Les skills, toujours les skills
C'est l'éternel argument avancé lorsqu'il s'agit de pointer les différences entre le nord et le sud. Mais force est de constater que les pensionnaires du Rugby Championship nous en ont encore fait une belle démonstration depuis le 18 septembre. S'il existe bien évidemment des joueurs capables de faire des cad-deb, des offloads dans nos contrées, ils sont bien plus rares qu'à leurs antipodes, influent beaucoup moins dans l'équipe et on les trouvent rarement du 1 au 15. Or samedi soir, deux des essais des Blacks sont intervenus après des passes sublimes de piliers (Charlie Faumuina pour Kieron Read, Joe Moody pour Tawera Kerr-Barlow), quand les Springboks doivent leur victoire à une chistera du 3e ligne Duane Vermeulen. On ne reviendra pas sur le débat de la formation ici et là-bas. On remarque cependant que dans les moments critiques, ce sont souvent ce genre de gestes qui font la différence.
Crédit vidéo : World Rugby
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L'apport du Super Rugby et du Four Nations
A ce titre, d'aucuns disent que le Super Rugby et donc le Rugby Championship sont de bien meilleurs terrains d'entraînement pour les skills que leurs pendants européens. Il s'agit d'arrêter de dire que les défenses sont moins bonnes là-bas et de réaliser que ce sont surtout les attaques qui sont bien meilleures. Il suffit de regarder la progression de l'Argentine depuis son entrée dans le Four Nations en 2012. A l'inverse, le Top 14 comme le 6 Nations ne semblent guère avoir la même influence positive, si on juge par exemple des performances de l'Italie ou du XV de France. Pour pousser encore plus loin, on peut également dire que la moitié des matchs ont lieu dans des conditions hivernales qui n'aident pas à la construction d'un jeu rapide mais au contraire à se baser sur le défi physique. Mais même en termes de puissance, les Nordistes ont été battus cette année.
Une puissance au service du jeu
Si les nations du sud ont été capables de régaler à ce point, c'est surtout parce qu'elles ont pris le dessus physiquement. Toutes ont la puissance nécessaire pour sécuriser le ballon dans les rucks et l'offrir aux 3/4 dans les meilleures conditions, mais aussi pour perturber l'adversaire. Certains joueurs en sont capables en Europe, mais peu sont aussi performants que Richie McCaw, Michael Hooper, David Pocock en matière de turnovers et pour obtenir des pénalités. De plus, elles possèdent toutes une mêlée solide. Les Wallabies ont été bousculés par l'Ecosse, mais ils ont prouvé face aux Gallois et aux Anglais qu'ils avaient désormais un paquet d'avants au niveau.
VIDEO. Coupe du monde. L'Australie fait régner sa loi en mêlée face à l'Angleterre et au Pays de Galles
Une meilleure gestion de l'arbitre
Pour la BBC, les nations du sud ont également été meilleures dans leurs rapports avec l'homme au sifflet. Cela s'est notamment vu chez les Anglais, incapables de s'adapter à l'arbitrage de Romain Poite en mêlée face aux Australiens. Ce n'est peut-être pas très beau, mais "jouer" avec l’arbitre fait aussi partie du jeu et ça peut faire la différence. On a ainsi vu Fourie du Preez glisser quelques mots à Wayne Barnes en quart, lequel finira par lui répondre de jouer au lieu d'essayer d'arbitrer à place, "McCaw enchaîner les fautes sans se faire prendre lors de l'action qui a mené à l’exclusion de Picamoles", ou encore les Australiens imiter Julien Dupuy pour obtenir la pénalité en fin de match face à l'Écosse.
VIDÉO. All Blacks - France : Louis Picamoles perd ses nerfs et s'en prend à Richie McCawOn pourra toujours se consoler en se disant que le Japon, qui a réalisé un très beau Mondial, fait partie de l'hémisphère nord.
WORLD RANKINGS: #ARG up to fourth & first time since March 2009 that its an all-southern hemisphere top four #RWC2015 pic.twitter.com/N6YOoQZALK
— World Rugby (@WorldRugby) 19 Octobre 2015