News

Je suis allé voir pour vous Suresnes vs Narbonne... en Nationale

Si le nouveau championnat de Nationale a repris dans l'anonymat le plus complet, les supporters des clubs participants sont plus que réjouis de voir de belles affiches comme celles de ce week-end.

Boukercha Oussama 30/09/2020 à 19h00
Victoire, jeunes, vieux, bodega : Suresnes vs Narbonne de l'intérieur.
Victoire, jeunes, vieux, bodega : Suresnes vs Narbonne de l'intérieur.

"Tu as de la chance toi, tu vas pouvoir aller voir la demi-finale Racing 92 vs Saracens !" En théorie, oui. Mais pourquoi m'enfermer dans un gymnase avec 1 000 personnes, sonnant encore plus creux qu'un samedi matin au club de handball de Rieux-Volvestre, dans le sud de Toulouse ? J'ai décidé d'aller voir ce que la Nationale proposait avec un match Suresnes vs Narbonne : les verts contre les oranges, les Franciliens contre les Méditerranéens. Une belle après-midi avec un match haut en couleur.

Si vous ne connaissez pas le club de Suresnes, il n'y a aucun rapport avec la baguette d'Harry Potter ou le sirop indiqué pour les problèmes de surpoids. Du poids, pourtant, il y en avait du côté des verts et noirs. Depuis 1973, les Suresnois s'appliquent dans la formation, même s'il est facile aujourd'hui de dire qu'un club évoluant à haut niveau ne forme plus. D'entrée, les enfants sur le bord du terrain avec un maillot ou un t-shirt étaient nombreux et donnaient de la voix. Les premiers supporters de l'équipe fanion se trouvent souvent dans nos catégories de jeunes, on l'oublie très facilement.

A l'entrée, celui que vous avez déjà vu en analyste sur Canal compte les entrées avec une feuille et un papier, on dénote un sourire derrière son masque. Les tribunes, gorgées de drapeaux verts se remplissaient doucement avant le coup d'envoi. Les âges ne comptaient plus entre chaque voisin de siège et les masques ne sont pas tombés : respect des consignes sanitaire à la lettre. Le match va commencer et la première banderole est mise en place : "On va presser… les oranges !"

Le match

Derrière les poteaux, la place favorite des anciens du village, je me place pour le coup d'envoi. A côté de moi, des enfants parlent de ce qu'ils ont mangé hier (des nems, parce que "c'est bon ces conneries") tout en étant estomaqués devant les joueurs suresnois qui rentrent sur le terrain. Pas de photo du couloir d'entrée avec les joueurs pour moi, celle qui montre si les joueurs sont dans le match ou non. Monsieur sécurité ne m'y autorisant pas, tout en me remettant à ma place avec véhémence, les règles sanitaires n'autorisant pas l'accès au terrain. Les règles de politesse également a priori. Ce n'est qu'une photo et la tension de la pandémie montre à quel point les clubs ne souhaitent pas que leur saison s'achève.

Narbonne fait partie des gros de la poule. L'objectif est de gagner et d'essayer de ramener le maximum de points. Ensuite, on s'est mis un peu le feu aux fesses mais on se démerde bien et on gagne ce match. Le plan de jeu était de jouer tous les ballons et de se faire plaisir. Ça a été respecté et on a eu la victoire même si le vent de face nous a mis dans le mal. Heureusement qu'on a su se reprendre dans les 15 dernières minutes, Yakin Djebarri, seconde ligne de Suresnes et de l'équipe d'Algérie.

Si les chocs et la vitesse sont tout de même impressionnants, le plan de jeu suresnois m'interpelle. Une première mi-temps avec le vent dans le dos, face à des Narbonnais nés avec Eole dans la cour de récréation, n'a pas été fructueuse : 9-0. L'entrée de la seconde mi-temps est plus que réussie : essai pour Suresnes après une relance des 22 mètres de l'ailier Arthur Proult. Les WC m'ont empêché de voir ce bijou. Tout le reste du temps, Suresnes s'efforcera de jouer dans son camp et de ne pas renvoyer les Narbonnais chez eux. Une interception et une action de classe du frère de Malakai Fekitoa amène un nouvel essai des Méditerranéens. La passe à gauche en pleine course équivaut à peu près à un de mes plus longs jeux au pied. Mais ce n'est pas sans compter l'abnégation et le banc francilien. Un essai casquette suite à un box kick contré et c'est la victoire pour Suresnes : 27-20.

C'est un nouveau niveau, ça tape un peu plus que la Fédérale 1 et ça va un peu plus vite. Il n'y a pas grand-chose qui change, on a bien été préparé pendant 2 gros mois. Au bord du terrain, il y a beaucoup plus de monde qu'avant. Ça nous aide beaucoup sur les matchs avec nos supporters. Sans eux, on est rien, Yakin Djebarri, seconde ligne de Suresnes et de l'équipe d'Algérie.

Club pro, ambiance amateur

La fin du match est tout à fait normale : les supporters s'attardent à la Bodega avec les joueurs et leurs familles. Un mélange homogène et uniforme. Les Narbonnais repartent rapidement, la mer n'est pas si loin mais celle avec une bonne température l'est encore plus. Bien évidemment, la Bodega est le lieu de rencontre des supporters et c'est là que le club vit réellement. Après quelques bières, Riley Winter, troisième ligne australien de Suresnes, décide de venir me parler et je regrette encore aujourd'hui de ne pas regarder Netflix en anglais. Cependant, son amour pour la France le pousse à ne me parler qu'en français, "pour apprendre et faire des progrès". Il découvre Paris, mais laissons-le encore un peu croire qu'il vit dans Ratatouille ou Un monstre à Paris.

L'ambiance continue de monter, mais le respect des gestes barrières ne se fait pas oublier. Mathieu Blin n'a pas hésité à me rappeler que le masque n'est pas utile qu'à Halloween, tout en montant sur le bar pour sermonner tout le monde. 22h, fin de cette journée sur la rive gauche. Suresnes est en Nationale, évolue doucement en se construisant par le bas, mais compte bien vivre dans ce nouveau championnat relevé.

Team Viscères
Team Viscères
C'est pas en Ile de France plutôt?
Derniers commentaires

Connectez pour consulter les derniers commentaires.