La crise du Covid-19 force le sport et particulièrement le rugby à se réinventer. Au niveau mondial, on réfléchit à une harmonisation du calendrier. En France, on espère une reprise du Top 14 au mois de septembre. Mais les supporters seront-ils présents dans les stades ? C'est une question à laquelle personne ne peut encore répondre. Pourtant, le rugby dépend en très grande partie de la présence des supporters. Le huis-clos pourrait signer l'arrêt de mort de plusieurs clubs. À moins que des solutions existent pour permettre aux spectateurs de vivre le match tout en respectant la distanciation sociale et les gestes barrières. Réalité virtuelle, 4DX, combinaison haptique, on explore toutes les pistes mêmes les plus futuristes.
Caméras embarquées, drones
Le nouveau système de caméra porté par l'arbitre !La plus célèbre, c'est la "ref-cam". Nous vous en parlions déjà en 2012 avec l'initiative de la Premiership pour permettre aux fans d'être au plus près de l'action. En 2013, Canal + avait également lancé sa caméra-arbitre à l'occasion du match Stade Français vs Toulon. Ce devait être une révolution. Mais huit ans plus tard, et malgré des améliorations, la ref-cam a plus des airs de gadget. Les images sont rarement utilisées par la réalisation. En général sur des phases statiques comme la mêlée ou bien lors de discussions avec certains joueurs, car l'officiel est toujours en mouvement. De quoi donner le mal de mer aux supporters bien assis sur leur canapé. Pourtant, il existe de nos jours des stabilisateurs. Et la taille des caméras a fortement été réduite. Il en existe même dans des lunettes. On pourrait imaginer que l'arbitre porte justement des lunettes avec un gyroscope intégré. De manière à vivre le match sur la pelouse sans bouger de chez soi.
Les images de la refcam lors de Stade Français - ToulonEt pourquoi ne pas intégrer une caméra dans le maillot des joueurs ? Ils portent déjà un GPS dans le dos entre les omoplates. On pourrait très bien imaginer un système similaire cousu à l'avant du maillot entre les pectoraux. Avec l'abaissement de la ligne de plaquage, les plaquages hauts sont de plus en plus rares. Il y a donc peu de risque que cette mini caméra soit abîmée. Chaque joueur pourrait en être équipé. Libre aux téléspectateurs de passer d'un point de vue à l'autre pour suivre l'action. Avec en bonus la ref-cam et la spider-cam. Une autre caméra dont l'exploitation est à l'heure actuelle très réduite.
Utilisée pour la première fois dans le Tournoi des 6 Nations en 2010 par la BBC à l'occasion du match entre le XV de la Rose et le Pays de Galles, elle avait provoqué l'ire de nombreux spectateurs. Pas moins de 169 plaintes avait été déposées à la BBC par des spectateurs à qui elle avait donné mal au coeur, rappelle The Guardian. Pourtant, ce système avait fait ses preuves depuis des années dans d'autres disciplines comme le football ou lors des Jeux olympiques de Vancouver en 2010. Dix ans plus tard, la spider-cam continue de nous offrir des images des buteurs et une vue plongeante sur les mêlées. Le système est sans doute encore trop "lourd" pour suivre le ballon sans donner envie de vomir aux supporters.
Une fois de plus, il existe une technologie qui donne de superbes images avec un point de vue unique : le drone. On ne parle pas ici du drone que votre petit cousin fait voler dans le jardin le dimanche matin. Certains de ces objets volants peuvent suivre une personne. Un mode "follow me" que l'on pourrait très bien appliquer au ballon afin qu'il le suive pendant le match. Quid du bruit ? Avec un assez bon objectif, nul besoin d'être à un mètre du joueur pour parfaitement le distinguer. Dans un avenir proche, on pourrait très bien imaginer plusieurs drones qui tournent dans le stade pour offrir les meilleures images. Et quand bien même il y aurait du public dans le stade, une poignée de ces engins ne serait pas une très grande gêne. Si vous êtes déjà allé dans une grande enceinte, vous savez pertinemment qu'on ne voit pas grande chose lorsqu'on est tout en haut. Et si vous êtes au bord du pré, un drone situé à trois mètres du sol ne généra pas votre vision du match.
La réalité virtuelle, l'avenir du rugby ?
