Le rugby est de retour, vive le rugby ! C'est bien ce que tout le monde se dit. Et pourtant. L'histoire entre le ballon ovale et moi n'a jamais été d'un amour passionnel mais plus d'un "fuis-mois, je te suis" de couple d'adolescents. Et puis BAM. Un virus vient stopper le temps et oblige le rugby à attendre patiemment de revenir sur le devant de la scène. Et quel retour : Béziers, les transferts, la baisse des salaires, les clubs de Fédérale, la nationale, le Super Rugby local, etc. Le rugby est de retour mais en vrai, il ne m'a pas manqué.
Valeurs VS confinement
Le confinement a, pour beaucoup, été une double sanction avec la suppression du rugby dans son visionnage et sa pratique. Deux choses que je ne faisais déjà pas beaucoup en temps normal. Au bout de quelques jours - l'équivalent de la trêve entre 2 matchs - les premières réactions se sont faites entendre : "comment je vais faire sans rugby ?", "ce confinement va être bien long", "du coup, les 3e aussi sont finies ?". Les amateurs de rugby se posaient des questions existentielles en pleine crise sanitaire mondiale. Un peu comme si en pleine guerre du Vietnam, Rambo se demandait si son bandeau ne serait pas mieux en chignon. Pour ma part, le rugby ne m'a pas manqué et il ne me manquait pas plus que ça avant. S'il est porteur d'échanges et de relations humaines, il était également porteur de contrainte physique et morale qui avec le temps, ronge une passion.
Durant ce confinement, on a entendu parler de monde d'après, de choses qui devaient changer. Tout cela sûrement dû à une réflexion profonde pendant plusieurs semaines. Au rugby, on a parlé de Béziers et du projet émirati avec le recrutement d'une équipe digne des monstres dans Space Jam. On a également vu des baisses de salaires de joueurs, permettant aux clubs de survivre après des difficultés financières. Mais on a surtout vu des transferts de grands noms, et d'autres en cours. Les clubs de Fédérale n'hésitent pas à s'offrir des joueurs de Top 14 et les joueurs de Top 14 n'hésitent pas à s'offrir une dernière pige sous le soleil de Châteauroux ou Lons le Saunier. Permettez-moi donc de douter de la capacité de réflexion du rugby français. Mais une réflexion est menée par quelqu'un et malheureusement, personne n'était présent pour diriger les débats durant ce confinement. Je ne sais pas si quelqu'un a déjà mené une réflexion sur le rugby français en dehors de Twitter. Le rugby français est sorti du confinement pire qu'il n'y est rentré, et il ne m'avait pas manqué.
Retour vers le futur
Peut-être que de voir quelques matchs et quelques actions va relancer la machine ? Le Super Rugby trouve une solution en faisant de son championnat une arène locale en Nouvelle-Zélande, bientôt suivi par l'Australie et l'Afrique du Sud à Montpellier. On peut dire que c'est le retour du rugby, qui n'est finalement jamais parti. Mais les matchs en replay, pour un championnat plaisant mais tout de même différent de nos derbys, n'ont même pas poussé ma curiosité jusqu'au bout. Me lever un samedi matin pour voir une défense collective digne de celle du TFC, compliqué.
"Mais tu as du rugby à XIII sinon !" Dans sinon, il y a non. Le rugby à XIII n'a jamais été ma tasse de thé et je suis un amateur de café de spécialité. Si la NRL a repris, je ne comprends pas tout dans le jeu qui m'a l'air pourtant bien plus technique que le XV. Pourquoi passent-ils leur temps à consommer des joueurs sur des passages à vide, alors qu'ils ne sont déjà que XIII et qu'aucune défense ne mord sur l'appel ? Pourquoi tourne-t-il le ballon dans l'autre sens ? La passe est un cadeau m'a-t-on toujours dit. Pourquoi rentrer droit lorsqu'on a que 5 tenues ?
Peut être que le retour du Top 14 va mettre un peu de gasoil dans une vieille 205 au kilométrage à 6 chiffres. Mais s'il ne se renouvelle pas, on pourrait y voir un réchauffé des dernières années. On avait pourtant le temps d'y réfléchir, "ceux qui n'ont rien fait durant le confinement, ne feront plus jamais rien" disait Oxmo Puccino. Cette phrase s'applique parfaitement au rugby et la course pour rattraper des matchs en oubliant certains fondamentaux comme l'humain, ne donne pas forcément la force de s'y replonger. Ne parlons même pas du rugby amateur, qui attend patiemment une reprise sans trop savoir vers où aller. Le salut viendra de lui et de ceux qui le composent : entraîneurs, supporters, joueurs, amis. La construction par le bas. Le rugby a repris, mais il ne me manquera plus pour longtemps.
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