Il y a quelques semaines, Jamie Cudmore faisait ses adieux aux supporters de Marcel Michelin après 11 années passées à Clermont. Un moment plein d'émotions pour le Canadien, en partance pour Oyonnax en Pro D2. On pensait la page tournée, malgré une fin de saison mouvementée qui l'avait vu sanctionné financièrement après une sortie polémique sur Twitter. Mais il semblerait que le 2e ait encore quelques griefs envers son ancien club.
Dans les colonnes de Midi Olympique ce vendredi, il en veut à Clermont d'avoir "joué avec sa santé, son avenir". Les raisons de sa colère se trouvent dans une commotion subie en demi-finale de Coupe d'Europe face aux Saracens en 2015 et dans sa gestion par la formation auvergnate. Sorti sur saignement suite à un choc à la tête avec Billy Vunipola, il raconte n'avoir pas réussi le protocole commotion mais être à nouveau entré sur le terrain peu après pour remplacer Vahaamahina, blessé. Et ce, alors que le docteur lui avait dit qu'il ne pouvait plus jouer. Mis au repos, il jouera quinze jours plus tard la finale de la Champins Cup face à Toulon. "À l'époque, je ne savais pas qu'il fallait observer au minimum trois semaines de repos après un tel choc."
Cudmore voulait jouer d'après De Cromières
Du côté du club et de son président Eric de Cromières, l'histoire difère. Cudmore aurait réussi le test lors de la demie. Un second protocole effectué après la rencontre aurait laissé "percevoir des petits symptômes". S'il a été autorisé à jouer en finale, c'est uniquement après un examen approfondi au CHU de Clermont. "Cela tombait bien parce que Jamie est plutôt du genre à vouloir jouer [...] Il est du genre insistant". Il aurait ensuite été mis en garde par les médecins du club quant à la suite à donner à sa carrière compte tenu de son âge (37 ans) et des efforts qu'il a consentis durant toutes ces années. Il participera cependant à la Coupe du monde en octobre dernier puis fera tout pour retrouver les terrains après avoir été opéré d’une hernie cervicale début janvier.
"Le mal était déjà fait"
Il estime pour sa part n'avoir pas été assez informé et qu'on n'aurait jamais dû l'autoriser à rejouer aussi bien en demie qu'en finale. Il sortira à nouveau lors de ce match, sonné, et vomira même dans les vestiaires. "Plus tard, j'ai pourtant appris que le vomissement était un signe très alarmant". Il aurait envoyé un courier pour exprimé ses doutes envers le staff médical et aurait été "traité de traître" après une longue réunion. Il ajoute que Clermont a cependant pris les choses en main en l'amenant chez un neurochirurgien. "Ils m'ont plutôt bien encadré. Mais le mal était fait".
Il aimerait que le staff médicale ait le dernier mot dans ce genre de situation, et ce, malgré l'énorme pression autour des rencontres et l'insistance des joueurs à vouloir jouer malgré tout. Il voudrait que le rugby français prenne exemple sur ce qui se fait dans hémisphère sud où les joueurs sont arrêtés trois semaines après un coup. "En France, on te dit plutôt : "C'est bon, tu es costaud, continue", mets de l'eau et repars au combat !" C'est le rugby des années 70, ici !" Il n'exclut d'ailleurs pas un recours judiciaire contre l'ASM.