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''Les joueurs sont comme des lions en cage !'' lance Julien Robineau, prépa physique de France 7

Julien Robineau, préparateur physique de l'équipe de France de rugby à 7, revient pour nous sur la gestion du groupe ces dernières semaines et les échéances à venir.

Antoine Poussin 20/07/2020 à 20h30
Le staff de l'équipe de France à 7 veille à une reprise en douceur.
Le staff de l'équipe de France à 7 veille à une reprise en douceur.

Le groupe de France 7 s'est retrouvé lors d'une semaine de stage du 29 juin au 3 juillet, comment cela s'est-il passé ?

La reprise était top ! Ça a fait du bien à tout le monde de se revoir et de refaire des entraînements collectifs. Même si le contexte reste très particulier... Il y a eu le confinement, puis la reprise et maintenant nous avons nos vacances obligatoires de fin de saison jusqu'au mois d'août. 

Quels étaient les objectifs de cette reprise ?

L'objectif principal était de recréer du lien, car cela faisait très longtemps qu'on ne s'était pas vu, mais également de faire un point intermédiaire sur l'état de forme des joueurs. 

Concernant cet état de forme, comment as-tu senti le groupe ?

L'état de forme des joueurs était plutôt bon, même si c'était très hétérogène, car ils n'ont pas tous eu les mêmes conditions de confinement. Certains étaient en maison à la campagne et d'autres en appartement, donc forcément, ça ne procure pas les mêmes solutions. Mais d'un point de vue général, les joueurs ont été très autonomes. Ils sont vraiment en mesure de se donner des objectifs de développement physique et rugby. Au final, je suis plus un appui, je suis là pour les aider et les orienter s'ils ont des questions. Même si c'était une période particulière, car pendant le confinement, ils étaient tous au chômage technique. On n'avait aucune communication avec eux ! Pas de suivi GPS, ni de suivi RPE. Malgré tout, l'entraînement en autonomie, c'est quelque chose qu'on a l'habitude de faire dans l'année. On est tellement souvent en déplacement qu'on se donne parfois des temps de pause à la maison où les joueurs peuvent s'entraîner seuls.

Comment avez-vous donc pu vérifier si chacun s'était entraîné correctement ?

À la fin de la période de chômage, lorsqu'on a pu de nouveau interagir avec eux, on leur a fait passer un questionnaire à distance, comme un diagnostic, pour savoir ce qu'ils ont pu faire en terme de quantité de travail, mais également de qualité. C'est-à-dire quels exercices ils ont pu réaliser pendant le confinement. On a donc pu voir que quasiment tous les joueurs ont pu au moins faire de l'endurance, ce qui était assez facile, mais également de la vitesse, du travail d'appuis, de la pliométrie, ainsi que du rugby sur de la technique individuelle. Ce qui était le plus problématique, c'était peut-être la musculation, car ils n'avaient pas de charge. Et avec la FFR, nous n'avons pas pu nous organiser, car le confinement est tombé juste après notre retour de Vancouver, pendant une semaine de coupure. Malgré tout, ils ont pu faire pas mal de musculation en poids de corps. Du travail de gainage, du renforcement sur les cervicales, de prévention sur les épaules, ils ont également tous des élastiques ou quelques haltères chez eux. Ce diagnostic a donc révélé que les joueurs se sont très bien entretenus. 

Malgré tout, tu disais que l'état de forme était assez hétérogène, la reprise a-t-elle donc été adaptée en fonction des profils ?

Le questionnaire nous a permis de classer les joueurs en quatre catégories : des moins entraînés (A) au plus entraînés (D). Je leur ai ensuite envoyé un plan d'entraînement de quatre semaines qui correspondait à la période de reprise de l'entraînement à distance jusqu'au stage à Marcoussis. Ce plan contenait des programmes d'entraînements personnels, adaptés à la forme de chacun. L'objectif étant de rééquilibrer tout le monde pour la semaine collective à Marcoussis. Même si pendant cette semaine-là, on a également adapté le travail et fait très attention. Ceux de la catégorie A continuaient leur travail musculaire, tandis qu'avec les autres, qui étaient un peu plus avancés, on a pu commencer à retravailler sur de l'explosivité et du travail d'haltérophilie. 

Les joueurs concernés par la catégorie A étaient forcément ceux ayant été confinés en ville ou il y a-t-il eu des surprises ?

Non, c'étaient principalement ceux-là. On avait un doute au départ, mais le questionnaire a confirmé que c'était clair à ce niveau-là. On avait trois joueurs qui étaient confinés en zone parisienne et ce sont eux qui ont eu les moins bonnes réponses au questionnaire. Ils ont dû donc reprendre l'entraînement un peu depuis la base. Pour eux, le confinement, c'était compliqué... Les parcs étaient fermés donc ils ne pouvaient même pas trouver un carré de pelouse pour faire quelques appuis, des changements de direction, des sauts, des passages au sol. Ils pouvaient tout de même courir, mais simplement en ligne droite, et ce n'est pas spécifique au rugby.

Il y a beaucoup d'incertitude sur le calendrier.

