Uini Atonio, Rory Kockott, Virimi Vakatawa, Bernard Le Roux... Tous ont porté le maillot du XV de France ces dernières saisons. Et tous partagent un autre point commun : celui de ne pas être né sur le territoire française ou de ne pas posséder la nationalité française au moment de revêtir le maillot tricolore pour la première fois. Seulement, Philippe Saint-André et Guy Novès n'ont fait que suivre la règle 8.1 de World Rugby, statuant qu'un "joueur peut représenter une équipe nationale après avoir vécu 36 mois consécutifs dans le pays correspondant". Né en Nouvelle-Zélande, Uini Atonio a - par exemple - pu jouer avec le maillot frappé du coq en novembre 2014 puisqu'il est arrivé en France (à La Rochelle) à l'été 2011.
Jusque-là, rien de nouveau. Sauf que l'Irish Times rapporte une nouvelle qui pourrait bien changer la donne sur l'éligibilité des étrangers en équipe nationale : World Rugby veut faire évoluer la règle, à l'image de son vice-président, Agustin Pichot : "On va me tuer, mais on a besoin de changer. La règle est mauvaise." L'Argentin d'évoquer une période de 5 ans minimum sur le territoire d'un pays pour représenter ce dernier sur la scène internationale. Il s'explique sur sa position :
Il y a des cas spéciaux où des joueurs déménagent à l'âge de 10 ou 12 ans dans un nouveau pays, mais quitter son pays et son académie - disons les Tonga - pour jouer avec un autre maillot - disons celui de l'Irlande - je suis contre. Ce n'est pas bien. J'aimerais que ce joueur joue pour les Tonga, et gagne sa vie en jouant pour les Tonga. Quand je vois des hymnes nationaux qui ne sont pas chantés, ça m'embête.
L'Irish Times rappelle que les Fédérations - consultées sur la question l'an passé par Brett Gosper, le président de World Rugby - n'étaient pas favorables à cette évolution. Un groupe de travail s'est pourtant bien mis en place.
L'Argentine en exemple
Lors du dernier Mondial, les Pumas étaient les seuls à ne compter aucun joueur nés en dehors des frontières de l'Argentine. Et ce n'est pas prêt de changer, à en croire Agustin Pichot. Le sélectionneur, Daniel Hourcade, abonde dans le même sens. Dans les colonnes du NZ Herald, il confie : "c'est difficile de croire qu'un pays avec un million de joueurs soit obligé de sélectionner des joueurs né à l'étranger". Ici, il désigne la Nouvelle-Zélande "qui représentait quatre pays" avec Tawera Kerr-Barlow et Ben Franks (nés en Australie), Jerome Kaino (né aux Samoas Américaines), Malakai Fekitoa (né aux Tonga) et Waisake Naholo (né aux Fidji).
Qui pour avoir le même parcours que Vakatawa et Atonio ?
En sélectionnant Virimi Vakatawa, Guy Novès a prouvé qu'il pouvait sélectionner un joueur "étranger" avec les Bleus. Si la règle passe de trois à cinq ans sur le territoire, quels joueurs pourraient potentiellement devoir attendre deux ans de plus pour porter le maillot tricolore ? Les Sud-Africains Paul Willemse et Jacques du Plessis (MHR) sont de ceux-là, comme le Néo-Zélandais Rory Grice (Grenoble). En revanche, pas de Ben Tameifuna, puisque le Racingman a choisi les Tonga.
Top 14 - Racing 92 : le pilier Ben Tameifuna choisit les Tonga