Mais ne peut-on pas aller encore plus loin pour une immersion totale ? Souvenez-vous, en 2014, la marque Samsung avait permis à une poignée de clients chanceux de vivre un match au bord du terrain sur un canapé qui suivait l'action. Le SlideLiner se déplaçait jusqu'à 20 km/h le long de la ligne de touche. Quatre supporters des Wallabies avaient ainsi pu assister aux matchs contre les All Blacks et l'Afrique du Sud aux premières loges. Une avancée dans l'immersion du supporter, mais qui ne permet pas encore de ressentir les vraies sensations du joueur sur la pelouse. C'est là que la réalité virtuelle pourrait avoir son intérêt.
Il y a encore quelques années, la "VR" (pour virtual reality) c'était un peu de la science-fiction. Mais les casques de réalité virtuelle se sont démocratisés à mesure que leur prix a baissé. Ces derniers vous permettent de vous immerger à 360° dans un univers virtuel. Destinés en premier lieu à l'univers vidéo ludique, ils ont ensuite trouvé un intérêt dans de nombreux domaines comme l'immobilier, la culture, l'industrie, la formation, et même l'événementiel. Ainsi, la chaîne Fox Sports propose déjà de vivre certains événements sportifs en immersion totale via un casque qui plonge les supporters dans une suite virtuelle tout en ayant accès à des angles de caméras incroyables ainsi qu'aux statistiques en direct.
Combiner un casque VR avec la Réalité Augmentée et la reconnaissance des mouvements (Leap Motion), et vous pouvez agir directement dans l'univers virtuel. Vous avez sans doute déjà vu ces vidéos où le porteur du casque pense marcher sur une planche au bord du vide. Et qu'il a peur de tomber alors qu'il est dans son salon. Sachez qu'on peut être encore plus immergé grâce à un simulateur de déplacements.
Et le rugby dans tout ça ?
Hormis dans un jeu vidéo, on ne peut encore pas prendre le contrôle d'un joueur. Mais on pourrait très bien associer plusieurs des technologies présentées ici pour offrir une expérience toute nouvelle. Elle pourrait débuter au niveau du siège. Saviez-vous que certaines salles de cinéma proposent la 4DX. Le siège, sur des vérins, suit l'action. S'il y a de l'eau dans le film, il y a des projections dans la salle, de la fumée, mais aussi des jets d'air comprimé, etc. Le tout pour une immersion totale. Dans un avenir proche, on pourrait très bien imaginer ce genre de sièges "connectés" à un joueur, ou bien à un drone. Chaque impact serait ressenti par le spectateur, chaque mouvement de la caméra serait retransmis par le fauteuil. Combiné à un casque VR, le supporter serait totalement immergé.
Mais la science pourrait pousser l'expérience encore plus loin. Dans son roman, Ready Player One (adapté au cinéma par Spielberg), Ernest Cline a équipé ses personnages de combinaisons et de gants haptiques qui leur permettent de ressentir la même chose que leur avatar dans le monde virtuel. Sachez que des scientifiques chinois ont mis au point "un tissu bardé de capteurs et d’électrodes, simulant des sensations de touche", comme l'explique Le Journal du Geek. L'information a été dévoilée par le site Nature. Pour vous résumer l'idée, le porteur de ce tissu qui s'apparente à une fine feuille, peut ressentir via des vibrations électriques des actions virtuelles. Ainsi, une personne jouant à un jeu de combat et équipée de cette interface haptique a ainsi pu "ressentir" les coups portés à son personnage.
On est clairement dans la science-fiction à ce niveau. Mais peut-être qu'un jour, chaque personne possédera une telle combinaison comme elle possède aujourd'hui un téléphone portable. La démocratisation de la technologie et surtout sa progression toujours plus rapide laisse penser que le sport d'aujourd'hui ne sera clairement pas celui de demain. Combien de temps avant que la réalité virtuelle ne débarque dans les loges ? Combien de temps avant qu'un club ne décide d'innover en proposant à certains de ses abonnées de prendre place sur des sièges connectés à l'action ? En poussant plus loin, on pourrait très bien imaginer que les travées des stades feront la part belle aux avatars de supporters. Lesquels seraient confortablement assis chez eux sur leur canapé dans leur combinaison haptique avec leur casque de réalité virtuelle visé sur la tête. D'ici là, le rugby n'aura peut-être plus rien à voir avec le sport que nous connaissons aujourd'hui.
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