Du jeu, du jeu, du jeu
C'est une première période de très haute facture qu'ont proposée les deux équipes. On s'attendait à voir une grosse partition de la part des Irlandais mais les Anglais ont répondu coup pour coup à Dublin. Les temps de jeu se sont succédé avec énormément de rythme et très peu de pauses. C'était à celui qui craquerait le premier. Mais aucun des 30 acteurs n'a voulu être celui-là. S'il y a eu des turnovers, le ballon est très peu sorti des limites du pré. Si on a joué au pied, c'était pour mettre la pression sur l'adversaire. Preuve de la volonté d'envoyer du jeu pour pousser l'adversaire à la faute. Tout ça n'a été possible que grâce au très haut niveau de préparation physique et technique des deux nations. Seulement six pénalités ont été sifflées dans le premier acte, dont cinq contre l'Angleterre. La troisième mêlée n'a eu lieu qu'à la 49e minute !
Une défense anglaise agressive
On a coutume de voir les lancements de jeu précis et rapides des Irlandais faire mouche. Mais face à l'Angleterre, les hommes de Joe Schmidt n'ont pas eu l'efficacité qu'on leur connaît. La faute à l'agressivité de ceux d'Eddie Jones. Les Anglais ont pris compris qu'il ne fallait pas laisser leurs adversaires se lancer et mettre de la vitesse. Aussi ont-ils fait le choix de monter rapidement sur la première passe pour gagner la ligne d'avantage. Ce n'est d'ailleurs pas au large que le XV du Trèfle a marqué son premier essai mais sur un gros travail des avants. Autre fait notable, à 14 contre 15 après le jaune de Curry, l'Angleterre n'a pas concédé de points. Le pilier Mako Vunipola terminera la rencontre avec un total de 25 plaquages !
Farrell > Sexton
C'était l'un des matchs dans le match entre l'ouvreur anglais et son homologue irlandais, élu meilleur joueur du monde l'an passé. Sexton a joué de manière très juste comme souvent avec une bonne qualité de passe. Mais Farrell a été celui qui a brillé dans ce domaine avec une merveille de sautée pour l'essai May dès la deuxième minute de jeu. Le joueur des Saracens, qui a joué derrière des avants solides, a aussi pesé sur la défense irlandaise avec son pied. Les Anglais avaient en effet repéré la couverture du fond du terrain n'était pas vraiment assurée, le centre Henshaw n'ayant pas forcément les repères d'un arrière. Ils ont donc usé du pied pour mettre l'Irlande sous pression. Ses deux coups de pied manqués à la 61e et 67e auraient pu coûter très cher à l'Angleterre. Mais il a rectifié le tir à la 71e.
L'Angleterre répond présent
Qui attendait l'Angleterre à ce niveau ? Sur sa pelouse de Twickenham, sans doute, mais à Dublin avec une longue liste de blessés, il n'avait sans doute que les supporters anglais. On peut imaginer que les sujets de Sa Majesté avaient encore en travers de la gorge la défaite à domicile il y a un an face à ce même adversaire. Ils ont tenu la dragée haute à la deuxième meilleure nation du monde dès l'entame. Les poussant à la faute comme sur l'essai de Daily où Stockdale sous pression n'a pu contrôler le ballon après un jeu au pied et l'a rentré dans son en-but. Mais ils ont également su se créer des occasions comme sur la réalisation de May puis celle Slade (66e) où le centre a parfaitement joué avec son ailier. Il l'a servi d'une sublime passe à plat puis été le premier sur son coup de pied. Le centre s'offrira d'ailleurs un doublé en coupant une passe puis en jonglant avec le cuir à la 76e.
Et le bonus en prime
Avant ce match, le XV de la Rose ne l'avait emporté qu'à deux reprises en Irlande dans le Tournoi des 6 Nations : en 2003 et en 2013. En l'emportant à Dublin dès l'ouverture de la compétition, les Anglais ont frappé un grand coup. On faisait de l'Irlande le principal adversaire des All Blacks pour le titre mondial au Japon. Eux qui les avaient battus en novembre et visaient la première place du classement mondial. Mais ce samedi, l'Angleterre s'est rappelée aux bons souvenirs des Néo-Zélandais. S'ils parviennent à conserver ce niveau de jeu, la cinquième place de l'an passé ne sera qu'un mauvais souvenir. Pour l'Irlande, le Grand Chelem s'éloigne. Ce n'est pas une défaite qui va tout remettre en cause mais c'est un coup d'arrêt. Nul doute qu'ils auront à coeur de rebondir.
