Nick Cain du site The Rugby Paper soulève une problématique du rugby actuel : ne devrait-on pas augmenter la durée du temps de résidence qu’il faut avoir passé dans un pays pour pouvoir jouer pour son équipe nationale ? En effet, aujourd’hui il suffit d’avoir joué dans un pays pendant trois ans pour pouvoir en devenir membre de la sélection. Un problème dont souffrent surtout les nations du Pacifique.
Il n'y a pas de championnat de rugby professionnel aux Fidji, Samoa, et Tonga. Ainsi, les jeunes espoirs de ces nations rejoignent souvent la Nouvelle-Zélande dès l’adolescence, afin d’y bénéficier d'une éducation scolaire et rugbystique. Ceux qui percent deviennent professionnels et jouent alors pour les clubs néo-zélandais. Enfin, les meilleurs d’entre eux sont souvent naturalisés afin qu’ils puissent jouer pour les All Blacks. Cette pratique ne s’effectue pas seulement en Nouvelle-Zélande, mais aussi en Australie, Angleterre ou même France.
Si le débat n'est pas nouveau, cette polémique a pris une toute autre ampleur récemment alors que le sensationnel centre tongien des Highlanders, Malakai Fekitoa, vient d’être sélectionné sous le maillot de Blacks pour la première fois et sera titulaire samedi contre l’Angleterre. Mais le joueur de vingt-deux ans qui n’est arrivé en Nouvelle-Zelande qu’à dix-sept ans, a bel et bien été élevé aux Tonga… Et si la durée pour devenir international passait de trois ans à huit ans comme le demande Nick Cain, Fekitoa jouerait peut-être pour les Tonga… et Manu Tuilagi pour les Samoa.
Le directeur général de l’IRB, Brett Gosper a déclaré qu'il n ‘y avait pas de raison pour que les choses changent, et que l’IRB aimait l’équilibre actuel. Un équilibre qui se fait sans les Samoa, Fidji et Tonga, qui ne sont pour le moment pas des nations qui aspirent à remporter une coupe du monde. Elle en auraient peut-être plus les moyens si elles bénéficiaient de leurs meilleurs éléments.
Ce que dénonce cet article, c’est surtout le fait que la Nouvelle-Zélande, le pays qui bénéficie le plus de cette pratique, possède déjà en son sein des individualités de grande qualité, des immigrants polynésiens nés en Nouvelle-Zélande, et des maoris dont le style de jeu s’apparente à celui des joueurs des îles Pacifiques. Les All Blacks ont un peu trop tendance à venir piocher aux Fidji, Samoa et Tonga pour y récupérer les meilleurs joueurs. Par exemple, le fidjien Sitiveni Sivivatu avait déjà joué pour la sélection de îles Pacifiques avant d’être enrôlé par les Blacks. Son compatriote Joe Rococoko, né aux Fidji aurait aussi pu choisir son pays natal comme sélection, tout comme Joeli Vidiri. Michael Jones, Stephen Bachop, et Frank Bunce avaient déjà des sélections pour les Samoa avant de rejoindre la sélection néo-zélandaise.
La Nouvelle-Zélande avait-elle besoin de récupérer tous ces joueurs ainsi que Jerome Kaino, Rodney So’oialo , Mils Muliaina et Jerry Collins, tous nés aux Samoa, quand on connaît la quantité de stars nées en Nouvelle-Zélande qui auraient pu choisir la sélection de leurs origines. Parmi elles on peut citer Tana Umaga, Ma’a Nonu, Sonny Bill Williams, Keven Mealamu et Josh Kronfeld, tous d’origine Samoane. Jonah Lomu et Doug Howlett auraient pu quant à eux jouer pour les Tonga… De plus, et malgré ce "pillage" et l'héritage commun entre toutes ces nations, les All Blacks se refusent encore à faire une tournée des les îles du Pacifique. Ce qui a le mérite d'en énerver certains.
Alors pour ou contre l’allongement à huit ans ?
News
La sélection de Malakai Fekitoa avec les All Blacks relance le débat sur le pillage des nations du Pacifique
Débat sur le fait que la Nouvelle-Zélande a tendance à naturaliser tous les meilleurs joueurs fidjiens, samoans et tongiens comme Malakai Fekitoa
Polémique sur le fait que les All Blacks naturalisent les meilleurs joueurs.