Concernant la reprise, pourquoi avez-vous fait le choix de vous réunir à Marcoussis alors que les filles sont parties en stage à Bugeat et à Soustons ?

C'est un choix qui est plus lié au contenu de la semaine de reprise. On voulait profiter de celle-ci pour effectuer un fort diagnostic avec notre département médical. Cela veut également dire anticiper sur le début de la saison suivante en faisant passer déjà quelques examens médicaux qui allaient pouvoir nous permettre de gagner du temps au mois d'août.

Le début de saison 2020/2021, parlons-en. Quel est le programme pour la suite ?

Les joueurs vont déjà continuer de s'entraîner en autonomie au mois de juillet. Même si le contenu va être différent selon la forme de chacun. Ceux qui se sont le plus entraînés pendant la période de confinement, plus pendant la période de déconfinement et la semaine de stage vont avoir le droit à un peu de repos. Ceux qui se sont un peu moins entraînés vont eux travailler un peu plus fort à présent. On va ensuite se retrouver au mois d'août. À ce moment-là, je pense que tout le monde sera sur un pied d'égalité. Par la suite, on va pouvoir avancer petits pas par petits pas, car il y a encore beaucoup d'incertitude sur le calendrier. 

On a notamment appris récemment que World Rugby avait décidé de mettre fin à la saison 2019/2020, ce qui vous enlève quatre tournois, ça doit être une forme de soulagement, quand on sait l'année charnière qui vous attend...

(Il hésite)...Oui et non...Si on avait eu des tournois en septembre et octobre, on aurait fait en sorte que les joueurs soient prêts. Dans tous les cas, s'il y avait eu les quatre tournois en plus, ça aurait été la même chose pour tout le monde. Désormais, cela va nous faire une saison plus légère, même si j'espère qu'elle ne sera pas trop légère non plus...Le Paris Sevens n'aura pas lieu, les All Blacks sacrés champions des World Series 2020Le Paris Sevens n'aura pas lieu, les All Blacks sacrés champions des World Series 2020

On a évoqué différents plans.

Comment arrive-t-on à s'organiser dans ce contexte très incertain ?

On fonctionne au jour le jour. On a fait notre planification pour le mois d'août, avec notamment un camp d'entraînement à Saint-Lary... L'objectif va être de réhabituer progressivement nos joueurs à un rythme de compétition. Je ne sais pas encore comment cela va se passer, mais ça sera peut-être des tournois à l'échelle nationale, continentale ou alors des matchs entre nous. Pour l'instant, c'est très compliqué de se projeter, car la situation sanitaire est plutôt instable. On le voit, certains pays se reconfinent. Donc à ce jour, rien n'est programmé. On s'est simplement concentrés sur nous et sur du court terme. Même si, avec le staff, on a évoqué différents plans.

Notamment en cas de reconfinement ?

Oui... On y a pensé forcément. Même si cela ne sort pas du staff pour l'instant. On ne veut pas se projeter sur des choses qui ne sont pas sûres d'arriver. Ce qui m'a perturbé le plus en tout cas, lors de cette phase de confinement, ce n'est pas forcément le côté matériel, c'est plutôt le fait que certains joueurs ne pouvaient pas réaliser de travail d'appuis et de la vivacité. On l'a vu notamment avec le foot, il y a eu beaucoup de lésions musculaires. Les joueurs ont été déconfinés et ils ont repris les entraînements pendant une voire deux semaines dans plusieurs championnats européens, sans avoir fait suffisamment d'efforts spécifiques, donc forcément les structures musculaires et tendineuses n'étaient plus du tout adaptées à faire ces phases de freinage, d'accélération, de changement de rythme. C'est ce qui m'effrayait le plus pour la reprise. Heureusement, nous n'avons pas eu de soucis pour le moment. On va continuer de croiser les doigts ! 

On imagine quand même que le retour à la compétition doit se faire attendre...

Les joueurs sont comme des lions en cage ! C'est pour cela que l'un des objectifs prioritaires du stage était le côté ludique. Même si on a pratiqué pas mal de rugby, avec des exercices spécifiques. Sans combat pour l'instant. Mais à côté, on a fait également pas mal de jeux de raquettes, du volley, du tennis-rugby. Tout simplement parce qu'on a estimé que les joueurs s'étaient entraînés seuls pendant plusieurs semaines, qu'ils vont de nouveau s'entraîner seuls jusqu'en août, donc il fallait qu'ils prennent du plaisir sur ce stage. On voulait soigner cet aspect mental et psychologique, car c'est la base de tout. Même si, à chaque fois, derrière ces jeux, il y avait un objectif physique. Les jeux de raquettes pour le travail d'appuis et pour aller chercher des balles basses au sol, du volley pour le travail aérien, le tennis-rugby pour la manipulation de balles. Ils faisaient souvent aussi du spikeball en échauffement, ce qui fait travailler beaucoup la réactivité, dans le corps et dans la tête. Finalement, on a tout de même terminé la semaine par une grosse séance de courses en côtes, histoire qu'ils n'oublient pas les efforts du Sevens. Et ils étaient très contents de la faire !

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