodumat
duodumat
Le rugby français a une chance de sortir de ces dérives sociétales. Ne gâchez pas cette chance, mesdames et messieurs de la FFR !
Gilles Bert
Gilles Bert
Ceci est un article paru ce matin dans L'équipe. Je trouve important de le lire car reflète tout ce qui ne va pas dans le rugby français. C'est le témoignage de la mère d'un jeune joueur du Top 14. "" Le point de départ, c'est quasiment toujours une forte alcoolisation. Le rugby est devenu une manufacture de violence et de frustration. J'écoute ce que me raconte mon fils. Le mal-être des joueurs est puissant. Ils ne savent pas comment évacuer la pression, pas comment se régénérer. Et on ne leur apprend pas ! Ils se jettent dans l'alcool, la drogue. La cocaïne est en passe de supplanter la bière dans les troisièmes mi-temps aujourd'hui. Elle améliore la clairvoyance. Elle est un anti douleur qui aide à repousser les limites, la fatigue. Ses traces s'effacent en quelques jours. Nos jeunes sont en danger. Chaque fait divers raconte un mal-être profond. Pourquoi fait-on du sport si ce n'est pour trouver un équilibre intérieur ? On demande aux joueurs de performer jusqu'à ce qu'ils cassent, physiquement ou psychiquement. Qui les accompagne dans la dimension mentale ? Le cerveau, les émotions, c'est quand même plus important que les grammes de protéines dans un shaker. Ces jeunes hommes sont soumis à d'extrêmes exigences de performance. Le rugby n'est plus un jeu pour eux. Mon fils été broyé, il a vécu une dépression, comme d'autres. Beaucoup n'osent pas se l'avouer. Et, surtout, personne ne veut le voir. Ceux qui montreraient des signes alarmants ne sont pas dépistés. Nombre de coaches n'apprécient pas l'intercession d'un psy. Ce simple mot est mal vu, peu entendu, dans le rugby. Les managers n'aiment pas se sentir dépossédés, ils veulent avoir la mainmise sur le mental de "leurs" joueurs. Dans la mythologie du rugby, l'entraîneur est un chef de guerre. Un coach mental qui débarquerait dans un vestiaire pour dire à un joueur : "Tu t'en fous du résultat, prends du recul. Respire. Trouve du plaisir", il ne ferait pas long feu. J'ai vu mon fils et ses copains évoluer depuis l'école de rugby. Aujourd'hui, ce sport ne tire pas les joueurs vers le haut. Devoir "être un guerrier" chaque week-end, c'est compliqué. C'est un processus émotionnel particulier. Une fois dans cette zone mentale, il faut pouvoir en sortir, revenir au quotidien. Les ecchymoses voyagent du corps à l'âme. Ces hommes jeunes n'ont jamais le temps du "retour sur soi". On leur enseigne la "rush defense", mais aucune "self-défense" salvatrice pour l'âme. Qui les guide ? Qui est porteur d'un état d'esprit ? Ils étouffent, ne parviennent plus à s'ouvrir au reste du monde. Restent dans leur bulle, font de plus en plus rarement des études. Le rugby d'aujourd'hui, c'est deux Prime Time, chaque semaine, sur Canal+. Tout ça monte à la tête et influe sur les ego. Et puis s'ajoute à ça le poids des réseaux sociaux. Le téléphone est une addiction qui commence au réveil et se poursuit jusqu'à l'endormissement. En existe-t-il de pire ? On exige de nos joueurs qu'ils soient costauds, résistants, qu'ils performent dur et remettent ça la semaine suivante. Il leur faut être lisses avec la presse, ne jamais faire de vagues. Et puis sympas avec les supporters qui les insultent sur les réseaux sociaux. Que font-ils de leurs 20 ans ? Mon fils s'est déclenché un zona, est tombé en dépression. Il aime ce jeu depuis qu'il est enfant mais a été à deux doigts de mettre fin à sa carrière. Certains matins, il avait mal au bide avant l'entraînement. J'entends tellement d'histoires de joueurs pleines de noirceur. Que sont devenus les coaches ? Ils ne sont plus des papas ou des éducateurs. Beaucoup sont devenus des chefs d'atelier, attachés à fabriquer de la performance et produire des plans de jeu. Plus vraiment des figures inspirantes. La casse psychologique est énorme. Beaucoup de joueurs vivent seuls. Plus que jamais ils auraient besoin d'humanité. Ils reçoivent leurs instructions par SMS, des menus diététiques ou leur "dress-code" du jour : "Tu prends ton costume. Rdv à l'événement partenaire. Il y aura 200 personnes. Faudra être bon." Après un Championnat sous tension, on a envoyé de jeunes hommes en tournée d'été. L'intérêt sportif était nul. Le but d'une tournée est ailleurs, développer les êtres, les relations humaines. Aider à comprendre ce que signifie "faire équipe". Dans la nuit argentine, où étaient les hommes de quart pour guider nos matelots sur le pont ? Loin de tout, les digues ont lâché. Être mère d'un joueur est devenu une souffrance, psychologique autant que physiologique. C'est notre chair qui souffre, qu'il gagne ou bien qu'il perde. Chaque week-end, on a peur de la violence des chocs. Ce qu'ils appellent un match couperet, c'est notre réalité : nous, les mères, nous sommes coupées en deux. On a peur pour leur colonne vertébrale, leurs genoux. Et surtout leur tête. Les commotions cérébrales sont devenues légion. Mon fils a eu un black-out de dix jours. Tout ce qu'on vit est un déchirement. Et pourtant il y avait pire. Je suis sans mots, j'aimerais témoigner mon amour à la maman de Medhi Narjissi (2). Mais je ne sais que lui dire. Le rugby lui a pris son fils. ""
MAKABIAU
MAKABIAU
Il y a beaucoup de travail. J'ai toujours connu le rugby à "deux faces". D'un côté, l'image habituelle des valeurs du rugby, avec des exemples forts comme ce match du T6 annulé (Fr/Irl) à la dernière minute à cause du terrain gelé impraticable. Malgré cet amateurisme de la FFR (cela faisait 2 semaines qu'il gelait tous les matins), le public a quitté le SdF sans heurts...qu'en aurait-il été au foot ? De l'autre, un côté moins glamour, avec par exemple un derby Gaillac/Graulhet, où j'ai vu l'entraîneur des visiteurs faire des bras d'honneur au public et où sur le terrain le ballon ne circulait guère, les joueurs passant leur temps à se mettre des bignes. Côté racisme, rien de nouveau, chez les jeunes de ces clubs, une des activités du week-end consistait à aller casser de l'a....e. J'ai joué dans une équipe du 93, et celui qui prenait le plus de risques sur le terrain, c'était en général l'arbitre. Je suis désolé mais j'ai pas mal d'exemples de cet acabit, qui me laissent un souvenir mitigé de mes années de pratique. Il y a bien sûr eu des moments formidables comme on les imagine. Ce qui se passe actuellement est à l'image de notre société où tout se voit et tout se juge. Les instances nationales ne peuvent plus faire l'impasse de ce chantier.
potemkine09
potemkine09
L'addiction et les reseaux sociaux... Pour mou d'abord la violence sur et en dehors du terrain et le racisme. Autrement plus préoccupant que la weed et twatter/Xitter/Fesse de bouc/Tic et tac et consorts
lebonbernieCGunther
lebonbernieCGunther
Vaste chantier qui va bien au-delà du simple cadre du rugby, mais si notre discipline -aux deux sens du terme - peut servir d'exemple pour moins de dérives et d'extrêmes dans l'ensemble de la société, je prends!
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