1. L'audience du rugby
En moyenne, la chaîne payante attire 726 000 abonnés pour les affiches du week-end et 564 000 abonnés en moyenne le vendredi soir. Une audience en hausse depuis les années 2000 où la moyenne se situait aux alentours de 600 000. Si certains estiment que le championnat de France a quelque peu perdu de sa superbe, il continue cependant de séduire. À titre comparatif, le classico entre le PSG et l'OM le 7 octobre dernier a rassemblé 2,6 millions de téléspectateurs. 1 612 000 téléspectateurs étaient, eux, assis devant leur écran de télé pour la demi-finale entre Toulon et le Stade Toulousain. « Soit plus que le nombre d'abonnés à BeIN Sport actuellement, qui revendique 1,5 million, dont 80% pour le foot », comme le rappelle le site spécialisé En pleine lucarne.
2. Le rapport audimat/prix reste très favorable
Si l’on compare le rugby et le football comme s’il s’agissait de produits, on se rend compte d’une chose : le rapport qualité/prix, ici audimat/prix, reste favorable au ballon ovale. Pour diffuser Nantes – Monaco ou encore Saint-Etienne – Olympique Lyonnais, Canal+ débourse 607 millions d’euros… par saison. Mais si 5 % des droits télés du rugby vont dans les caisses des clubs, 54 % de ceux du football enrichissent les clubs de Ligue 1. Avant la renégociation, le ballon rond était 20x plus cher que son cousin ovale, désormais il ne le sera que 10x. Le symbole d’un sport de plus en plus attractif.
3. La peur de perdre des abonnés fidèles
Comme évoqué plus haut, si Canal+ a choisi de mettre la main au porte-monnaie, ce n’est pas seulement pour faire plaisir à Paul Goze. La menace qatarie était bien réelle et la quatrième chaîne se devait d’agir. En l’espace d’un an et demi, BeIn Sport a recruté 1,5 millions d’abonnés. Il faut dire que cette dernière a ratissé large (L1, ligue des champions, Europa Ligue, L2, NFL, NBA, Ligue des champions de Hand, Rugby à XIII, etc.). Un catalogue important pour une somme fixe qui aurait pu pousser certains fidèles de Canal+ à aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte. L’été dernier, En pleine lucarne rappelait que « le socle des fidèles » du rugby sur la 4 était estimé à 400 000. Les perdre aurait été un coup dur. Canal+ n’avait d’ailleurs pas hésité à porter plainte contre BeIn Sport en juillet dernier pour « concurrence déloyale ».
4. Le Top 14 n'a jamais été aussi intéressant
Si aujourd’hui Canal+ est prête à débourser autant d’argent, c’est parce que le championnat de France devient de plus en plus exigeant, et par la même occasion de plus en plus intéressant, le titre l’an passé du Castres Olympique en est le parfait symbole. D’un côté il y a les supporters et les fans qui ne savent quel club va aller jusqu’au bout et s’il va y avoir une équipe surprise. De l’autre, le diffuseur qui profite des retombées économiques de cette incertitude. Qui dit plus de droits télé, dit plus d’argent pour les clubs donc plus d’investissement. Ce qui a un impact direct sur le championnat. Une sorte de cercle vertueux qui devrait tendre à tirer le Top 14 vers le haut.
5. Le Top 14 n'est pas prêt de lâcher le leadership
Si le championnat de France n'a pas les prétentions financières de la Ligue 1, il n'en reste pas moins un championnat d'exception dans la sphère rugbystique avec la perspective d'un doublé Brennus – H Cup qui n'est pas donné à tout le monde et qui exige un investissement total. Il s'y brasse beaucoup plus d'argent que dans la majeure partie des autres championnats grâce aux mécènes et aux droits télé (le chiffre d'affaires moyen des clubs de rugby est passé de 5 millions d'euros en 2000 à 15 millions aujourd'hui) d'où l'intérêt grandissant des sponsors et des joueurs étrangers, qui viennent y chercher une revalorisation salariale au même titre qu'un défi sportif unique compte tenu du calendrier et de l'homogénéité du championnat. À l'heure actuelle, le Top 14 est la vitrine du rugby français, au grand dam de certains.