Maubec
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@Soane : Merci encore. J'ai joué à la Fac avec un gars qui venait de Wallis et Futuna mais je ne me souviens plus s'il était Wallisien ou Futunien. Et après, au boulot, j'avais sympathisé avec un Wallisien venu dans le Berry (le pauvre). Des mecs extra qui m'ont tellement bien communiqué l'amour de leurs îles que j'ai craqué au bout de quelques années après et suis parti vivre un an et demi en Nouvelle Zélande. D'ailleurs, c'est aussi toute la difficulté pour beaucoup de personnes sur place qui sont souvent à la fois de 3 nations à la fois, ne serait-ce que par les parents, les origines de la famille, le lieu de naissance, les hasards de la vie ensuite... C'est beaucoup moins "casanier" que peut l'être l'Europe. Mais c'est aussi parce que, je l'ai bien vu aux Samoa, ne serait-ce que pour les études, il faut partir. Et le site de la fédé kiwi est quand même drôlement bien fait niveau statistique. Celui de la FFR devrait s'en inspirer.
soané.59jSBg
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@Maubec je suis wallisien et tongrien. j'ai vécue en NZ .et je peut vous confirmé que le rugby aux iles Tonga c bien le roi qui commande, je suis tout a fait d'accort avec vos écrits.... On 1133 men who represented the All Blacks (in games and tests), 83 were born outside New Zealand - of those, only 32 were born in the Pacific Islands (Samoa, Tonga, Fiji and American Samoa) as Kaino
Maubec
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@Jean Tafernaberry : Nous sommes d'accord sur cette histoire et sur le fond. Si j'ai réagi sur ces joueurs, c'est qu'ils sont les exemples cités en fin d'article et que la tournure de la phrase peut porter à confusion laissant penser que la sélection de ces joueurs a participé au pillage des îles alors qu'il s'agit de kiwis d'origine ilienne, d'où mon parallèle avec la dizaine de joueurs français qui ont des origines autres que picardo-bourguignonnes. Car c'est quand même un fantasme qui a la peau dure ce pillage des îles par la Nouvelle Zélande alors que depuis 1880, il y a eu : 2 nés aux Samoa Américaines 8 nés aux Fidji dont 4 seulement ont joué un test-match 13 nés aux Samoa (je rappelle l'importance du Citizenship Act pour ceux-là : certains sont nés aux Samoa de parents devenus citoyens néo-zélandais) 9 nés aux Tonga dont 7 ont joué un test-match (en incluant Fekitoa) Soit 32 joueurs en 130 ans (1884-2014) sur les 1133 joueurs à avoir porté le maillot noir. Un ratio de 3%... Si la fédé française avait les mêmes données (liste des internationaux nés à l'étranger et nombre total de joueurs ayant porté le maillot bleu \[test ou non\]) sur leur site, on aurait peut-être des surprises... Mais qu'on ne se méprenne pas : je trouve aberrant que Fekitoa ait pu être sélectionné par les Blacks selon la règle des 3 ans de résidence. Surtout venant du pays qui a vu le plus de joueurs être sélectionnés dans d'autres nations sur ce critère (Australie, Angleterre, France, Pays de Galles, Irlande, Ecosse, Italie, Samoa, Fidji, Tonga, USA, Japon... Je crois que dans les 16 premiers mondiaux, seuls l'Afrique du Sud, l'Argentine, le Canada, la Georgie et la Roumanie n'ont pas eu de Néo-Zélandais dans leurs rangs depuis l'instauration de cette règle) Quant on voit la qualité du réservoir d'un si petit pays lui-même "pillé", inutile d'aller piocher les talents des voisins, surtout qu'en 2011, seuls Kaino (Samoa Américaines \[un pillage comparable à Debaty (Belgique) pour le XV de France\], Toeava et Muliana (Samoa) étaient nés à l'étranger. Et encore, comme je le précisais, Muliana est arrivé sur place à 2 ans de parents citoyens néo-zélandais grâce au citizenship act. C'est bien à partir de joueurs du cru que les Kiwis ont été champions du monde. Donc je comprends d'autant moins cette sélection de Fekitoa. Surtout que Crotty, certes intrinsèquement moins talentueux que le Tongien, n'a jamais démérité avec le maillot noir (les Irlandais s'en souviennent encore) C'est pourquoi je suis pour une règle passant à 8 ans. Ca éviterait ce type de sélection et surtout de refus de sélection pour une nation moins rémunératrice quand il s'agira après d'aller monnayer son talent en Europe ou au Japon. Ca éviterait aussi d'aller chercher des jeunes de 17 ans pour les centres de "formation" français et anglais, en espérant que dans la masse, il y en ait qui puissent devenir international pour leur pays d'accueil. P.S. : merci d'avoir supprimé mon commentaire en doublon.
