Vous les aimez, ces reportages ? Après ceux du TQO de Monaco, du Supersevens ou des fêtes landaises l’an dernier, on va cette fois vous proposer bien plus sérieux, pour apprécier l’exercice. Plus classe, plus "costume", plus formel, aussi. Le fait est qu’en ce mardi 18 avril 2023 et au nom de notre étiquette parfois un peu pompeuse de "journaliste" on eut la chance d’assister à la cérémonie du premier Hall of Fame de l’histoire du sport français : celui du RCT. A vrai dire, on avait beaucoup d’attentes de cette soirée parce qu’au-delà des moyens affichés par le président Bernard Lemaître pour rendre cette semaine de célébration exceptionnelle, vous le savez, à Toulon tout est différent. Et dès notre arrivée au Zénith, l’on comprend que cette soirée sent la poudre. Parce que, dès le parvis, on aperçoit les anciennes légendes club qui vous saluent avec une chaleur que l’on ne retrouve que dans l’atmosphère des grands soirs. A l’entrée, le tapis rouge est dressé et franchement, au vu de la ribambelle de stars qui y passe bien sapée, il ne manque que quelques marches pour que l’on se croit définitivement 120 bornes plus à l’est, au festival de Cannes.
Bakkies Botha, Bryan Habana, Matt Giteau, Joe Van Niekerk, Sonny Bill Williams, Cheslin Kolbe et même Jérémy Sinzelle sont là pour assurer une soirée 5 étoiles et faire patienter jusqu’à l’arrivée de - the last but not least - Jonny Wilkinson. Bien sûr, le meilleur joueur du monde 2003 est le dernier à se présenter devant la presse, alors que les petits-fours commençent à être dévorés dans le hall et que les premières discussions se font pour patienter et faire monter la température de cette soirée placée sous le signe des retrouvailles. Tout est en place ? La cérémonie peut débuter une fois les convives installées dans la salle de réception du Zénith, et ses quelque 8500 sièges qui la surplombent. On rentre d'ailleurs rapidement dans le vif du sujet tant la présentatrice du show, la boucle d’or à la diction parfaite du panel journalistique français, Clémentine Sarlat, maîtrise son sujet. Accompagnée bien sûr de son compère "Cali", égal à lui-même, soit souriant et avenant, l'ancienne de France TV lance les hostilités.

Sur scène, les défunts Marcel Baillette et Marcel Bodrero sont célébrés en premier, alors qu'un profond respect envahit la salle en l'hommage de ces hommes qui ont porté avec tant de fierté et d'implication le maillot d'un club au muguet qui n'était à l'époque pas ce qu'il deviendrait ensuite. Puis, Toulon salue aussi ses légendes qui ont contribué à entretenir la réputation de dur à cuire du RCT et de Mayol en honorant André Herrero, Éric Champ ou Jérôme Gallion, via de belles images et de longs discours pourvus d'anecdotes et de fraternité. Mais l'un des moments les plus touchants fut certainement cette standing ovation pour un autre "immense" du club, comme le dit Éric Champ : Christian Carrère. Illustre 3ème ligne toulonnais, vaillant comme deux et autrefois capitaine du XV de France, le vieil homme de 79 ans, aujourd'hui paralysé presque complètement du côté droit, est salué comme il se doit. Repris par un ami s'exprimant à sa place, son discours traverse la salle, tout autant que sa remise de la fameuse veste de costume brodée "Hall of Fame", que "Corcho" Juan Lobbe lui aura aidé à enfiler comme s'il s'agissait de son propre paternel. Le respect des anciens, si cher à Mayol...
Les petits plats dans les grands
Pendant ce temps, entre deux séquences d'applaudissements, la salle se régale, aussi. Pour l'occasion, Toulon a mis les petits plats dans les grands avec un dîner préparé par le chef triplement étoilé Christophe Bacquié, durant lequel les convives auront notamment pu savourer du saumon coupé en beaux pavés et découvrir le pamplemousse sous "toutes ses formes" pour finir. Désolé pour cette touche culinaire qui n'a rien à faire là, mais ce soir, c'est Top Chef sur M6. Et puis il est bon de rappeler que non, le monde du rugby ne se régale pas qu'avec de la charcuterie et du pâté. Jusqu'à ce qu'on entende une voix lâcher un "mets moi un coup de rouge" de derrière les fagots, depuis le fond de la salle. Bref...
Je me souviens en 2012, alors que nous sommes en pleine préparation pour la prochaine saison, les Jeux Olympique de Londres vont bientôt débuter. Tom Whitford vient alors me voir un matin et me dit : "tu sais, Jonny n'ose pas te le dire mais la reine d'Angleterre souhaite qu'il aille porter la flamme olympique aux côtés des David Beckham etc. Mais il ne veut pas y aller pour ne pas manquer l'entraînement." Alors je suis allé le voir pour lui dire qu'il était fou et qu'il devait y aller pour profiter de cet instant exceptionnel. C'était ça Jonny, quelqu'un qui préférait s'entraîner avec son club plutôt qu'aller vivre quelque chose qui ne se produirait probablement qu'une seule fois dans sa vie.