Maubec
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@Soané : merci. Tu es d'où ? Car ton français est quand même très bon. Meilleur que celui de certains Français. C'est vrai que les fédés iliennes sont à l'image de la nôtre. Je me souviens que Schwalger a vu sa carrière internationale s'arrêter brusquement alors qu'il était au zénith de son art (champion de Super15 avec les Chiefs, excellent avec les Samoa qui avait battu l'Australie chez elle) parce qu'il avait critiqué la façon dont la fédé samoane était gérée et comment le staff samoan avait passer son temps à boire au lieu de s'occuper de l'équipe (suggérant même que c'était la raison de la rentrée bien trop tardive des remplaçants lors du match contre le Pays-de-Galles) Même si l’entraîneur avait été condamné par le mataï de son village à payer une forte amende pour cela, la principale victime du fiasco de 2011 fut surtout celui qui osa parler contre la fédé et donc contre le premier ministre. Après les raisons du fiasco samoan en 2011 sont autant à chercher du côté de la fédé et du staff que de l'arbitrage qui avait fait passer celui de la finale pour un modèle d'équité sportive (les matchs contre le Pays-de-Galles et l'Afrique du Sud furent des modèles de cynisme arbitral : essais refusés, cartons injustifiés, pénalités inexistantes sifflées quand ça chauffait trop pour les adversaires...)
Jean Tafernaberry (Le Rugbynistère)
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@Maubec : On ne demande pas de comptes pour Umaga, Lomu, Kronfeld, etc. On dit juste qu'il y a suffisamment de joueurs néo-zélandais d'origine samoane, tongienne, ou fidjienne de grande qualité comme Lomu, Umaga, Howlett etc. sans qu'ils n'aient besoin d'aller en piocher dans ces pays-là. L'immigration est téllement présente en Nouvelle-Zélande et Australie, que ces nations récupèrent quoi qu'il arrive des joueurs originaires de ces îles Pacifiques nés dans leur pays d'accueil et qu'au vu de leur réservoire, elles n'ont pas un besoin vital d'aller sélectionner des joueurs arrivés à 17 ans... Pour ceux qui disent que la Nouvelle-Zélande les a formés et qu'elle doit en tirer profit. Elle le fait déjà car ces joueurs évoluent dans le championnat, contribuent au spectacle et à la vente des droits télévisés, attirent les fans, font vendre des maillots etc... donc ils font rentrer de l'argent dans les caisses des clubs et de la fédération. Qui plus est lorsqu'il s'agît de véritables stars qui font rêver les fans. Enfin pour le cas des frères Vunipola, qui ont été cités plusieurs fois, ils sont arrivés très jeunes en Angleterre, tout comme Muliaina en Nouvelle-Zélande...Dans le cas de joueurs arrivés si tôt, et ayant passé toute leur enfance dans leur pays d'accueil, il semble normal qu'ils ne retournent pas dans leur pays d'origine pour jouer en sélection. Peut-être que si ces sélections avaient de réelles chances de gagner une Coupe du monde, ces joueurs y retourneraient spontanément. Ce qu'il faut garder à l'esprit c'est qu'aujourd'hui les Samoa, Tonga et Fidji, qui fournissent compte tenu de leur taille, un nombre colossal de joueurs à la planète rugby, ont des équipes nationales d'un assez bon niveau, et qui pourraient clairement passer un cap si les meilleurs éléments pouvant y postuler ne jouaient pas pour d'autres sélections... Enfin, comme il a été souligné plusieurs fois, il est évident que la présence de championnats de qualité dans ces pays changerait très probablement la donne. Le travail que doit faire l'IRB reste important à ce niveau-là.